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Disparités et convergences entre le « grand marché unifié chinois » et le « marché unique européen »

ZHAO YONGSHENG*  ·  2022-05-22  ·   Source: La Chine au présent
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La Chine vient de promulguer l’Opinion sur l’accélération de la construction du grand marché unifié national le 10 avril 2022 qui en définit les critères, objectifs et missions. Le président chinois Xi Jinping avait lui aussi mis l’accent sur l’importance de l’établissement du grand marché unifié national basé sur l’efficacité, la concurrence loyale et la pleine ouverture lors de la 23e session de la Commission centrale pour l’approfondissement de la réforme le 17 décembre 2021.

En fait, le terme « marché unifié » n’a pas été inventé par la Chine car le « marché unique » a été mis en place avec la construction de l’Union européenne (UE). Si l’on compare le « grand marché unifié chinois » et le « marché unique européen », des disparités et des convergences apparaissent malgré les différences de systèmes politique et social entre les États membres de l’UE et la partie continentale de la Chine.

En matière de contexte historique, la Chine est un État continental, comme les pays membres de l’UE, mais leur itinéraire de réunification est différent. Après la réunification de l’Europe, les trois petits-fils de Charlemagne avaient signé le traité de Verdun en 843, divisant l’Empire franc en trois pays – la France, l’Allemagne et l’Italie d’aujourd’hui. Les guerres entre les différents pays européens, notamment entre la France et l’Allemagne (ou les entités qui la composaient précédemment) ont duré plus de mille ans, l’objectif étant toujours de réunifier l’Europe, mais en vain.

Réunifiée d’abord divisée ensuite, l’Europe a été obligée d’adopter de nouvelles modalités pour assurer la paix et le développement économique grâce à l’UE et parvenir à la réunification politique. L’UE a commencé par les trois États membres de BENELUX, puis progressivement s’est élargie avec l’UE15, l’UE20, l’UE28 et enfin l’UE27. Pour le moment on ne peut pas encore prévoir l’avenir de l’UE, mais je suis convaincu que cette nouvelle forme pourra réussir tout en se réformant.

L’itinéraire de la Chine est différent. Après la réunification par le premier empereur des Qin en 221 avant J.-C., la Chine a aussi connu des périodes de scission au cours de son histoire, mais la trame principale de l’histoire chinoise, des dynasties des Qin et des Han, jusqu’à celles des Ming et des Qing pour arriver à la Chine d’aujourd’hui, reste l’unification. J’ai séjourné en Europe pendant plus de 15 ans, et j’ai constaté que la Chine avait un même degré d’hétérogénéité que l’UE, les disparités régionales d’une province à une autre, d’un district à un autre étant plus ou moins prononcées.

Ensuite, les Européens et les Chinois convergent dans les objectifs de la construction de marchés. D’une part, pour les Européens, un marché unique et une monnaie unique font partie de leur rêve de la construction d’une Europe « politiquement et économiquement unifiée » ; pour les Chinois, à vrai dire, un marché unifié fait aussi partie de notre rêve de la construction d’une Chine « économiquement unifiée ». D’autre part si l’on entre dans les études des marchés UE-Chine à proprement parler, on peut voir que les deux marchés ont trois facteurs identiques, soit la main-d’œuvre, le capital et les biens qui nécessitent tous la réduction des coûts transfrontaliers. La meilleure solution sera évidemment le marché unique pour les Européens et le grand marché unifié national pour les Chinois pour réduire fortement les barrières douanières entre les différents États membres de l’UE et les diverses barrières entre les différentes régions, provinces et districts au sein de la Chine.

Quelles difficultés les Européens ont-ils rencontré lors de la construction du marché unique ? On peut en citer deux : le manque d’intégration financière et le degré d’hétérogénéité élevé.

Contrairement à la Chine qui avait réalisé la réunification dès la dynastie des Qin, l’Europe n’a pu l’obtenir qu’en 843. La formation de l’UE est en fait un choix contraint par l’environnement géopolitique et international durant la Guerre froide, l’UE dispose ainsi de l’union ou l’intégration politique, mais pas financière, par exemple dans les domaines du budget et des impôts. Sans l’intégration budgétaire européenne, la crise de la dette souveraine a éclaté en Europe juste un an après l’éruption de la crise des subprimes aux États-Unis. Une explication est que certains États membres comme la Grèce n’avaient pas placé leur budget sous la surveillance de l’UE.

La seconde difficulté concerne le degré d’hétérogénéité élevé entre les différents États membres de l’UE. Contrairement à l’OCDE qui est considérée plutôt comme un club des pays riches, l’UE comprend des pays plus ou moins hétérogènes dans un même bloc. On peut y trouver les pays les plus riches du monde comme les pays nordiques – notamment la Suède, le Danemark et le Luxembourg – et les pays de l’Europe de l’Est comme la Bulgarie et la Roumanie, qui sont beaucoup moins riches. J’ai étudié l’ex-RDA et l’ex-RFA et j’en ai conclu que même ces deux sous-groupes (similaires ethniquement et culturellement parlant) avaient encore du mal à vivre ensemble après une période de séparation. La richesse et l’identité ethnique ne sont pas tout, et avec une hétérogénéité élevée, les États membres de l’UE ont dû surmonter nombre de difficultés afin de progresser vers le même objectif de marché unique.

Pour cela, j’avais avancé une proposition concernant la construction de ce genre de bloc : l’UE est allée trop vite en intégrant trop de pays hétérogènes, il faut donc en ralentir le rythme en créant d’abord des « sous-unions » telles que la « sous-union » de l’Europe nordique, de l’Europe orientale, et de l’Europe méridionale. Une fois que ces « sous-unions » fonctionnent bien, on peut intégrer deux ou trois « sous-unions ». Il en est de même pour le marché unique européen et le grand marché unifié national chinois.

 

* ZHAO YONGSHENG est professeur de finances à l’Académie des études sur l’économie ouverte de Chine et à l’Académie d’innovation et de gouvernance globales, et directeur du Centre de recherche sur l’économie française de l’Université d’économie et de commerce international (UIBE).

 

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