La chancelière allemande Angela Merkel devrait se rendre en Chine du 6 au 7 septembre avec une importante délégation de chefs d’entreprises allemands. D’après les analystes, l’un des principaux objectifs de ce voyage est de s’assurer que les relations commerciales sino-allemandes restent sur la bonne voie.

Dans ce contexte de guerre commerciale initiée par les Etats-Unis à l’encontre de la Chine, ces relations sont importantes pour l’Allemagne, mais la stabilité des relations entre Beijing et Berlin est tout aussi cruciale pour que la Chine et l’Europe − deux économies majeures en Orient et en Occident − puissent gérer les bouleversements mondiaux.

La Chine est le deuxième partenaire commercial le plus important de l’Union européenne (UE) derrière les Etats-Unis, et l’UE est le plus grand partenaire commercial de la Chine. Alors que la guerre commerciale américaine contre la Chine se poursuit et se renforce, l’ordre international risque de faire face à des incertitudes toujours plus fortes.

Avec le ralentissement de son économie, quelle posture l’UE a-t-elle intérêt à adopter ? Etant donné le risque pour l’Europe que l’administration Trump lance également une guerre commerciale à son encontre, la réponse à cette question pourrait résider dans la coopération avec la Chine.

Certains pays européens veulent former un front commun européen et adopter une position dure face à la Chine, afin de faire face à une compétitivité chinoise de plus en plus forte. Cependant, les Européens doivent être conscients que la compétitivité de la Chine ne vise pas à surpasser la position de l’Europe dans le monde, mais plutôt à améliorer l’ordre mondial par le biais de la coopération et d’une concurrence saine.

Le dernier sommet du G7, qui s’est conclu sans communiqué final en France, reflète une division qui semble difficile à surmonter dans le monde occidental. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, qui représentent le « centre traditionnel » de l’Europe occidentale, devraient envisager leurs relations avec la Chine avec un état d’esprit pluriel.

Au mois de juillet avant son élection, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait indiqué au South China Morning Post que son gouvernement continuerait de faire du Royaume-Uni « l’économie la plus ouverte en Europe » pour les investissements chinois.

Dans un contexte de bouleversements mondiaux, l’Europe a besoin d’un système stable et viable pour assurer son développement sur le long terme. Elle n’a pas besoin d’une « concurrence pure, mais d’une coopération entre égaux », a souligné au mois d’août Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères, lors de l’ouverture du Forum commercial de la Conférence des ambassadeurs (2019).

L’amélioration de la compétitivité européenne ne se limite pas uniquement à la concurrence avec la Chine et plutôt que de reprocher aveuglément à cette dernière de « voler le futur de l’Europe », l’UE devrait plutôt considérer l’amélioration de sa coopération au niveau mondial en proposant des options européennes dans les projets de coopération internationale.

En réalité, la Chine apporte aux Européens le futur qu’ils souhaitent. L’initiative des nouvelles Routes de la soie qu’elle propose n’est pas un projet à sens unique, mais relie de façon bidirectionnelle l’Orient et l’Occident.

Les nouvelles Routes de la soie ont créé une plateforme et des opportunités pour renforcer la coopération sino-européenne dans des domaines variés. L’Europe a suffisamment de moyens pour saisir ces opportunités, la question est de savoir si les Européens sont prêts pour cela.

Les relations sino-européennes sont liées pour façonner le monde. La façon dont l’Europe gère ces liens reflète la façon dont celle-ci voit son propre rôle et statut à venir au niveau international.