Lorsque Wang Zhiqiang est revenu en 2014 à Huamao, son village d'origine situé à Zunyi, dans la province du Guizhou (sud de la Chine), après avoir mené ce qu'il a appelé « une vie d'errance », il a pris une initiative qui a changé sa vie : il a décidé de réaménager sa maison vacante, en mauvais état, et d'en transformer une partie en une auberge servant des plats cuisinés à la maison.

« Pendant toutes ces années, j'ai fait de mon mieux pour joindre les deux bouts », s'est-il souvenu en recevant les journalistes à son domicile. Il avait quitté son village dans les années 1980 à la recherche d'un emploi à l'intérieur et à l'extérieur de cette province enclavée et avait fini par travailler dans de nombreuses villes du sud de la Chine.

Pourtant, la décision de transformer son domicile en auberge s'est à la base avérée fortuite. La maison de Wang Zhiqiang, la première auberge familiale du village, faisait de bonnes affaires, du fait que les habitants des villes voisines affluaient pour y déguster de la cuisine fermière et admirer des paysages rustiques.

Lors de sa visite d'inspection à Huamao en juin 2015, le président Xi Jinping s'est rendu chez Wang Zhiqiang et lui a posé des questions détaillées sur sa famille et son activité. La visite de Xi Jinping a rendu l'auberge encore plus populaire, et le village compte maintenant 18 fermes auberges qui accueillent des touristes des villes voisines.

L'expérience de Wang Zhiqiang et de ses concitoyens témoigne de la façon dont l'agritourisme, une forme de tourisme dans laquelle les touristes visitent des fermes ou des ranchs à des fins récréatives ou éducatives, s'est développé dans de nombreuses régions de la Chine ces dernières années.

Selon Peng Longfen, la cheffe du village de Huamao, les fermes-auberges sont un moyen qui permettent aux villageois d'améliorer leurs moyens de subsistance.

Pendant longtemps, Huamao fut connu comme un village extrêmement pauvre, presque inaccessible, avec des chemins de terre et pas assez d'électricité, d'eau potable ou de gaz naturel.

Mais, grâce à une ambitieuse campagne de revitalisation des zones rurales lancée par le gouvernement chinois sous l'impulsion du président Xi, Huamao a amélioré ses infrastructures publiques, notamment ses routes. Et aujourd'hui, le Wi-Fi couvre désormais chaque foyer de ce village de 1 345 ménages, soit 4 950 personnes.

En 2014, Huamao a invité une entreprise agricole moderne de la province du Shandong à aider le village à améliorer ses activités agricoles. La société, Lüdong Jiufeng, a mis en place plusieurs coopératives impliquant la plantation d'arbres fruitiers, de légumes ou de céréales. Elle a également construit des serres et des restaurants écologiques à Huamao.

Les villageois sont devenus actionnaires de l'entreprise en leur louant leurs terres agricoles. Ils travaillent également pour l'entreprise et reçoivent un bonus de fin d'année.

Le loyer, qui s'élevait à l'origine à 10 500 yuans (1 550 dollars) par hectare, augmente de 3% par an. L'accord s'est donc révélé une source de revenus stable pour la plupart des résidents de Huamao. Seules les terres situées sur des pentes ne sont pas prises par Lüdong Jiufeng, a précisé Peng Longfen.

« Les coopératives ont beaucoup changé le village », a-t-elle souligné. « Avant, quelque 2 000 personnes, soit près de la moitié de la population du village, quittaient leurs familles pour travailler ailleurs. Aujourd'hui, non seulement ils n'ont plus besoin de partir, mais en plus ils vivent de la coopérative ou de l'agritourisme ».

En 2018, 1,85 million de personnes ont visité le village, ce qui a rapporté plus de 50 millions de yuans de revenus, a déclaré Peng Longfen. Alors que le revenu disponible des villageois de Huamao était de 6 478 yuans en moyenne en 2012, ce chiffre est passé à 17 456 yuans, a-t-elle ajouté.

La cheffe du village a également dit que « Nous nous engageons à aider les 14 dernières familles, ou 38 personnes, qui mènent toujours une vie difficile, à sortir de la pauvreté. Ces personnes sont toujours pauvres parce qu'elles ont des problèmes physiques ou mentaux ou sont trop vieilles pour travailler ».

Selon elle, les autorités du village accorderont des allocations aux résidents considérés comme pauvres -c'est-à-dire ceux dont le revenu annuel est inférieur à 3 936 yuans- afin de leur permettre de vivre au-dessus du seuil de pauvreté.

La province du Guizhou a annoncé qu'elle sortirait l'ensemble de ses 1,55 million de pauvres de la pauvreté d'ici 2020. Selon son département de lutte contre la pauvreté, cette année, elle s'est engagée à sortir 1,1 million de personnes de la pauvreté.

Le gouvernement chinois a également fixé l'objectif d'éliminer la pauvreté à l'échelle nationale d'ici 2020.

Lors d'un colloque sur les problèmes de lutte contre la pauvreté qui s'est tenu en avril à Chongqing, le président Xi a expressément demandé que tous les efforts nécessaires soient faits pour atteindre l'objectif de la nation d'éliminer la pauvreté, soulignant que la nourriture et les vêtements sont globalement garantis, mais qu'il restait quelques difficultés d'accès à l'éducation, aux soins médicaux et à un logement convenable.

Les populations rurales ne doivent pas être laissées pour compte dans la poursuite d'une société modérément prospère à tous égards, a dit le président lors de la réunion. Il a demandé que les besoins essentiels des populations pauvres soient garantis parallèlement au développement du pays, ajoutant que les mesures de lutte contre la pauvreté devaient atteindre chaque personne.

De même, a souligné Xi Jinping, des mesures de lutte contre la pauvreté, telles que la construction d'industries et l'offre de formation, devront être utilisées pour garantir que les habitants des zones défavorisées aient un emploi.