Le président iranien Hassan Rohani a inauguré le 3 décembre une nouvelle extension à la principale ouverture maritime du pays sur l'océan indien, le port stratégique de Chabahar, situé sur le golfe d'Oman. Sa capacité a plus que triplé et il constitue désormais un défi pour le grand port en construction dans le Pakistan voisin. Ce projet de 340 millions de dollars a été construit par une société affiliée aux Gardiens de la Révolution, Khatam al-Anbia, le plus grand entrepreneur iranien de projets de construction du gouvernement. Il a impliqué plusieurs sous-traitants, dont une société publique indienne, et fait passer la capacité du port à 8,5 millions de tonnes de marchandises par an.

L'extension comprend cinq nouveaux quais, deux d'entre eux pour des conteneurs permettant à des cargos allant jusqu'à 100 000 tonnes de s'y amarrer. Il est également prévu de faire de Chabahar, la plus proche liaison maritime de l'Iran avec l'océan Indien, un rival du port de Gwadar, situé à environ 80 kilomètres au-delà de la frontière du Pakistan, que celui-ci construit avec l'aide d'investissements chinois. M. Rohani a cependant minimisé l'importance de la rivalité dans son discours d'inauguration, soulignant au contraire que le port apportera « plus d'engagement et d'unité » entre les pays de la région.

« Nous devons rechercher une concurrence positive », a-t-il dit. « Nous sommes favorables à d'autres ports dans la région, et nous voyons avec satisfaction le développement de celui de Gwadar ». Le Président iranien a déclaré que l'Iran envisage également de relier le port au réseau ferroviaire du pays pour faciliter le transit des marchandises vers les pays enclavés voisins d'Asie centrale, ainsi que l'ouverture d'une route vers l'Europe de l'Est et du Nord à travers la Russie. Selon la télévision d’État iranienne, l'inauguration a été suivie par des dignitaires indiens, qataris, afghans, pakistanais et d'autres pays.

Pour l'Inde, l'investissement dans le projet de Chabahar est important car le port renforcera une route commerciale vers les pays d'Asie centrale enclavés et qui contournera le Pakistan rival. L'année dernière, l'Inde a engagé jusqu'à 500 millions de dollars pour le développement du port de Chabahar le long des routes et lignes ferroviaires associées. Le mois dernier, New Delhi livré sa première cargaison de blé à l'Afghanistan par le port iranien, une partie de 130 000 tonnes que l'Inde envisage d'exporter vers ce pays. Chabahar possède également un aéroport international, et la Marine et l'armée de l'air iraniennes ont des bases dans cette ville, renforçant d'autant la valeur du port.