La Chine lance une nouvelle série de mesures pour soutenir le développement des entreprises privées

Un ouvrier d'une compagnie privée d'impression 3D à Wen'an, dans le Hebei.

Li Peixue, PDG du groupe 3D Focus, est satisfait du développement de ses activités de services d’impression 3D en 2018. Fondé en octobre 2013 à Qingdao, dans le Shandong (est), son groupe rassemble sur sa plateforme près de 2 000 entreprises d’impression 3D. À lui seul, 3D Focus dessert plus de 95 % des clients dans l’industrie de l’impression 3D.

Un tel exploit n’est pas facile à obtenir pour une entreprise privée. M. Li a admis que 2017 a été une année difficile. « Nous n’avions même pas d’argent pour payer nos employés pendant cinq mois », dit-il. « Heureusement, nous avons reçu un soutien financier de la part de gouvernement local. Maintenant, les politiques du pays pour soutenir les entreprises privées sont plus détaillées, et des banques nous ont contactés en ce qui concerne le financement », a-t-il ajouté.

En fait, le secteur privé apporte une contribution indispensable au développement de l’économie chinoise. À preuve, selon les données officielles, celle-ci représente plus de 50 % des impôts, plus de 60 % du PIB, plus 70 % de l’innovation technologique, plus de 80 % des emplois et plus de 90 % du nombre des entreprises.

C’est dans ce contexte que la Conférence centrale sur le travail économique en 2019 s’est tenue du 19 au 21 décembre 2018. Cette dernière a décidé, entre autres, de « soutenir le développement des entreprises privées, de créer un environnement institutionnel légalisé et de protéger la sécurité des personnes et des biens des entrepreneurs privés. »

Selon la Commission nationale du développement et de la réforme, à la fin de 2017, la Chine comptait plus de 27 millions d’entreprises privées, plus de 65 millions de commerces individuels, dont le capital enregistré a dépassé 165 000 milliards de yuans (24 384 milliards de dollars). Cependant, l’économie privée doit faire face à nombre de difficultés.

Créer des ponts

Le financement demeure le principal problème qui afflige les entreprises privées. Lors d’un symposium sur la finance, en septembre 2018, Yi Gang, gouverneur de la Banque populaire de Chine – la banque centrale chinoise – a souligné qu’il fallait « créer des ponts » entre les banques et les entreprises privées pour établir une communication efficace à long terme.

En fait, dès début 2018, la Commission chinoise de réglementation des banques et des assurances a pris une série de mesures pour atténuer les difficultés de financement des entreprises privées, y compris en matière de politique monétaire et d’inclusion financière, a déclaré le 30 octobre 2018 lors d’une conférence de presse Wang Zhaoxing, vice-président de la Commission.

« Le taux de croissance des prêts aux petites et micro entreprises ne peut être inférieur au rythme moyen du secteur et le nombre de bénéficiaires ne doit pas être inférieur à celui de la même période de l’année précédente. En même temps, la Commission encourage les banques à fournir un soutien financier à certaines entreprises privées exceptionnelles pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle de premier plan », a précisé M. Wang. Parmi ces recommandations, la Commission vise à aider les entreprises privées à mieux gérer les risques.

Les banques n’ont pas tardé à emboiter le pas. « Les petites et micro entreprises sont toutes des entreprises privées. La différence est que les petites et micro entreprises sont plus vulnérables », a souligné Tian Guoli, président de la China Construction Bank (CCB). Cette banque se tourne maintenant vers les nouvelles technologies – l’intelligence artificielle, les mégadonnées, etc. – pour résoudre certains des problèmes qui affligent les petites et micro entreprises.

En fait, dans le passé, peu d’informations étaient disponibles au sujet de ces entreprises, il était donc difficile d’évaluer les risques liés aux prêts. La CCB a donc conçu en 2018 une application spécialement pour les petites et micro entreprises. Plus besoin d’aller à la banque : l’application est en mesure de vérifier les demandes et de calculer les prêts potentiels. En un mois seulement, le nombre d’utilisateurs a dépassé le million.

Yi Huiman, président de la Banque industrielle et commerciale de Chine, a de son côté annoncé que sa banque avait signé des contrats avec 100 grandes entreprises privées, dans les domaines de la fabrication, de l’alimentation, de la télécommunication et du textile etc. « En ce moment critique, nous souhaitons garantir la confiance et le développement des entreprises privées pour les aider à surmonter les difficultés », dit M. Yi.

Synergie des efforts

La réduction des impôts des entreprises privées constitue un autre appui essentiel. En novembre 2018, l’Administration nationale des affaires fiscales a organisé un symposium sur cet enjeu. « Il est nécessaire d’étudier dès que possible la proposition d’une politique plus large de réduction des impôts. Les entreprises privées sont une source importante d’imposition de l’État et il est indispensable que les autorités fiscales déploient des politiques de réduction de l’impôt visant à soutenir le développement des entreprises privées », a déclaré Wang Jun, président de l’Administration.

Selon lui, en 2018, les réductions des impôts ont beaucoup augmenté. Le 1er mai, la mise en œuvre d’une série de mesures, notamment la réduction de la TVA, a considérablement changé le taux de croissance de l’imposition. Au cours des quatre premiers mois de 2018, les recettes fiscales ont augmenté de 16,8 %. Ce chiffre est tombé à 6,4 % entre mai et octobre.

« Les politiques préférentielles promulguées par l’État doivent être mises en œuvre par les autorités fiscales locales. En même temps, il faut expliquer clairement les procédures de réduction afin que les contribuables les comprennent mieux », a dit Wang Shuai, directeur administratif et financier de l’entreprise Haoxiangni, un fabricant du secteur alimentaire.

Créer un bon environnement légal est également indispensable. Le 2 janvier 2019, la cour de l’arrondissement Yuhua de la ville de Shijiazhuang de la province du Hebei (nord) a réuni une trentaine d’entrepreneurs privés pour discuter des mesures qui renforcent la prise de conscience des risques tout en les prévenant. « En termes de construction de l’État de droit, la promesse de ʻprotéger la sécurité des personnes et des biens des entrepreneurs privésʼ a permis à la majorité des entrepreneurs de se sentir rassurés pour le long terme », écrit Yao Kai, professeur à l’Université Fudan.

De plus, la Chine est désormais l’une des 50 économies au monde où il est le plus facile de faire des affaires, du fait d’un nombre record de réformes effectuées, a indiqué la Banque mondiale dans son rapport annuel publié fin 2018. La Chine est passée de la 78e à la 46e place à l’échelle mondiale, le pays ayant mis en place le plus grand nombre de réformes en Asie de l’Est et dans la région Pacifique.

« La Chine a réalisé des progrès rapides dans l’amélioration de son environnement des affaires pour les petites et moyennes entreprises chinoises au cours de l’année précédente. Ces progrès signalent la valeur que le gouvernement place dans le développement de l’entrepreneuriat et de l’entreprise privée », a indiqué à la presse Bert Hofman, directeur national de la Banque mondiale pour la Chine.