Un petit village à l’origine de la réforme et l’ouverture reste fidèle à sa mission 40 ans plus tard

Yan Yushan a quitté sa famille après le collège avec seulement quelques livres et le rêve de réussir dans la grande ville. C’était en 1992, lorsque les centres urbains chinois ont été radicalement transformés par la politique de réforme et d’ouverture. C’est dans la province du Guangdong que cela a été le plus marquant, des petites villes et des villages de pêcheurs devenant du jour au lendemain des métropoles recouvertes d’autoroutes et de gratte-ciel.

C’est là que M. Yan allait s’épanouir et faire profiter Xiaogang de son succès.

Réussites dans la ville

M. Yan est né en 1973 dans une famille d’agriculteurs de Xiaogang, un petit village dans la province orientale de l’Anhui. L’aîné de cinq frères et sœurs, M. Yan voyait peu de perspectives pour sa famille dans la façon dont l’agriculture se pratiquait dans le village, et décida de découvrir le monde extérieur.

Arrivé à Dongguan, dans la province méridionale du Guangdong, il fut immédiatement impressionné par les routes. Il trouva un emploi d’agent de sécurité dans une entreprise hongkongaise de pièces électroniques. A l’instar de la ville elle-même, l’entreprise s’était développée rapidement, déménageant vers de nouveaux immeubles de bureaux et ateliers, son effectif augmentant régulièrement.

« Je suis venu pour apprendre, avec l’ambition d’être un patron et de retourner dans ma ville natale, se souvient-il. Je devais donc observer attentivement et développer une capacité de résolution des problèmes que les autres ne pouvaient pas résoudre. »

Il y avait beaucoup de problèmes mis à part ceux liés à la sécurité, et M. Yan observait attentivement chaque procédure de production et chaque coin de l’usine. Il a pu montrer de quoi il était capable lorsque l’usine a connu des retards sur la réalisation d’une commande de transformateurs de commutation, et risquait de ne pouvoir honorer ses échéances de prêts.

L’usine utilisait à l’époque des méthodes de production conventionnelles : de longues procédures et une main-d’œuvre importante pour des rendements dérisoires. M. Yan a remarqué que les machines importées pour la production soi-disant automatisée n’étaient pas utilisées, et il a décidé que cela pourrait être la solution à la crise de l’entreprise.

Agé d’à peine 20 ans, M. Yan avait peu de formation, mais beaucoup de temps après le travail. Après avoir finalement mis les équipements en marche, il demanda à son patron de le mettre en charge de la ligne de production. Ayant peu à perdre, son patron accepta.

M. Yan tint ses promesses. En tant que nouveau directeur d’atelier, il installa des équipements, simplifia les procédures, réorganisa les ouvriers et réussit à produire 2 mille transformateurs de commutation le premier jour de sa promotion.

Cette percée, avec son attitude proactive, fit de M. Yan une étoile montante. Au cours des sept années qu’il passa au sein de l’entreprise, il aura pu voir le nombre de ses employés centupler, son propre salaire faisant un bond similaire. Ce jeune homme d’un village reculé était sur le point de devenir un riche homme d’affaires aux avant-postes de l’essor économique de la Chine.

En 1998, à l’occasion du 20e anniversaire de la réforme et de l’ouverture, M. Yan a vu son père à la télévision prononcer un discours d’inauguration en tant que directeur du comité du village de Xiaogang. A ce moment-là, M. Yan s’est rappelé pourquoi il avait quitté son domicile : trouver une voie pour sa famille et son village vers une vie meilleure, tout comme son père qui avait risqué sa vie.