Mercredi, au cours du Forum économique mondial (FEM) qui se tient dans la ville suisse de Davos, Liu He, un haut responsable chinois, a exposé le programme économique de haut niveau de la Chine pour les prochaines années.

"En résumé, ces politiques seront centrées sur une nécessité fondamentale, une tâche principale, et trois batailles essentielles", a déclaré M. Liu He, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, et directeur de la Direction générale du Groupe dirigeant central pour les affaires financières et économiques.

M. Liu a également promis que la Chine poursuivrait son ouverture au monde dans tous les domaines.

UNE NECESSITE FONDAMENTALE

Au cours de son discours au FEM, M. Liu a souligné qu'il était nécessaire pour l'économie chinoise de passer d'une phase de croissance rapide à une phase de développement qualitatif.

La nécessité de cette transition définit le contexte qui permet de comprendre la manière dont la Chine formulera ses politiques de réforme macro-économiques, structurelles et sociales dans les années à venir, a-t-il expliqué.

"Le revenu annuel par habitant est en train de passer de 8.000 et quelques dollars américains à 10.000 dollars ou plus. A ce stade de son développement, la Chine a besoin de mettre davantage l'accent sur les améliorations structurelles plutôt que sur une expansion quantitative", a ajouté M. Liu.

A mesure que la Chine s'ouvre de plus en plus au monde extérieur, cette transition vers un nouveau modèle de développement tendra à engendrer de nombreuses opportunités pour beaucoup de nouvelles industries.

"Cela signifie de nouvelles opportunités commerciales non seulement en Chine, mais aussi dans le monde entier", a affirmé M. Liu.

Il a également énuméré plusieurs progrès tangibles déjà réalisés dans ce domaine. Ainsi, la demande domestique chinoise n'a cessé d'augmenter, et la consommation contribue déjà à 58,8% de la croissance économique, soit presque quatre points de pourcentage de plus qu'il y a cinq ans. La valeur totale du secteur des services représente quant à elle environ 60% du PIB, soit cinq points de pourcentage de plus qu'il y a cinq ans.

UNE TACHE PRINCIPALE

La principale contradiction du développement économique chinois, a indiqué M. Liu, est la disparité structurelle engendrée par le fait que l'offre ne parvient pas à évoluer aussi vite que la demande.

Cet aspect de la politique économique chinoise doit de toute urgence recevoir une solution, a-t-il déclaré.

La principale priorité du moment est donc de réduire l'excès de production là où c'est nécessaire, de faire baisser les réserves dans le domaine immobilier, d'abaisser le ratio de levier, de faire baisser les coûts dans tous les domaines, et de renforcer les maillons faibles de l'économie, depuis les services publics jusqu'aux infrastructures et aux institutions.

"Avec ces mesures, nous espérons rendre l'offre plus souple et plus innovante. Des progrès ont déjà été accomplis dans ce domaine", a précisé M. Liu.

Depuis 2016, la Chine a ainsi réduit sa capacité de production d'acier de 115 millions de tonnes, et sa production d'acier de qualité inférieure de 140 millions de tonnes. Elle a également abaissé de 500 millions de tonnes sa production de charbon.

Même si ces mesures d'ajustement du marché ont entraîné une hausse des prix dans certains secteurs, la croissance de la productivité totale des facteurs a cessé de décliner, et a commencé à remonter en 2016, a déclaré M. Liu.

TROIS BATAILLES ESSENTIELLES

Selon M. Liu, la Chine devra livrer trois batailles essentielles dans les années à venir : la prévention des risques, la réduction de la pauvreté, et le contrôle de la pollution.

En premier lieu, même si le système financier chinois est globalement sain et présente un fort taux d'épargne, la Chine doit continuer à travailler à prévenir et à surmonter les grands risques financiers, a-t-il expliqué.

"Le système bancaire parallèle et la dette cachée sont de graves problèmes pour les gouvernements locaux, et nous devons les résoudre", a-t-il précisé.

En second lieu, la Chine doit déployer des efforts plus intelligents et plus ciblés pour sortir davantage de gens de la pauvreté.

"Nous avons pour objectif d'éliminer complètement les situations de pauvreté absolue dans les trois ans à venir", a déclaré M. Liu.

Rien qu'en 2018, la Chine sortira 10 millions d'habitants de la pauvreté absolue, dont 2,8 millions seront relocalisés depuis des zones souffrant de conditions de vie particulièrement dures.

Enfin, la troisième bataille consistera à lutter de manière continue contre la pollution. "En rupture avec le modèle traditionnel de croissance, le peuple chinois aspire à un développement écologique à faibles émissions de carbone", a souligné M. Liu.

La Chine respectera par ailleurs ses engagements en matière de lutte contre le changement climatique, en honorant notamment l'Accord de Paris, a-t-il ajouté.

REFORME ET OUVERTURE

Cette année marque le 40e anniversaire de la politique de réforme et d'ouverture, qui est la principale cause de la robuste croissance de la Chine au cours des quatre dernières décennies.

La Chine doit cependant accélérer sa réforme et son ouverture, a déclaré M. Liu.

Elle compte notamment s'intégrer davantage aux règles du commerce international, et faciliter l'accès à son marché. La Chine ouvrira aussi de manière substantielle son secteur des services, et notamment son secteur financier, et travaillera à créer un environnement plus attractif pour les investissements.

L'immense marché domestique chinois, avec une population à revenus intermédiaires en pleine expansion - environ 400 millions de personnes à l'heure actuelle - est d'ores et déjà le plus grand marché du monde, et contribuera de manière significative au développement global, a ajouté M. Liu.

Le discours de M. Liu faisait partie des quelque 400 forums, discussions et rencontres organisés pendant le FEM 2018, qui durera du 23 au 26 janvier.

Le forum, placé sous le thème "Construire un avenir commun dans un monde fracturé", réunira cette année un nombre record de chefs d'Etat et de gouvernement, d'organisations internationales, de dirigeants d'affaires et de représentants de la société civile et du monde universitaire.