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Le pinceau et la plume |
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WANG RUYING, membre de la rédaction · 2025-04-01 · Source: La Chine au présent | |
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Karin Betz
Tout a commencé par des cours de chinois à l’Université Goethe de Francfort, qui ont servi de tremplin à la carrière de Karin Betz. « Je voulais m’adonner à la traduction de la littérature chinoise pour la faire découvrir auprès d’un plus large public allemand », déclare-t-elle.
Des liens précoces avec la Chine
À la fin des années 1970, la langue chinoise a fait l’objet d’un grand engouement en Occident. Beaucoup ont commencé à apprendre cette langue et à se familiariser avec la Chine. Mme Betz en faisait partie. « Dans les années 1980, il y avait un vif intérêt pour la littérature chinoise en Allemagne. Je m’intéressais également aux caractères chinois et à la culture chinoise », se souvient-elle. En 1987, la jeune femme s’est lancée dans des études de chinois et de sinologie à l’Université Goethe de Francfort, son baccalauréat en poche.
« À l’université, nous apprenions les œuvres classiques telles que le Daodejing. Pour comprendre le texte, je devais me plonger dans la culture chinoise », explique-t-elle. Afin de mieux connaître la Chine, Mme Betz a fait un échange universitaire à Chengdu. Dans la Terre de l’Abondance, elle a commencé à apprendre le chinois moderne et découvert la culture chinoise. Cette expérience lui a fait découvrir la calligraphie, un passe-temps qu’elle cultive encore aujourd’hui. « À l’époque, j’ai fait la connaissance de mon professeur de calligraphie, de qui j’ai beaucoup appris.»
Sa passion pour la langue chinoise et ses connaissances approfondies de la littérature classique ont été essentielles pour la traduction. Étudiante, elle a déjà participé à la traduction de divers ouvrages, notamment Les Entretiens de Confucius, Le Livre des Odes et des poèmes modernes chinois. « À l’époque, la traduction n’était pour moi qu’un passe-temps. Jamais je n’aurais pensé devenir traductrice professionnelle », dit-elle. Après avoir terminé son doctorat, elle a été assistante de recherche à l’Université Goethe de Francfort, puis à l’Université de Göttingen tout en traduisant des ouvrages chinois. En raison de la précarité des postes universitaires, elle a finalement décidé de se lancer et de travailler à son compte à plein temps.
Du wuxia à la science-fiction
Mme Betz a traduit de nombreuses œuvres chinoises en allemand, parmi lesquelles des titres bien connus comme La légende du héros chasseur d’aigles de Jin Yong et Le Supplice du santal de Mo Yan. Ces romans typiquement chinois sont difficiles à traduire. L’objectif de Mme Betz est de faire découvrir la culture et la philosophie chinoises au public germanophone de manière vivante et de lui donner envie de lire de manière divertissante. La sinologue accorde le plus grand respect au texte original. Chaque mot a du poids à ses yeux. « Je souhaite que mes traductions reproduisent la langue, le style, l’esthétique et le contenu du texte original, mais aussi soient agréables à lire. »
Et de détailler quelques techniques de traduction. « Tout traducteur doit connaître le contexte culturel et historique de l’œuvre avant de s’y mettre. Pour des textes complexes en chinois classique par exemple, il est conseillé de s’écarter de la structure de la phrase originale pour rendre l’expression plus vivante tout en restant fidèle au contenu. Pour les termes moins connus, je mets souvent un glossaire en annexe. »
Selon Mme Betz, malgré les différences culturelles, les émotions humaines sont communes. Les bonnes traductions peuvent faire comprendre la littérature chinoise pour qu’elle trouve un écho auprès des lecteurs occidentaux. Elle cite l’exemple des romans de wuxia (romans de cape et d’épée) de Jin Yong. « Les lecteurs allemands connaissent peut-être peu l’histoire et la philosophie de la Chine, mais les personnages et les histoires des romans de Jin Yong ainsi que son humour leur sont facilement accessibles. L’écrivain propose au public germanophone des romans divertissants et riches en connaissances culturelles. »
Les romans de science-fiction de Liu Cixin ont récemment connu un franc succès dans de nombreux pays occidentaux, en particulier la trilogie Le Problème à trois corps, qui a remporté de nombreux prix, en Chine comme à l’étranger. Mme Betz a traduit en allemand ses deuxième et troisième volumes (La Forêt sombre et La Mort immortelle). « Ce roman comporte de nombreux termes de la physique. Pour le traduire, j’ai acheté un livre sur l’astronomie et La Théorie de la relativité restreinte et générale d’Albert Einstein. J’ai également établi un glossaire. Pour que la traduction soit correcte, j’ai demandé à un ami physicien de relire de nombreux passages de la traduction. »
Mme Betz estime que la difficulté de la traduction des œuvres de Liu Cixin ne réside pas seulement dans des concepts scientifiques et des termes de la physique, car les connaissances en culture générale et philosophie constituent également un défi colossal pour le traducteur. « Les romans de Liu Cixin abordent de nombreuses légendes chinoises, mais aussi la littérature mondiale. Par exemple, on y trouve des citations de Goethe et d’Edgar Allan Poe. Un traducteur doit les repérer. » Elle se dit heureuse de constater que les romans de Liu Cixin lui permettent d’élargir ses horizons et de découvrir les charmes de la physique. « J’ai beaucoup appris de la traduction et je vois l’univers d’un point de vue complètement différent. L’astrophysique est une discipline incroyablement passionnante ! »
Faire connaître la littérature chinoise
Le succès de Liu Cixin en Allemagne est comme une reconnaissance de la qualité de ses traductions. C’est aussi une opportunité pour d’autres œuvres littéraires chinoises. « De plus en plus de maisons d’édition allemandes se rendent compte que des œuvres chinoises peuvent être des best-sellers. Même s’ils ne connaissent pas bien la Chine, un grand nombre d’Allemands s’intéressent à la culture chinoise. Je participe donc souvent à des activités pour présenter la culture et la littérature chinoises au grand public. »
À travers sa plume, Mme Betz fait découvrir la culture chinoise au public allemand et favorise les échanges culturels entre les deux pays. Son travail de longue haleine a été récompensé. L’année dernière, elle a reçu le Prix spécial du livre de Chine. « Pour moi, réfléchir à la façon de traduire chaque terme et aux possibilités d’expression constitue la meilleure façon de reconnaître et de combler les différences culturelles », s’enthousiasme la sinologue.
Récemment, deux livres – Ma ville de Xi Xi et L’Âge d’or de Wang Xiaobo – qu’elle a traduits ont été publiés. Cette année, d’autres traductions telles que Le Dernier quartier de lune de Chi Zijian et un recueil d’essais de Liu Cixin seront au rendez-vous. « Je travaille actuellement sur le livre Contes du Sahara de Sanmao. J’espère traduire plus de livres pour rendre la littérature chinoise plus familière auprès du public germanophone, car c’est une passerelle culturelle importante. »
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