Exposition créative sur la faune et la flore au Musée de l’Université du Sichuan.

Les produits culturels et créatifs proposés par les musées chinois sont en plein essor et Chengdu fait office de précurseur. Qu’il s’agisse de la boîte mystère en forme du Rhinocéros de pierre du Musée de Chengdu, de l’ouvre-bouteille en forme de l’Homme de bronze du Musée du site de Jinsha, du pendentif en forme de l’éventail en plumes de Zhuge Liang du Musée du temple de Wuhou ou des magnets avec un poème de Du Fu du Musée de la chaumière de Du Fu, toutes ces créations sont populaires auprès des habitants et des touristes. En faisant revivre le patrimoine culturel et en le vulgarisant, les créations inspirées par les musées de Chengdu sortent de leur cercle pour s’ouvrir au monde.

Quand les universités s’en mêlent

En mars 2024, un concours organisé par le Musée de l’Université du Sichuan, la Société des musées provinciaux du Sichuan et la succursale de China Post dans le Sichuan a sollicité des créations d’universités et d’entreprises de Chine et de l’étranger. Ces créations devaient combiner des pièces des collections du Musée de l’Université du Sichuan, les coutumes et les traditions folkloriques du Sud-Ouest de la Chine, ainsi que des éléments culturels du Sichuan pour les intégrer aux technologies et aux modes culturelles en vogue. L’objectif était de concevoir et de produire des objets, des images dotées de droits de propriété intellectuelle (DPI) et des produits culturels et créatifs numériques intégrés dans le quotidien des gens ordinaires.

Les enseignants et les étudiants de l’Université des médias et de la communication du Sichuan (SUMC), qui venait de signer un accord avec le Musée de l’Université du Sichuan pour des stages, ont constitué une dizaine d’équipes pour participer au concours, explique Yang Xiaozhou, professeur à SUMC. Il souligne que le plus grand défi était de savoir comment intégrer de manière organique la technologie numérique aux pièces du patrimoine historique. Une équipe de SUMC a choisi les mots-clés « nature », « archéologie » et « folklore » pour orienter le travail de conception. L’image DPI finale était composée de trois personnages, à savoir Chuanchuan’er, Dada’er et Bobo’er, des homonymes de l’abréviation du Musée de l’Université du Sichuan (Chuandabo). En termes de conception et d’image DPI, cette conception symbolise le positionnement et les collections de ce musée, tout en reflétant les préférences esthétiques de la génération Z.

Une autre conception culturelle et créative réalisée par l’équipe d’étudiants de SUMC, intitulée « Les animaux sauvages de Chuandabo en 3D », a concrétisé l’idée de faire entrer le patrimoine et des créations dans la vie du grand public. Ils ont conçu de petits sceaux d’animaux sauvages aux formes diverses et variées en s’inspirant des représentations d’animaux sauvages du musée. Ils ont également créé une vidéo courte 3D des animaux sauvages qui ornent le toit des édifices traditionnels en donnant à « La Fée chevauchant un Phénix » le rôle principal. Sa projection sur grand écran à l’entrée nord de la rue Chunxi a connu un grand succès. La conception tirée du Monopoly « Splendide Chengdu » réalisée par Tan Xin, directeur du département de design de l’École d’art de l’Université Minzu du Sud-Ouest, s’appuie d’ailleurs sur ces animaux sauvages. Afin de donner vie aux collections du musée, Tan Xin et trois étudiants en master ont travaillé sur les jeux de société dans leur conception. À travers cette forme de loisir et d’interaction sociale, l’équipe vise à connecter le patrimoine culturel au présent tout en enrichissant l’expérience des participants.

Parmi les nombreuses entrées au concours, la collection de grilles de fenêtre des maisons traditionnelles de l’ouest du Sichuan au Musée de l’Université du Sichuan est également très appréciée. On trouve par exemple une création qui combine des éléments de grille de fenêtre en fleur de prunier et un service à thé portatif, et une autre qui forme une veilleuse avec six motifs de grille. Elles incorporent des éléments historiques et culturels avec des créations culturelles tendance, rompant avec le stéréotype qui veut que les musées soient des lieux ennuyeux et permettant à la culture de toucher un public de jeunes.

Li Bai et Du Fu, deux poètes chinois classiques célébrés dans le Sichuan, inspirent des produits créatifs comme les gâteaux et le vin de prune.

Création et interaction au rendez-vous

Yingying, blogueuse de voyage à Chengdu, recommande d’emmener les enfants dans un endroit « très riche » de Chengdu, le Musée de la finance et des jiaozi (un type de billet de banque utilisé au Sichuan).

Des expériences interactives leur permettent d’acquérir rapidement des connaissances financières complexes. Parmi les nombreux projets d’expérience interactive, l’un d’eux consiste à fabriquer son propre jiaozi. Sur un écran interactif spécialement conçu, on clique pour choisir les motifs décoratifs, la valeur faciale, les inscriptions, les illustrations narratives et les sceaux, puis on saisit son nom pour générer un jiaozi personnalisé. On peut aussi scanner le code QR et l’enregistrer sur le téléphone portable. Il s’agit d’un point fort de l’exposition commémorant le millénaire de la naissance du papier-monnaie du Musée de la finance et des jiaozi. Pour la petite histoire, le 12 janvier 1024, le gouvernement des Song du Nord établit le Bureau des jiaozi de Yizhou à Chengdu et présida à l’émission du premier papier-monnaie au monde. À travers une dizaine de projets d’expérience interactive, cette exposition permet au public de s’immerger dans la culture monétaire et financière chinoise.

L’exposition retraçant la naissance du jiaozi utilise également l’imagerie holographique, les jeux interactifs et des reconstitutions originales pour vulgariser des connaissances financières relativement abstraites pour que les visiteurs pénètrent dans le monde de cet instrument de paiement. Le musée a également organisé un concours mondial sur le thème du jiaozi en 2024, en sollicitant des modèles, des images DPI et des peintures. Il s’agit d’en faire une carte de visite de la culture financière de Chengdu, qui met en exergue son rôle historique et ses caractéristiques régionales. C’est un exemple de revitalisation culturelle. Les visiteurs sont au rendez-vous et le jiaozi, qui bénéficie d’un regain de popularité, a retrouvé son dynamisme d’antan.

Peluches sur le thème du panda géant à Chengdu (PHOTOS : HAN JIE)

Rapporter Chengdu à la maison

Si vous allez dans les ruelles de Kuanzhai, vous constaterez que ce lieu pittoresque de Chengdu abonde en nouveautés. Dans l’étroite ruelle de la rue Changshun, vous trouverez un élégant petit bâtiment. En entrant, vous verrez une grande variété de pâtisseries fait main, de produits culturels et créatifs et de produits du patrimoine culturel immatériel, comme des « biscuits souriants au sésame » de la dynastie des Han, des épinglettes adorables reproduisant des objets en bronze comme la « Lance de Chengdu » et des ornements en brocart du Sichuan qui reproduisent le brassard en brocart de la dynastie des Han avec le motif « Cinq étoiles s’élevant de l’Est portent chance à la Chine »... Ces produits culturels et créatifs sont le résultat de la rencontre entre le patrimoine culturel, la culture traditionnelle et des éléments modernes.

Depuis les années 1950, les archéologues avaient exhumé dans des tombes des figurines en terre cuite de la dynastie des Han de l’Est aux formes très spéciales. Bien que présentant des différences subtiles en apparence, elles étaient très similaires en taille et en forme, notamment avec leur sourire contagieux. Parmi elles, la « Figurine qui chante et bat du tambour », exhumée sur le mont Tianhui, fait désormais partie de la collection du Musée national de Chine. Il s’agit d’une pièce de première importance connue sous le nom de « Figurine n°1 de la dynastie des Han ». Les autres figurines sont réparties dans les musées de Chengdu. Elles ont servi d’inspiration aux « biscuits souriants au sésame », avec leurs commissures des lèvres relevées. De nombreux clients ne peuvent s’empêcher eux aussi d’esquisser un sourire en voyant ces biscuits. Sur l’emballage, on trouve des illustrations de ces figurines de l’illustrateur Shao Xiaoming. Ces figurines sont accoutrées comme des rappeurs modernes. Les attributs du rappeur et les traits reflétant l’optimisme et l’ouverture d’esprit du Sichuan voyagent ainsi à travers le temps et l’espace de manière ludique pour la plus grande joie des touristes.

Chengdu a aussi mis en avant de nombreuses idées créatives provenant du patrimoine culturel et qui ont été transformées en souvenirs. Par exemple, le brocart du Sichuan, réputé depuis la dynastie des Han, a fourni de nombreux éléments créatifs. Il existe de nombreux motifs de bon augure et le motif « Cinq étoiles s’élevant de l’Est portent chance à la Chine » sur le protège-bras est probablement le plus connu. La pièce originale est conservée au Musée de la région autonome ouïgoure du Xinjiang et, dans la boutique de souvenirs de produits culturels et créatifs de Chengdu, les touristes peuvent en acheter une réplique.

Chengdu dispose de ressources touristiques riches et d’un caractère inclusif qui offrent des avantages inhérents au développement des produits culturels et créatifs. L’afflux constant de touristes à Chengdu permet de donner aux produits culturels et créatifs locaux une forte visibilité.

*LI CUIHUA est journaliste à Chengdu Culture.