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La culture institutionnelle de Taosi

WANG ZHE*  ·  2024-09-03  ·   Source: La Chine au présent
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Une maquette des palais de Taosi (PHOTO : XU HAO)

« Au cours des cinq mille ans de civilisation chinoise, la transmission et le développement des gènes de la culture institutionnelle ont été d’une importance vitale. En tant que capitale de Yao, Taosi peut être considérée comme à l’avant-garde de la transmission et de l’innovation de la culture institutionnelle », déclare He Nu, chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine. « La contribution de la culture de Taosi à la lignée principale de la civilisation chinoise en termes de construction institutionnelle est considérable et d’une grande portée. »

Depuis plus de 40 ans, les chercheurs mènent des recherches approfondies sur le site de la capitale, la zone palatiale, les ruines de l’observatoire, la zone sacrificielle, la zone des ateliers d’artisanat, découverts sur le site de Taosi. Ces recherches reflètent le système unique en termes de capitale, de palais, et de système rituel et musical. De nombreux chercheurs, dont He Nu, pensent que la culture institutionnelle de Taosi a jeté les bases de la construction institutionnelle des dynasties chinoises successives et a transmis un gène constant de la culture institutionnelle.

La formation du concept de « centre géographique »

Une tige de laque avec des échelles peintes a été découverte dans une sépulture de Taosi. Les experts pensent qu’il s’agit du guichi, similaire au gnomon, le premier instrument de mesure astronomique au monde. Lorsque le soleil est à son zénith, l’ombre de la tige qu’il projette sur l’échelle au sol est la plus courte au solstice d’été et la plus longue au solstice d’hiver. Grâce à ce gnomon, le « centre géographique », puis les quatre pôles directionnels ont été déterminés pour former les « quatre tableaux ». Les cinq directions (est, ouest, sud, nord et centre) sont ainsi devenues les bases fondamentales qui ont permis aux générations suivantes de définir le territoire de la Chine.

Dans le système du guichi à cette époque, la tige mesurait environ 25 cm et la longueur de l’ombre à Taosi au solstice d’été était de 39,9 cm, ce qui correspond à la longueur de l’ombre au « centre géographique » enregistrée dans les classiques. La mesure précise du temps et de l’espace au service du pouvoir du souverain et de la politique sociale est devenue un élément important de la culture institutionnelle de Taosi. « La civilisation politique spatio-temporelle de l’État de Taosi marque le début de la mesure du temps et de l’espace dans la culture politique et institutionnelle de la civilisation chinoise. Elle a été transmise et raffinée par les dynasties ultérieures », précise He Nu.

Il note qu’il y a 4 300 ans, les souverains de Taosi avaient déjà élaboré le concept de centre géographique et céleste, et le système rituel chinois de vénération du Ciel et de la Terre a officiellement fait son apparition. L’ancien observatoire de Taosi est l’équivalent du Temple du Ciel à Beijing, situé dans l’angle sud-est de la capitale ; l’Autel de la Terre correspondant de Taosi est situé au nord-ouest de la ville. Le souverain réside au centre, offrant des sacrifices au Ciel au Temple du Ciel et vénérant la Terre à l’Autel de la Terre. Presque toutes les capitales après Taosi ont été construites selon cette règle, avec Chang’an sous les dynasties Sui et Tang, Kaifeng sous la dynastie des Song du Nord, et Beijing sous les dynasties Ming et Qing. Le fait que « le souverain représente la centralité » est resté une donnée constante, avec un « axe central » qui traverse toute la capitale.

He Nu estime que le concept de « pays du Milieu » a été transmis et étayé par les dynasties Xia, Shang et Zhou, pour qu’advienne « l’unification des nombreuses ethnies » au cours de ces trois périodes dynastiques.

L’élaboration du système de capitale

Selon He Nu, pour déterminer ce qu’est une capitale en matière d’archéologie, les éléments conceptuels centraux sont les murs d’enceinte, les zones palatiales (cité-palais), les grands bâtiments religieux et rituels (observatoire, Autel de la Terre), les zones de tombeaux de souverain, et les zones d’ateliers d’artisanat gérées par les fonctionnaires. Une capitale doit également abriter de grandes zones de stockage (le Trésor) contrôlées par le gouvernement, ainsi que des zones résidentielles ordinaires. Ces éléments sont présents sans exception dans les ruines de Taosi.

Dai Xiangming, professeur à l’Université normale de la Capitale et ancien directeur de l’Institut d’archéologie du Musée national, souligne que le choix du site, l’orientation, la cosmologie, la vision du monde, et la configuration temporelle et spatiale du site de Taosi reflètent le prototype archaïque d’une capitale. Les rites, les traditions culturelles, les croyances et les idées ont été transmis et développés par les générations ultérieures.

Contrairement aux modèles d’État théocratiques des cultures de Hongshan et de Liangzhu, la culture de Taosi était dominée par le pouvoir de souverain. Les cinq plus grands tombeaux aux spécifications les plus élevées du Taosi ancien sont évidemment ceux des souverains. Le site de la ville a été planifié de manière unifiée, avec une configuration et des divisions fonctionnelles relativement complètes. Elle abrite d’importants bâtiments en terre battue et des bâtiments ressemblant à des palais. Tout cela montre que Taosi a donné naissance au premier système de capitale étatique ayant pour noyau central le pouvoir de souverain.

He Nu observe que les classes sociales de Taosi étaient dès le début déjà très diverses. Durant le Taosi intermédiaire, le pouvoir a changé de mains, la ville s’est agrandie à plusieurs reprises et la société est devenue plus prospère. Après 300 ans de prospérité, la capitale a progressivement décliné avant d’être entièrement détruite, y compris les palais, les murs d’enceinte et les grandes sépultures. La culture institutionnelle de Taosi n’a cependant pas complètement disparu. Elle a été reçue en héritage par la culture d’Erlitou notamment.

Les débuts d’une société de rites

« L’État fondé sur le pouvoir du souverain et la société de rites sont les principaux éléments caractéristiques de la Chine antique. La culture de Taosi présente ces caractéristiques », remarque Gao Jiangtao, chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine, et chef de l’équipe archéologique de Taosi.

M. Gao souligne que les établissements sur le site de Taosi étaient très différenciés et comportaient plusieurs niveaux, avec un haut degré de complexité. Les grands ensembles architecturaux de palais en terre battue et prestigieux contrastaient fortement avec les huttes grossières ou les petites structures troglodytes. Des sites funéraires possédant une structure hiérarchique pyramidale et des tombeaux de souverain sont apparus, et un État archaïque fondé sur le pouvoir de souverain est né. Taosi a aussi développé des ensembles d’objets rituels en céramique, en jade et des instruments de musique rituels aux ordonnancements stricts.

Par rapport aux cultures de Liangzhu et de Hongshan, Taosi se concentre davantage sur les systèmes politiques et la sagesse politique. « De nombreuses innovations institutionnelles ont débuté à Taosi. Sous les dynasties Qin (221–207 av. J.-C.) et Han (202 av. J.-C.–220), de nombreuses idées, concepts de base et idéologies ont été consolidés, jetant les bases de la civilisation chinoise », remarque He Nu.

Une culture éclectique

« La culture de Taosi englobait tous les courants et a intégré des éléments de différentes civilisations régionales pour former sa propre culture institutionnelle, qui était particulièrement importante », affirme Gao Jiangtao.

Les tambours à peau d’alligator du Yangtsé, certaines céramiques peintes en pointillés et la tradition funéraire consistant à placer des mandibules de porc proviennent du système culturel de Dawenkou-Longshan, dans la province du Shandong. Les gobelets à gros tronc, les visages d’animaux en jade et les épingles à cheveux en jade sont très similaires aux ustensiles des cultures de Shijiahe, dans la plaine de Jianghan, et de la crête de Xiaojia, dans la province du Hubei ; les disques cong et les tubes bi de jade proviennent de la culture de Liangzhu, dans la province du Zhejiang. Il y a aussi eu de nombreuses interactions avec la culture de Shimao, sur le plateau du Shanxi-Shaanxi, en termes de céramique, de jade, de bronze, et de techniques de construction. La culture de Taosi est un point de convergence des éléments de cultures de l’est, de l’ouest, du nord et du sud de la Chine.

« Taosi possède tous les éléments d’une société et d’une civilisation, avec des mécanismes très représentatifs dans l’étude des origines de la civilisation en Chine et dans le monde. Elle se distingue par le respect du pouvoir du souverain, la promotion d’un système hiérarchique en termes de rites et de musique, avec un caractère spirituel éclectique. Ce sont ces symboles culturels qui apparaissent à Taosi et qui sont à l’origine de ses réalisations culturelles en vertu desquelles “l’homme de talent gouverne sous le Ciel et rayonne dans les quatre directions” », remarque Wang Wei, directeur du département d’histoire de l’Académie des sciences sociales de Chine.

 

*WANG ZHE est journaliste à China Report.

 
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