法语词典:
中文 English Deutsch 日本語 Chinafrique
Suivez-nous sur
  • descriptiondescription
Accueil Chine Monde Economie Culture Environnement Documents
Accueil >> Culture

Un État archaïque rayonnant

XU HAO*  ·  2024-09-03  ·   Source: La Chine au présent
Mots-clés:

Les ruines de Taosi, dans le district de Xiangfen, à Linfen (Shaanxi), s’étendent sur 2, 8 km2.

Au nord-est du district de Xiangfen, dans la ville de Linfen (Shanxi), gît la cité antique de Taosi. Vieille de 3 900 à 4 300 ans, la cité de Taosi date de la fin de la Période des États archaïques il y a 3 800 à 5 800 ans et de la veille de la Période des dynasties il y a 3 800 ans, d’après les derniers résultats du Projet d’exploration des origines de la civilisation chinoise publiés en décembre dernier.

« Il n’y a pas de site archéologique comparable à celui de Taosi qui recèle tous les éléments et les symboles de l’origine d’une civilisation », déclare Wang Wei, expert en chef du Projet d’exploration des origines de la civilisation chinoise. « Nous avons défini nos critères pour caractériser une civilisation, à savoir la formation des cités avec l’accroissement de la productivité et de la démographie, l’apparition des classes sociales avec la division du travail et la stratification de la société, et l’émergence d’un État monarchique issue de la centralisation du pouvoir. À cela s’ajoutent cinq indices, à savoir une capitale, des palais, des nécropoles, un système de rites et des objets rituels, des dispositifs de violence et de guerre. Tous ces éléments de civilisation sont présents sur le site de Taosi. »

Le « centre géographique »

« L’État de Taosi fondait sa légitimité sur une approche politique dite spatio-temporelle », relève He Nu, chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine et ancien chef de l’équipe archéologique de Taosi. « Approche temporelle, parce que le pouvoir du souverain de Taosi monopolisait l’astrolabe solaire, le gnomon guibiao et le calendrier luni-solaire pour gérer la mesure du temps à des fins politiques », explique-t-il. « Approche spatiale, parce que le pouvoir du souverain se servait de levés géodésiques astronomiques pour établir une vision du monde en cinq directions politico-géologiques, et faisait appel au concept des huit directions du diagramme octogonal bagua du yin-yang pour la planification fonctionnelle de la capitale, la construction des palais et le contrôle de l’espace vital du territoire », complète-t-il.

Sur le site de l’observatoire de Taosi, les archéologues et les astronomes ont reconstitué l’ancienne construction. Selon Gao Jiangtao, chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine et chef de l’équipe archéologique de Taosi, l’observatoire permet de distinguer 20 périodes solaires, ce qui correspond à la mention faite dans le Classique des documents où le Souverain Yao observe le mouvement des corps célestes pour mesurer le temps.

Dans un tombeau de souverain de Taosi (phase archaïque), les archéologues ont découvert un gnomon guibiao, le plus ancien au monde. Cet instrument servait à mesurer la longueur de l’ombre au soleil projetée par la partie verticale de l’instrument, aidant à établir le calendrier solaire et à déterminer le « centre géographique ». « Le site de la capitale de Taosi et sa structure étatique et sociale correspondent parfaitement au concept de “centre géographique”, ce qui laisse croire que l’idée du pays du Milieu a germé et pris forme à Taosi », affirme He Nu.

Feng Shi, chercheur à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine, explique que selon la vision politique et religieuse de la Chine antique, le pouvoir du souverain ayant le « mandat du Ciel » siégeait obligatoirement au « centre géographique » afin d’établir des liens directs avec les divinités, qui vivent au « centre céleste ».

D’après lui, les recherches archéologiques, philologiques et astronomiques montrent qu’il y a 6 500 ans déjà, ce concept de « centre géographique » était apparu dans la région de Taosi. Au milieu et à la fin de la dynastie Xia (environ 2070–1600 av. J.-C.), une nouvelle géodésie a donné lieu à une révision de la localisation de ce centre, ce qui a entraîné le déménagement de la cour de la dynastie Xia à Erlitou.

Des visiteurs admirent une assiette décorée d’un dragon dans la zone d’exposition des antiquités.

Une capitale naissante

Il y a environ 4 300 ans, le processus de civilisation dans diverses régions de la Chine a connu un nouveau tournant, caractérisé par l’essor de la Plaine centrale. Selon Wang Wei, les recherches archéologiques sur le site de Taosi montrent qu’à cette époque, un centre de pouvoir politique antérieur à la dynastie Xia s’était formé dans le sud du Shanxi, avec une société au stade précoce de la civilisation, dotée d’une structure pyramidale, d’une certaine étendue géographique, d’un pouvoir public, de fonctionnaires gérant l’artisanat, de l’art de la poterie peinte et de l’écriture.

Selon He Nu, les vestiges de la phase archaïque de la culture de Taosi remontent à 4 300 à 4 100 ans, couvrant une superficie d’environ 1,6 km2. Au centre est située la zone de palais de 0,13 km2, flanquée de zones d’habitation populaire de chaque côté. Au sud se trouve la zone résidentielle de la noblesse de rang inférieur. À l’est se trouve la zone de stockage, avec une nécropole à son sud-est. À près de 1 000 m au nord-ouest de la zone de palais, s’élève un autel des sacrifices pour la terre.

Les vestiges de la phase intermédiaire de Taosi datent de 4 000 à 4 100 ans, couvrant une superficie de plus de 2,8 km2. Au cours de cette période, la zone de palais et la zone de stockage ont continué d’être occupées, mais la zone résidentielle de la basse noblesse a été abandonnée, laissant place à une immense enceinte extérieure et formant un modèle de construction de l’ancienne capitale chinoise « cité des palais + enceinte extérieure ». Les vestiges de la phase tardive de la culture de Taosi datent de 3 900 à 4 000 ans, couvrant une superficie de 3 km2. Durant cette période, la zone de palais a été abandonnée, l’enceinte détruite et le site devenu un habitat ordinaire.

« La cité de Taosi de 2,8 km2 était la plus grande de son temps dans le bassin du cours moyen du fleuve Jaune. Cette période correspond à celle des Souverains Yao et Shun. De nombreux experts et moi estimons qu’il s’agit très probablement de leur capitale avec toutes les fonctions nécessaires assignées aux différentes sections », affirme Wang Wei. « La construction des palais de Taosi a eu un impact très profond sur l’architecture des palais ultérieurs. Le palais n° 1 de Taosi, couvrant 6 000 m2, a été bâti sur une très grande fondation en pisé, un modèle qui a perduré jusqu’aux dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). »

En 2018, les archéologues ont découvert des vestiges de deux tours quelou dont les bases s’étendent par-dessus la muraille sud de la cité des palais. On retrouve ce type de construction sous les dynasties Sui (581-618) et Tang (618-907). La Porte méridienne (wumen) de la Cité interdite a également hérité de cette architecture vieille de 4 000 ans.


La reproduction du gnomon découvert à Taosi, au Musée de Linfen (PHOTO : XU HAO)

Une civilisation spirituelle

Le système des rites est une composante du système politique des États archaïques. Selon Gao Jiangtao, la disposition des grandes, moyennes et petites sépultures de Taosi est pyramidale, ce qui montre qu’un système hiérarchique existait déjà. Les grands tombeaux au sommet de la pyramide sont remplis de biens funéraires exquis, suggérant qu’ils appartenaient à des souverains détenant le pouvoir militaire, le pouvoir du clan et le pouvoir divin. Les petites tombes, qui représentent la grande majorité et ne peuvent accueillir qu’une dépouille dépourvue de biens funéraires, devaient appartenir au bas peuple de l’époque.

Les sépultures de taille moyenne ont un caveau à deux étages. À l’étage inférieur, à côté du cercueil, se trouvent divers objets rappelant la vie du défunt, allant des vaisselles aux ustensiles de cuisine, en passant par les décorations intérieures. À l’étage supérieur se trouve une mandibule de porc, ce qui reflète la solennité de la cérémonie d’enterrement.

Le site de Taosi a également dévoilé des instruments de musique. Cela reflète, selon He Nu, l’état embryonnaire du système des rites et de la musique.

Des traces d’écriture y ont également été retrouvées. Un vase exhumé du site de la phase tardive de la culture de Taosi porte, sur le côté face, un caractère rouge vermillon en toute ressemblance avec l’inscription « 文 » (wén) qui est gravée ultérieurement sur les os et carapaces de tortue, ainsi que sur les bronzes. Et sur le dos du vase, se trouve un autre caractère dont le déchiffrage ne fait pas unanimité. Malgré cette énigme, les experts accordent que ce sont les signes les plus proches des proto-caractères chinois, revêtant une importance capitale pour l’exploration de l’origine de l’écriture chinoise.

Le dragon chinois, le loong, révèle aussi des secrets de Taosi. De grands tombeaux recèlent des assiettes décorées de cet animal mythique présentant les caractéristiques de plusieurs bêtes. Le loong est associé au pouvoir du souverain, voire à l’État qui y est fondé, devenant ainsi le totem du clan ou le symbole de l’État.

À la veille de la Période des dynasties

Ces dernières années, de plus en plus de discussions portent sur Taosi en tant que capitale des Souverains Yao et Shun. « Yao, Shun et Yu le Grand sont assez documentés dans la littérature. Or, nos découvertes archéologiques prouvent l’existence de leur époque. Il s’agit donc d’une question de correspondance, et de savoir s’il y en a plus ou moins », relativise Gao Jiangtao, tout en affirmant qu’un grand nombre de faits archéologiques montrent que Taosi appartient à la Période des États archaïques et laissent deviner les prémices de la civilisation chinoise et la lignée principale de la nation chinoise.

Selon lui, bien qu’il y ait plusieurs formes de civilisation dans différentes régions à cette époque, elles commençaient à s’identifier progressivement à l’une d’entre elles. « De nombreux artefacts représentatifs d’autres civilisations régionales ont été découverts à Taosi. Vous avez par exemple la hache d’armes en jade et la mandibule de porc enterrées dans les tombeaux, elles font penser à la culture de Haidai. Vous avez aussi des pièces de jade cong et bi de la culture de Liangzhu dans le bassin du cours inférieur du fleuve Changjiang, et des bijoux de jade de la culture de Shijiahe dans le bassin du cours moyen du fleuve Changjiang. »

« La convergence des objets de différents endroits montre que le souverain de Taosi avait non seulement une large compréhension de ces civilisations, mais avait de plus l’intention d’assimiler les réalisations des cultures exogènes à la sienne. C’est une ouverture d’esprit envers le monde », remarque Gao Jiangtao.

L’urbanisme de la capitale, le système des rites, la culture du loong et l’artisanat de la civilisation de Taosi ont été hérités par la très influente culture d’Erlitou, qui ne lui succédait pas immédiatement et relève de la Période des dynasties.

« La civilisation de Taosi constitue la plus ancienne preuve découverte jusqu’à présent du début de civilisation dans le bassin du fleuve Jaune. Elle a été héritée et développée depuis la période pré-impériale des Trois dynasties Xia, Shang et Zhou (environ 2070–256 av. J.-C.), devenue l’une des principales sources de la civilisation chinoise à la fois multiple et unie », conclut Gao Jiangtao.

 

*XU HAO est journaliste à China Report.

 

Lire aussi:
 
Liens:
Xinhuanet CGTNfr China Tibet Online Le Quotidien du Peuple Radio Chine Internationale
Ambassade de Chine en France Ambassade de France en Chine Faguowenhua French.china.org.cn
La Chine au Présent Dialogue Chine-France Traduction en ligne

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-3 京公网安备110102005860