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Un pont interculturel |
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ZHAO HUIYING* · 2024-06-14 · Source: La Chine au présent | |
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Christine Cayol, fondatrice de la galerie Yishu 8, organise une discussion sur le thé et le vin à l’occasion du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France en présence du célèbre expert Ma Weidu (d.) et du collectionneur Dai Haoshi (c.) à Bejing, le 15 mai 2014.
Organisée conjointement par l’association Yishu 8 et l’Agence chinoise des expositions internationales, l’exposition « Histoire d’Yishu 8, Résidence d’artistes franco-chinoise » a été inaugurée le 20 avril au Musée national des beaux-arts de Chine.
Christine Cayol, fondatrice de l’association Yishu 8 a qualifié de « véritable réciprocité » les échanges culturels sino-français. À l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, cette écrivaine française a exprimé sa volonté d’utiliser Yishu 8 comme un pont. Son objectif est non seulement de permettre aux artistes français de tisser des liens avec la Chine, mais aussi d’aider les artistes chinois à découvrir véritablement la France. Elle aspire à réaliser un rapprochement mutuel des cultures chinoise et française.
L’heureuse rencontre avec la Chine
« Sans aucune connaissance préalable de la Chine et de sa culture, je suis arrivée en 2003 dans ce pays riche d’une civilisation plusieurs fois millénaire », explique Christine Cayol. Au fil de ses plus de 20 ans passés en Chine, sa perception du mode de vie des Chinois et de la culture qu’il incarne a bien changé : de la méconnaissance à l’adaptation, puis à l’acceptation. Aujourd’hui, la promotion de la culture chinoise en France et dans le monde est devenue une entreprise permanente à laquelle elle se consacre avec passion.
Le lien de Christine Cayol avec la Chine a commencé par la mutation professionnelle de son époux. Il y a 21 ans, elle est venue dans ce pays inconnu pour accompagner son mari, alors nommé PDG du Groupe EDF pour la région Asie-Pacifique. « Mon mari aime beaucoup la Chine, et ses descriptions m’ont rendue très curieuse à propos de cette terre », raconte-t-elle.
À leur arrivée en Chine, ils se sont installés dans un siheyuan (maison traditionnelle chinoise à cour carrée) situé dans la rue Guijie à Beijing. Aujourd’hui encore, Mme Cayol se souvient avec émotion de sa première rencontre avec le vieux Beijing : par beau temps, les habitants se promenaient, dansaient et pratiquaient le taijiquan dans les parcs ; dans les ruelles sinueuses, les personnes âgées baladaient leurs oiseaux de compagnie en cage, tandis que les voisins bavardaient ou se rendaient visite.
« Voilà la vraie Chine, où les gens aiment la vie et savent en profiter. Cela correspond bien à ma conception de la vie », conclut-elle. Pendant son séjour en Chine, elle a pris contact avec des Chinois travaillant dans différents secteurs, mettant tout son cœur à redécouvrir ce pays.
Progressivement, Mme Cayol a acquis une multitude de nouvelles connaissances sur la culture chinoise, découvrant constamment les différences et les similitudes entre les cultures chinoise et française. L’expérience rafraîchissante du passage du temps et le dynamisme quotidien des quartiers locaux l’ont amenée à tomber amoureuse de Beijing, une ville unique en son genre. Elle a écrit plusieurs livres en français sur la vie quotidienne des Chinois, notamment, Traverser la rivière en tâtant les pierres-Dix proverbes de la sagesse chinoise et Pourquoi les Chinois ont-ils le temps ? (traduit plus tard en espagnol et en néerlandais). Ces ouvrages ont réussi à susciter la curiosité de nombreux lecteurs français.
Un rêve d’enfance
L’écrivaine française, qui ne savait aucun mot chinois il y a 21 ans, peut maintenant s’exprimer dans un pékinois impeccable. À peine arrivée en Chine, Christine Cayol cherchait partout du café et du vin, mais aujourd’hui, elle a pris l’habitude d’infuser du thé Pu’er pendant ses loisirs ou avant de lire. En tant qu’étrangère ayant vécu longtemps en Chine, elle se sent heureuse : « J’ai eu la chance de découvrir in vivo la culture chinoise, et je voudrais partager cette expérience à un plus grand nombre de jeunes artistes chinois et français. » Elle a fondé en 2009, à Beijing, l’association Yishu 8, un espace à but non lucratif destiné aux événements artistiques et culturels.
En parlant du nom de l’association, Mme Cayol explique que l’institution artistique a des affinités particulières avec le chiffre 8. Son site d’origine se trouve dans le Parc de création culturelle Shang8, au 8 Langjiayuan, dans l’arrondissement de Chaoyang et a été reconstruit à partir de 8 anciens ateliers abandonnés. De plus, le chiffre 8 a une très bonne signification aux yeux des Chinois. Elle a ainsi choisi délibérément le nom Yishu 8 (les caractères chinois pour « Yishu » signifient « art »).
En créant l’association Yishu 8, Christine Cayol a réalisé un rêve d’enfance : « Elle est non seulement un centre d’art, mais un lieu de rencontre où toutes sortes de discussions peuvent avoir lieu, mélangeant l’art et la vie. Contrairement aux galeries commerciales, Yishu 8 ressemble plus à une famille, une salle de réception, ou un salon. »
Actuellement, l’adresse de Yishu 8 a été déplacée à l’ancien site de l’Institut franco-chinois (situé dans l’arrondissement de Dongcheng). Autrefois un établissement d’enseignement supérieur chargé d’histoire, il servait de centre important pour les échanges culturels entre la Chine et la France à l’époque moderne. Selon Mme Cayol, ce déménagement reflète pleinement leur souhait de construire un nouveau pont pour renforcer les échanges sino-français.
Une influence progressive
Après son déménagement en 2011, Yishu 8 a organisé une série d’activités hautes en couleur, ouvrant un dialogue sous diverses formes entre les artistes chinois et français. Dans le même temps, Christine Cayol a mis en place différents prix, permettant aux jeunes artistes français et chinois de se rendre respectivement à Paris et à Beijing pour leur création artistique avec une aide financière.
En ce qui concerne l’influence de ces prix, Mme Cayol déclare que l’art agit comme un pont : « Comme le montrent les faits, la manière dont les artistes créent des œuvres sur le terrain contribue non seulement aux échanges au sein du cercle artistique, mais aussi à l’interaction sociale et culturelle entre la Chine et la France. » Au cours des 12 dernières années, les prix de Yishu 8, relativement moins connus, se sont attachés à découvrir et à valoriser des artistes chinois et français de la nouvelle génération, fournissant un soutien discret et progressif à leur carrière naissante.
Lorsque les artistes chinois et français ont ouvert la porte pour découvrir une culture mystérieuse à des milliers de kilomètres de distance, Mme Cayol a clairement constaté leur évolution stylistique. En interagissant avec ces jeunes, elle s’émerveille souvent de leur créativité débordante, et est fréquemment impressionnée par leur persévérance et leur détermination dans la poursuite de l’art. Jusqu’à présent, un total de 45 artistes français et chinois primés ont eu l’occasion de créer des choses à Beijing ou à Paris, formant une influence artistique vivante et unique.
Christine Cayol est constamment à la recherche de moyens pour élargir la « porte d’échanges » dans les relations franco-chinoises, et elle est convaincue que la culture est une clé très efficace. En 2013, à l’occasion d’une rencontre avec l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, elle a proposé de créer un forum sur les échanges culturels franco-chinois. Cette initiative a été immédiatement appréciée par M. Raffarin qui a eu l’intention de discuter des détails avec Chen Zhu, président de l’Association des anciens étudiants chinois à l’étranger.
En 2016, le premier Forum culturel franco-chinois a été inauguré au Grand Palais du peuple à Beijing. Ces huit dernières années, cette plateforme a été accueillie successivement dans de nombreuses villes, dont Beijing, Xi’an, Suzhou, Lyon et Nice. Par le biais de ce forum, des représentants venant de différents domaines en Chine et en France ont développé des échanges approfondis sur de nombreux sujets tels que la protection du patrimoine, la recherche historique, l’héritage culturel et le développement urbain. Pour Mme Cayol, ce forum, qui a réussi à stimuler les échanges culturels entre l’Orient et l’Occident, est un rendez-vous grandiose pour récolter l’amitié, la coopération et le consensus.
En tant qu’institution tierce, l’association Yishu 8 joue un rôle d’intermédiaire dans la promotion des échanges culturels entre la Chine et la France. « À l’occasion du 3e Forum culturel franco-chinois, nous avons invité Thierry Wasser, parfumeur de 5e génération de Guerlain. Lors de sa première visite à Xi’an, il a immédiatement ressenti une connexion avec cette ville, et des inspirations créatives lui sont naturellement venues à l’esprit. S’appuyant sur le passé et la culture millénaires de Xi’an, le parfumeur, surnommé le “ nez ” de Guerlain, a créé un parfum au style unique pour cette ville. Cette rencontre avec une marque prestigieuse a bien amélioré l’influence internationale de Xi’an, tandis que la conception chinoise de la protection du patrimoine culturel est saluée par la communauté internationale ».
Lorsqu’on examine l’histoire, on se demande souvent pourquoi la France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine en 1964. Selon Christine Cayol, cela résulte non seulement d’une vision stratégique clairvoyante, mais aussi d’une compréhension mutuelle culturelle entre les peuples des deux pays.
En octobre 2013, à la veille de la célébration du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, le gouvernement français a attribué à Christine Cayol le titre de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur pour sa contribution aux échanges culturels franco-chinois. L’écrivaine française a exprimé son désir de continuer à contribuer aux échanges bilatéraux entre les deux pays, permettant aux artistes français de découvrir une Chine authentique et aux artistes chinois de comprendre véritablement la France.
*ZHAO HUIYING est journaliste de China News Release.
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