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Taibai, le refuge des immortels

MENG JIAXIN, membre de la rédaction  ·  2024-04-23  ·   Source: La Chine au présent
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Une plateforme d’observation des monts Taibai, à 3 511 m d’altitude 

Les monts Taibai, qui relèvent de la ville de Baoji (Shaanxi), sont les points culminants des monts Qinling en Chine à 3 000 m d’altitude, le sommet atteignant 3 771,2 m, soit le point le plus élevé à l’est du plateau Qinghai-Tibet. Aujourd’hui, c’est un parc forestier national et un site touristique national classé 5A. D’une superficie de 2 949 ha, le parc compte plus de 180 attractions touristiques réparties dans les huit zones panoramiques principales.

Les monts Taibai sont situés dans la partie centrale des monts Qinling, qui forment une importante ligne de démarcation géographique entre le sud et le nord de la Chine, ainsi que dans le bassin versant de deux grands systèmes hydrographiques, le fleuve Changjiang et le fleuve Jaune, avec une zone tempérée chaude au nord et une zone subtropicale au sud. Le Parc forestier national des monts Taibai abrite aujourd’hui 15 espèces végétales protégées au niveau national et près de 30 espèces de plantes endémiques, ce qui en fait un réservoir génétique naturel de biodiversité de renommée mondiale. La région montagneuse est également une zone de transition à la confluence de trois régions, celles de la Chine du Nord, de la Chine centrale et du plateau Qinghai-Tibet.

 

Des randonneurs parcourent les monts Taibai.

Le long du « Chemin Divin »

Dans le parc, au pied de la montagne, les touristes sont entourés de verdure et la brise caresse leur visage, le parfum émanant de la terre et des feuilles titillent les narines. Le sommet est recouvert de neige éternelle, d’où le nom de « taibai », signifiant « blanc extrême ».

Le sentier de randonnée allant du temple Xiaban à la Plateforme Baxian est connu sous le nom de « Chemin Divin ». Le trajet de 16 km permet de se relaxer en pleine nature. Les visiteurs en bonne forme peuvent effectuer la randonnée jusqu’au sommet et profiter de la vue sur les monts Taibai. Les moins courageux ou les plus pressés peuvent prendre un téléphérique. En visitant la première attraction, le temple Xiaban, situé à 2 800 m d’altitude, on y aperçoit une herbe rare et ancienne appelée Kingdonia, qui existe depuis 67 millions d’années et pousse dans un écosystème fragile. On continue ensuite la randonnée à plus de 3 000 m d’altitude et les plus chanceux rencontreront certaines espèces de petits animaux sauvages.

En allant vers l’ouest, le long du versant nord des monts Taibai, un arrêt s’impose à 3 500 m d’altitude. Une mer de nuages s’étend entre les pics, bloquant la vue sur le fond de la vallée. Quand la brise se lève sur la vallée, les nuages se dissipent lentement et une vue panoramique sur toutes les montagnes environnantes apparaît.

On se dirige ensuite vers le temple Xiaowengong, situé sur une crête également à 3 500 m d’altitude. Il domine un canyon recouvert d’un amas de rochers, un paysage typique du Quaternaire. Les glaciers fondus ont érodé les montagnes, et les roches ont été emportées avec le mouvement glaciaire, comme si un tapis roulant les avait transportées depuis le sommet de la montagne, créant une « rivière de pierre ».

Plus loin, à 6 km, le temple Dawengong s’offre à la vue. Il ne s’agit pas d’une longue randonnée, mais il faut s’arrêter périodiquement pour se reposer en raison de l’altitude élevée et du terrain accidenté. Le temple Dawengong se situe à 3 600 m d’altitude et la couverture mobile est faible, ce qui permet aux visiteurs de profiter sereinement et en silence du paysage magnifique dans le calme de la nature.

Plus loin se trouve la Mer Daye, un lac à environ trois heures de marche du temple Dawengong. Cette section de la route, inclinée entre 50 à 60 degrés, est appelée par les locaux la « Pente aux Hommes Courageux », un défi de taille à cette altitude. Même s’il s’agit d’une randonnée assez pénible, la vue magnifique sur le lac en vaut la peine. Ce lac tranquille est comme un miroir qui reflète les sommets et le ciel. La Mer Daye est en effet un lac de cirque, entouré de montagnes sur trois côtés. Il couvre une superficie d’environ 6 800 m2 et sa profondeur peut atteindre environ 18 m. Le lac s’est formé il y a plus de 10 000 ans. L’eau est si claire que les pierres qui se trouvent au fond du lac sont totalement visibles. La qualité de l’eau est excellente et on peut la boire directement malgré son goût minéral aigre.

En continuant, on arrive au plus haut sommet des monts Qinling, appelé « Plateforme Baxian ». Cette section est encore plus raide que la précédente. La plateforme a été bâtie à partir d’un amas de rochers. Selon les documents historiques de la dynastie des Tang (618-907), il y avait un temple taoïste nommé « Salle des Trois dieux » sur la plateforme et construit sur le pic pyramidal formé par l’érosion glaciaire. L’aspect imposant des monts Taibai a longtemps été décrit comme une tête de dragon tournant son regard vers le ciel. Il est donc considéré comme un lieu de bon augure depuis des milliers d’années. Des légendes affirment qu’après la victoire de la bataille de Muye et l’établissement de la dynastie des Zhou (1046-256 av. J.-C.), afin de récompenser les fonctionnaires méritants, Jiang Ziya organisa une cérémonie d’investiture des dieux et des immortels sur la Plateforme Baxian. Depuis, on trouve 356 dieux et immortels dans le folklore. C’est pourquoi les monts Taibai sont également connus sous le nom de « montagne des Immortels ».

Une rencontre avec la Chine ancienne

Su Shi, un grand poète de la dynastie des Song du Nord (960-1127), a écrit une oraison pour la pluie. Dans le taoïsme, les monts Taibai sont un lieu sacré où Vénus est tombé, l’astre se transformant en divinité. C’est de là qu’est née la culture des immortels chinois. Au cours des millénaires, de nombreux sites historiques ont été érigés sur cette montagne immortelle.

Les temples Dawengong et Xiaowengong ont été construits en mémoire de Han Yu, grand lettré de la dynastie des Tang, et de son fils Han Chang, tous deux s’y étaient retirés. Avec l’essor du bouddhisme sous les dynasties des Sui (581-618) et des Tang, deux autres temples ont été construits pour que la population locale puisse se livrer aux activités cultuelles, à savoir le temple Shangban et le temple Xiaban. La grotte Guiguzi est également un site légendaire. On dit que pendant les périodes des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants (770-221 av. J.-C.), le fondateur de l’École de la diplomatie (une école de pensée spécialisée dans la rhétorique), Guiguzi, s’était isolé pour y travailler.

L’Ancienne passerelle des Trois Royaumes est un élément remarquable du patrimoine historique. Il s’agit d’une passerelle accrochée aux falaises et à usage militaire dans l’Antiquité. Pendant la période des Trois Royaumes (220-280), Fa Zheng, le stratège du royaume Shu, suggéra au roi d’y construire une passerelle en planches pour surprendre l’ennemi. Aujourd’hui, une portion de 1 100 m subsiste encore.

 

Sommet des monts Taibai

Des paysages à couper le souffle

D’autres sites étonnants sont disséminés dans le parc, comme le Mur de Fer, un immense pan de falaise en granit s’élevant à plus de 400 m, formé lors du Quaternaire, qui semble avoir été tranché par un glaive divin.

Non loin de cette falaise se trouve la cascade du Pic de Lotus. S’élevant à plus de 80 m de haut, le site est d’une beauté naturelle spectaculaire. Pendant les mois d’hiver, elle se transforme en un bloc de glace épais, ce qui en fait une destination incontournable pour les amateurs d’escalade sur glace.

À côté de la cascade se trouve une immense falaise abrupte recouverte de traces noires vernissées, ressemblant à une coulée d’encre qui descend du sommet. C’est pour cette raison qu’on l’appelle « Colline des éclaboussures d’encre ». On raconte que Li Bai, poète de la dynastie des Tang, a été touché par cette vue époustouflante lors de sa visite. Plus tard, alors qu’il se détendait en buvant du vin, son pinceau et son encre sont tombés du bord de la falaise, éclaboussant la paroi.

Plus loin se trouve la Prairie de bouleaux rouges, située à 2 260 m d’altitude. À proximité se trouve une vaste forêt de rhododendrons qui fleurit chaque année entre fin avril et juillet. Un téléphérique permet d’admirer les plus beaux sommets des monts Taibai, les Sommets des Sept Dames. Comme leur nom l’indique, ces sommets sont alignés tout comme sept immortelles qui descendent côte à côte pour visiter le monde des humains. Si le sentier escarpé est particulièrement beau, il est dangereux quand on le gravit.

À l’ouest du trajet de retour en téléphérique, on aperçoit une grande zone plate appelée « Prairie Huixian », un terme en chinois qui fait référence au lieu de rencontre des immortels. Au nord, c’est la Colline Erxian, qui permet de quitter les Sommets des Sept Dames. Selon la légende, c’est là où deux immortels chinois se seraient affrontés aux échecs.

Située dans la région centrale de la Chine, les monts Taibai enchantent les visiteurs depuis des millénaires par leur caractère sublime avec des formations nuageuses chaotiques. Un site à ne pas manquer.

 

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