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Défendre la coopération internationale pour relever les défis mondiaux

ZHANG HUI, membre de la rédaction  ·  2023-11-13  ·   Source: La Chine au présent
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Thomas Lumpkin effectue une visite pour la sélection de blé en Chine avec les agronomes He Zhongfu et Rajaram en 2017.

Alors que certains pays intensifient leur rhétorique d’endiguement contre la Chine, la société civile appelle à une plus grande coopération pour faire face aux défis mondiaux communs, notamment les impacts du changement climatique.

Cette année, les conditions météorologiques extrêmes ont atteint de nouveaux records avec des vagues de chaleur sans précédent dans le monde entier et des inondations torrentielles qui ont assailli le nord de la Chine et la Californie aux États-Unis. Le réchauffement climatique n’est plus une prédiction mais une dure réalité.

L’agronome américain Thomas A. Lumpkin, directeur général du Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) entre 2008 et 2016, dont le siège se trouve au Mexique, a souffert du changement climatique. Il y a deux ans, il a perdu connaissance à cause de la chaleur insupportable qui régnait dans sa ferme de l’État de Washington.

« Le 28 juin 2021, il faisait 50 °C dans ma ferme. J’ai vécu presque toute ma vie dans l’État de Washington et je n’ai jamais connu une température aussi élevée », déclare M. Lumpkin à La Chine au présent. Il compare l’effet du réchauffement climatique à des grenouilles dans une casserole d’eau. Si l’on les place dans de l’eau bouillante, elles sautent immédiatement, mais si l’on les plonge dans de l’eau tiède et qu’on augmente progressivement la température jusqu’à ébullition, les grenouilles seront cuites avant qu’elles ne s’en rendent compte. « Nous sommes les grenouilles et nous continuons à faire monter la température sur notre planète. Il se peut que nous ne réalisions la gravité de la situation que lorsqu’il sera trop tard », expose-t-il.

L’Organisation météorologique mondiale a confirmé que juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré. En conséquence, la sécurité alimentaire mondiale devient l’une des principales préoccupations de la planète. M. Lumpkin, qui s’est consacré à l’augmentation de la production alimentaire mondiale et à la lutte contre la malnutrition par le biais d’innovations agricoles, explique que les agronomes peuvent mettre au point des variétés de cultures résistantes à la chaleur, à la sécheresse ou aux insectes, mais à long terme, un plan mondial intégré et systématique est nécessaire pour réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique, sinon, le pire des scénarios se produira. C’est pourquoi la coordination et la coopération mondiales sont indispensables, et il pense que la Chine et les États-Unis devraient jouer un rôle de premier plan en travaillant ensemble.

Un lien « chaleureux » avec la Chine

Il y a plus de 40 ans, M. Lumpkin a étudié à l’Académie des sciences agricoles du Zhejiang à Hangzhou. Les moments chaleureux passés avec ses collègues chinois sont encore frais dans sa mémoire. « Mes collègues, les scientifiques chinois, étaient tout simplement merveilleux, amicaux et serviables. C’est à cette époque que je me suis fait certains de mes meilleurs amis, se souvient-il, les professeurs m’ont pris sous leur aile et m’ont guidé. Ça me fait chaud au cœur d’y repenser. »

L’intérêt de M. Lumpkin pour les techniques agricoles traditionnelles de la Chine remonte à son expérience de bénévolat dans un village indien dans les années 1970. Les paysans étaient considérés comme des intouchables en raison du système de castes rigide qui prévalait à l’époque. Ils étaient d’une pauvreté effroyable et n’avaient pas les moyens d’acheter de l’engrais, ce qui entraînait des récoltes très faibles. Quand M. Lumpkin a voulu aider, il a lu des articles concernant les méthodes traditionnelles chinoises d’utilisation d’engrais verts. Il a donc commencé à apprendre aux paysans à cultiver du riz en utilisant des engrais verts et le rendement a quintuplé. Il avait un vif intérêt pour les pratiques traditionnelles chinoises en matière d’engrais verts, qui consistent à enfouir dans le sol des plantes fixatrices d’azote en vue d’améliorer la fertilité.

M. Lumpkin était un étudiant diplômé en agronomie de l’Université d’Hawaï lors de son premier séjour en Chine en 1976. Après l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis le 1er janvier 1979, il s’est porté candidat à un échange auprès de la Fondation nationale pour la science des États-Unis et s’est rendu en Chine en août 1979 pour étudier l’azolla, appelée manjianghong en chinois, une petite fougère utilisée comme engrais vert. Les recherches ont duré environ deux ans.

Le riz pousse verticalement dans les rizières tandis que l’azolla horizontalement. Il n’y a donc pas de concurrence entre les deux et l’agriculteur bénéficie d’une plus grande quantité de matière organique dans le sol grâce à l’azote libéré par la fougère. Cette pratique agricole traditionnelle chinoise a fasciné M. Lumpkin et l’a incité à demander une recherche plus systématique des engrais verts en Chine. « Un excès d’engrais chimiques peut être nocif pour le sol. Ils transforment le sol en minéraux inorganiques comme du béton », alors que les engrais verts nourrissent le sol avec « des millions d’organismes et de microbes bénéfiques pour les plantes ».

M. Lumpkin pense que l’utilisation d’engrais chimiques a contribué au changement climatique, car le carbone et la matière organique dans le sol sont transformés en émissions de CO2. Il suggère d’appliquer certaines techniques agricoles traditionnelles, comme l’utilisation d’engrais verts. « C’est un moyen d’isoler le carbone. Nous pourrions extraire le carbone de l’atmosphère et le ramener dans le sol, où il aiderait les plantes. »

M. Lumpkin a rassemblé toute la littérature scientifique qu’il pouvait en Chine à propos de l’azolla, et plus tard, financé par un programme de recherche, il a fait le tour du monde pour collecter les sept espèces de la plante, car la Chine n’en avait qu’une seule. Il a également écrit un livre, Azolla as a Green Manure: Use and Management in Crop Production (Azolla comme engrais vert : utilisation et gestion dans la production agricole).

Thomas Lumpkin avec ses collègues chinois à Hangzhou (Zhejiang) en 1980

Coopération mondiale pour la sécurité alimentaire

En ce qui concerne la sécurité alimentaire mondiale, le travail du regretté Norman Borlaug, agronome américain de renommée mondiale et vieille connaissance de M. Lumpkin, mérite une mention spéciale. Dans le cadre d’un programme pilote au Mexique, soutenu par la Fondation Rockefeller et le gouvernement mexicain, M. Borlaug a développé des variétés de blé à haut rendement, plus résistantes aux maladies et à la verse dans les pays en développement. Le programme a ensuite évolué pour devenir le CIMMYT, qui mène aujourd’hui des projets de coopération avec des pays du monde entier. Dans les années 1950, les variétés de blé de M. Borlaug ont aidé le Mexique à atteindre l’autosuffisance en blé et, plus tard, l’Inde et le Pakistan à éviter la famine. L’adoption généralisée de variétés et de pratiques agricoles améliorées dans les pays en développement est connue sous le nom de « révolution verte ».

Selon les médias, le travail de M. Borlaug pour augmenter la production alimentaire mondiale a permis de sauver de la famine près d’un milliard de personnes dans le monde, ce qui lui a valu le titre de « père de la révolution verte ». Il a également reçu le prix Nobel de la paix en 1970 pour « une vie consacrée à nourrir un monde affamé ».

Lors du développement de nouvelles variétés de blé nain pour les basses latitudes, M. Borlaug a étudié leur génétique à l’Université de l’État de Washington, où M. Lumpkin est devenu professeur après avoir obtenu son doctorat à l’Université d’Hawaï. « M. Borlaug a coopéré avec les sélectionneurs de blé de l’Université de l’État de Washington qui utilisaient des blés semi-nains japonais, développés pour les hautes latitudes, dans leurs programmes de reproduction, et il les a apportés au Mexique. Il a élevé de nouvelles variétés à haut rendement qui étaient “neutres en termes de latitude” afin que l’on puisse les cultiver à n’importe quelle latitude », déclare M. Lumpkin.

Le caractère semi-nain constitue également une grande amélioration pour la production de blé, car lorsque le chaume de blé pousse très haut avec un gros épi, il peut facilement tomber à cause de son poids, ce qui peut faire verser les blés. M. Borlaug a rendu possible la production à haut rendement de blé nain, même sous des latitudes plus basses, dans des régions proches de l’équateur. M. Lumpkin s’est souvenu de son travail : dans les années 1980 et 1990, « il venait chaque année dans mon université. Parfois, nous parlions toute la journée. J’avais connu les zones de production de blé de l’Inde et de la Chine, et nous parlions donc de ces pays et du blé dont ils avaient besoin ». C’est l’une des raisons pour lesquelles M. Lumpkin a souhaité devenir directeur général du CIMMYT.

« Ces variétés de blé de la révolution verte ont également été données à la Chine et utilisées directement ou croisées avec des variétés chinoises afin d’augmenter réellement la production », explique M. Lumpkin. Depuis que le CIMMYT a établi son partenariat de recherche avec la Chine en 1974, environ 30 000 variétés de blé provenant de la banque de gènes de l’organisation internationale ont été introduites en Chine pour des programmes de reproduction ; plus de 500 étudiants et universitaires chinois ont reçu une formation au siège du CIMMYT au Mexique. Après la création du bureau chinois du CIMMYT en 1997, la coopération entre la Chine et le CIMMYT a été renforcée dans la sélection des variétés, la recherche en génomique, les systèmes agricoles durables et la formation, entre autres. « La Chine a développé 300 nouvelles variétés de blé et de maïs et les a mises à la disposition des agriculteurs en utilisant les variétés du CIMMYT. Et c’est gratuit », ajoute M. Lumpkin.

En outre, tout en recevant une formation au siège du CIMMYT et en apprenant de nouvelles sciences, les scientifiques chinois se sont également liés d’amitié avec des scientifiques du monde entier, ce qui a grandement favorisé la coopération internationale dans l’agriculture chinoise. « La formation s’est déroulée principalement entre les années 1970 et 2000. Aujourd’hui, la Chine donne plus qu’elle ne reçoit. La Chine donne de l’argent au CIMMYT pour aider financièrement et sa technologie pour aider d’autres pays par le biais de programmes de coopération », déclare M. Lumpkin.

Parfois, le CIMMYT envoie des scientifiques du monde entier en Chine pour y suivre une formation. En raison des progrès remarquables de la Chine dans le domaine des sciences agricoles, les scientifiques chinois sont devenus indispensables au CIMMYT pour lutter contre les nouvelles maladies des cultures et relever d’autres défis dans les pays en développement.

Pour sa contribution exceptionnelle à la promotion des cultures et des méthodes agricoles chinoises dans le monde entier et à la coopération internationale de la Chine dans le domaine de l’agriculture, M. Lumpkin a reçu le Prix de l’amitié du gouvernement chinois en 2014. « Je me suis senti très honoré de recevoir ce prix. [...] C’était très important pour moi parce que l’humanité a beaucoup profité de l’arrivée des scientifiques chinois, de la technologie et des graines chinoises », explique M. Lumpkin.

Un nouveau défi pressant

Alors que le monde s’est doté de la capacité de nourrir sa population en pleine expansion en travaillant ensemble, un autre défi se profile, menaçant à une échelle inimaginable. Le changement climatique se manifeste par des vagues de chaleur, des sécheresses et des phénomènes météorologiques extrêmes fréquents, donnant un avant-goût d’un scénario inquiétant et qui ne va qu’en s’aggravant.

L’élévation du niveau de la mer s’accélère également. Si le monde continue sur la voie des fortes émissions de gaz à effet de serre et de l’effondrement rapide des calottes glaciaires, l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis prévoit que l’élévation moyenne du niveau de la mer aux États-Unis pourrait atteindre 2,2 m d’ici à 2100. D’autres régions du monde ne seraient pas mieux loties.

« C’est une menace pour la civilisation. Finalement, nos gouvernements, nos pays pourraient s’effondrer, car de nombreuses espèces de plantes et d’animaux vont mourir ou disparaître et les récoltes seront mauvaises », alarme M. Lumpkin.

Le changement climatique aura bien sûr des répercussions sur le rendement des cultures. S’il n’est pas maîtrisé, d’ici à 2099, de nombreux pays devront faire face à une réduction de 40 % de leur production de maïs, y compris la Chine, prédit M. Lumpkin. « Très sensible à la température nocturne, le maïs ne peut pas être déplacé vers le nord à cause du froid nocturne. Il y fera trop froid la nuit et trop chaud pendant la journée. »

Le blé peut tolérer les nuits froides, il peut donc être déplacé vers le nord. Cependant, en raison de la forte concentration de CO2 dans l’atmosphère, il contiendra moins de protéines, moins de zinc et moins de fer. Par conséquent, la qualité nutritionnelle du blé sera diminuée.

Bien que les agronomes puissent assurer une certaine sécurité alimentaire en développant des variétés résistantes à la chaleur et à la sécheresse, « cela ne nous fera gagner que 10 ou 20 ans, puis la situation sera bien pire. Et les plantes ne pourront pas s’adapter. Nous ne serons pas en mesure de développer des cultures adaptées », déclare M. Lumpkin. « Les scientifiques agricoles ne peuvent pas modifier l’agriculture assez rapidement pour suivre le rythme du changement climatique. Nous pouvons obtenir quelques petits succès, mais ce sera principalement un échec. »

Selon M. Lumpkin, si la Chine et les États-Unis pouvaient travailler ensemble, le pire des cas pourrait être évité. Il considère la Chine comme un leader mondial dans de nombreux domaines du développement vert. « La Chine est dans le peloton de tête mondial en matière d’énergie solaire et éolienne. Et nous devons faire mieux, car beaucoup d’autres pays n’en font pas assez, dont les États-Unis. »

Cependant, les relations sino-américaines sont inquiétantes. M. Lumpkin estime que « la Chine doit être plus réfléchie et encourager les États-Unis à faire preuve de plus de maturité et de responsabilité ». Il salue les efforts déployés par la Chine pour promouvoir la coopération entre les pays du Sud dans la lutte contre le changement climatique et fait l’éloge de ce que la Chine a accompli au cours des 40 dernières années.

Il l’attribue en partie à la civilisation ancienne de la Chine et à sa philosophie de gouvernance de longue date. Tout au long de l’histoire de la Chine, on a accordé une grande importance au fait de gouverner le pays avec vertu. Il est également étonné de la culture collective chinoise. « Vous avez de grands groupes de personnes coopérant et travaillant ensemble » pour faire des plans de développement une réalité.

Aujourd’hui, son intérêt se porte principalement sur le changement climatique. M. Lumpkin s’exprime sur le sujet dans le monde entier, tout en étant consultant pour des programmes agricoles internationaux. Selon lui, si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous condamnerons nos générations futures à des conséquences terrifiantes. Il tente également d’amener la Chine et les États-Unis à travailler ensemble sur les études du changement climatique et des ressources génétiques des cultures, ce qui, selon lui, sera d’une grande importance pour le monde entier. 

 

 

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