法语词典:
中文 English Deutsch 日本語 Chinafrique
Suivez-nous sur
  • descriptiondescription
Accueil Chine Monde Economie Culture Environnement Documents
Accueil >> Culture

Un muraliste donne des couleurs à la campagne

Huang Yuhao, membre de la rédaction  ·  2023-01-01  ·   Source: La Chine au présent
Mots-clés:

Une grue à couronne rouge sous le pinceau de Liu Xiaobei 

Une fois sa peinture murale terminée, Liu Xiaobei a l’habitude de frapper dans ses mains avant de prendre une photo de groupe avec des villageois. Son équipe filme à chaque fois tout le processus créatif avant d’effectuer le montage. Ces vidéos montrent son aspect authentique et plein d’humour : il discute, souriant, de son œuvre picturale avec des paysans, joue avec des enfants, et de temps en temps, pousse quelques exclamations exagérées de surprise. Sa palette à la main, il est revêtu d’une tenue maculée de peinture et coiffé d’une casquette blanche, passant des journées entières à décorer les murs.

Liu Xiaobei est muraliste. C’est sous ce pseudonyme que Liu Zhicheng fait figure de modèle pour promouvoir la revitalisation rurale. Les vidéos de ce jeune homme, suivies par des millions de fans sur des réseaux sociaux, font l’objet d’une admiration unanime à en lire les commentaires en direct qui défilent sur l’écran.

Il ne s’imaginait pourtant pas qu’il se laisserait porter par le courant de cette grande cause, lorsqu’il a décidé, durant l’été 2021, de retourner dans son village natal de Xingyi, dans le district de Yongsheng (Yunnan) pour s’adonner à la peinture murale en toute liberté et au service des villageois.

« Parce que c’est cool »

Liu Xiaobei n’est pas né artiste. Dessiner, pour lui, n’était qu’un passe-temps quand il était plus jeune. S’il est amoureux de la peinture murale, c’est parce qu’« elle est en vue, sans contrainte et donne libre expression à la créativité ». C’est à l’université, lorsqu’il lui a été donné de voir des œuvres du muraliste Qi Xinghua, que sa vocation est née. À la grande différence des graffitis dans les rues des pays occidentaux, cet artiste met une touche d’originalité chinoise à ses créations graphiques débridées.

Abandonnant ses études, Liu Xiaobei est parti dans le Henan pour se perfectionner. Les débuts ont été difficiles et il peinait à s’adapter aux méthodes d’enseignement. « Il n’explique pas en détail comment dessiner. Après avoir enseigné quelques rudiments, il vous demande de vous familiariser avec le matériel en faisant quelques ébauches sur le mur. Ensuite, il place la barre toujours plus haut en vous faisant reproduire des dessins toujours plus difficiles. » Mis à part ses difficultés dans l’apprentissage, Liu Xiaobei a eu du mal à justifier l’abandon de ses études pour se frotter à la pratique picturale.

Un jour, son professeur lui a demandé d’imiter une peinture très sophistiquée, sans contour spécifique, enchevêtrée de flou et de net, avec un complexe jeu d’ombres et de lumières, ainsi que des reliefs. C’était trop lui demander et il a quitté son atelier, déprimé. Il a même remis en question ses propres choix. Mais sa passion a fini par l’emporter sur son envie d’abandonner et une semaine plus tard, il regagnait son atelier. Dans les mois de tourment qui ont suivi, le déclic s’est

produit. « Je suis passé de simple spectateur à un peintre initié, et j’ai fini par comprendre comment peindre. Et depuis, j’ai davantage confiance en moi. »

Peinture murale de Liu Xiaobei

Souffles de Chine

Dans une vidéo, Liu Xiaobei peint dans un décor pittoresque : rizières à perte de vue, montagnes verdoyantes et ondulantes, grand lac limpide, chant du coq… un paysage rural et paisible qui évoque un rouleau de peinture traditionnelle chinoise. Originaire de ce terroir, il s’y enracine et y est passionnément attaché. Il a d’ailleurs un faible pour les créations de style chinois en général. Cependant, sa peinture murale n’a pas été acceptée d’emblée par tout le monde. « Quand vous dessinez un oiseau, plus le rendu est fidèle, plus ils vous trouvent fort. Dès que vous sortez un peu du réel et y apportez quelques modifications, ils pensent que vous dessinez mal », dit-il pour expliquer les doutes de certains villageois. Le jeune muraliste a donc dû prendre son mal en patience et trouver un juste milieu entre sa conception artistique et leurs goûts esthétiques.

Ce n’est qu’après avoir peint des pandas en 3D chez un ancien du village que l’artiste s’est senti reconnu. En guise de remerciement, le vieillard lui a préparé une gelée de fruits, l’a prié de rester pour dîner et a même proposé de le rémunérer. Une motivation supplémentaire. Outre les pandas, ses autres œuvres ont par la suite commencé à être prisées dans le village, des portraits de la communauté locale aux représentations des paysages, en passant par les légendes et les animaux ayant trait à la culture traditionnelle chinoise. Parmi celles-ci, ses trois préférées sont Le costume turquoise, La grue des immortels et La lutte contre la pandémie. Les deux premières reprennent des symboles classiques de la culture chinoise – une catégorie de rôles dans l’opéra traditionnel et un animal représentatif de la peinture de paysage – pour faire ressortir une esthétique unique avec un fort impact visuel. La lutte contre la pandémie participe au néoclassicisme chinois et rend hommage au personnel en première ligne contre le Covid-19. C’est l’œuvre la plus appréciée du muraliste.

Peindre les rêves

La lutte contre la pandémie a marqué de nombreux enfants, si bien que certains d’entre eux ont confié à Liu Xiaobei leur rêve de devenir médecin. « Je pense que les enfants du village ont besoin d’être encouragés. De ma propre expérience, il ne faut pas se dire qu’une chose ou une autre est impossible et encore moins que la campagne restreint l’épanouissement personnel. Tant que vous avez des idées, vous pouvez toujours entreprendre beaucoup de choses. » Dans le village, il y a beaucoup d’enfants de travailleurs migrants, que Liu Xiaobei souhaite encourager par son art à poursuivre leurs rêves.

Il a pris l’habitude de parler avec eux de sujets qu’ils aiment, de les faire participer à ses créations, de leur inculquer des valeurs saines, de faire en sorte qu’ils ne se sentent pas inférieurs parce qu’ils sont nés à la campagne, et de les convaincre que leurs efforts seront récompensés. Parallèlement, il collabore avec des entreprises d’intérêt général pour que les enfants bénéficient de davantage de ressources.

« Quand vous vous mettez à la portée d’un enfant, vous commencez à avoir une place dans son cœur. Si en plus ce que vous faites est cool, il vous écoute, vous imite et vous prend comme modèle. Je pense que leur servir d’exemple revient à les guider dans leur pensée et leur conduite et à les influencer. » À l’époque, il s’inspirait de Qi Xinghua, mais désormais, il est devenu le Qi Xinghua des enfants du village. « Je rêve de peindre, puis je peins mon rêve », telle est une maxime de Van Gogh qu’il met en pratique.

Toutefois, le jour arrivera où son effervescence artistique retombera et plus aucun mur vierge ne restera au village. Quel chemin prendra-t-il alors ? Pour l’heure, il mise sur d’autres villages pour poursuivre et étendre son activité bénévole. Car, si sa peinture murale peut améliorer le cadre urbain, elle revitalise surtout la campagne.

Alors que les jeunes de son âge affluent dans les grandes métropoles pour dénicher des opportunités, Liu Xiaobei navigue à contre-courant pour retrouver son petit nid campagnard où il est devenu une « personne vraiment cool ».

Lire aussi:
 
Liens:
Xinhuanet CGTNfr China Tibet Online Le Quotidien du Peuple Radio Chine Internationale
Ambassade de Chine en France Ambassade de France en Chine Faguowenhua French.china.org.cn
La Chine au Présent Dialogue Chine-France Traduction en ligne

24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine


京ICP备08005356号-3 京公网安备110102005860