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L'artisanat du Guizhou sort des montagnes

MA LI, membre de la rédaction  ·  2023-01-01  ·   Source: La Chine au présent
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La collection de Lai Lei avec différents types de tissus faits à la main de l’ethnie dong

Le 26 novembre 2022, à Paris, le patrimoine culturel immatériel du Guizhou était à l’honneur dans le cadre d’un défilé qui a mis en valeur la diversité et la vitalité de son artisanat, de ses vêtements et de ses accessoires.

« Le batik et la broderie du Guizhou ont été adoptés par de grands noms du design à Paris. Les créations de mode auxquelles s’ajoute le patrimoine culturel immatériel ont été très présentes sur le podium. Cela nous a inspirés pour leur donner plus de vitalité », explique Zhang Xiaosong, vice-présidente de l’Association du tourisme du Guizhou et directrice du Centre de développement du tourisme rural du Guizhou. Elle souhaite faire connaître le patrimoine culturel immatériel de cette province, qu’elle décrit comme un « musée vivant du patrimoine culturel immatériel », qui a pu sortir des montagnes grâce à la transmission des savoir-faire et à l’impulsion donnée par la créativité et l’innovation.

Une nouvelle vie pour le batik de Zhijin

L’art du batik de Zhijin (un district au centre de cette province du sud-ouest de la Chine) est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel national depuis décembre 2021. On le fabrique à l’aide d’une sorte de couteau à cire spécial, appelé tonglayue (outil en laiton en forme de demi-lune). La cire d’abeille fondue et chauffée de 60 à 70 degrés recueillie dans la coupelle de l’outil permet de dessiner les motifs souhaités sur un tissu blanc, puis celui-ci est trempé à plusieurs reprises dans la teinture à l’indigo et séché au soleil. Après la dissolution de la cire dans l’eau bouillante et séchage naturel, des motifs radiaux créent un univers magnifique et magique, avec des éléments brodés en rouge et en jaune.

« La méthode traditionnelle du batik de Zhijin est un savoir-faire qui nous a été transmis. Tout est fait à la main au millimètre près sans règle ni compas. Les brodeuses tirent leur inspiration de la vie et du travail », remarque Cai Qun, qui a hérité de ce savoir-faire qu’elle transmet et développe depuis plus de dix ans. Elle parvient à engranger chaque année des dizaines de millions de yuans avec ses consœurs grâce à ses ventes dans une dizaine de pays, notamment les États-Unis, la République de Corée, le Japon et la Malaisie.

Zhijin compte actuellement plus de 110 coopératives de batik et avec le soutien des autorités et grâce au dynamisme des héritiers du patrimoine culturel immatériel, près de 40 000 brodeuses se livrent à cette activité. Elles gagnent ainsi leur vie et contribuent à transmettre et à développer diverses formes d’artisanats ethniques traditionnels tels que le batik et la broderie. C’est une « armée de femmes » pour la cause de la revitalisation rurale dans la nouvelle ère.

En avril 2023, Cai Qun présentera ses créations de batik et celles de ses consœurs à Paris, ce qui réjouit sa mère, âgée de 80 ans, qui a contribué à la transmission orale de ce patrimoine. Très longtemps confinés dans les montagnes, le batik et la broderie de l’ethnie miao sont désormais réputés à l’étranger. « Contrairement à beaucoup de gens qui aiment les produits modernes du patrimoine culturel immatériel, beaucoup d’autres aiment les produits faits main comme maman sait les faire. »

Boutique d’articles du patrimoine culturel immatériel du batik de Ninghang dans la préfecture autonome miao et dong de Qiandongnan (Guizhou), le 7 avril 2022

Un patrimoine tourné vers l’avenir

Le Guizhou est une zone à forte composante multiethnique et son patrimoine culturel immatériel riche est transmis et protégé. Ces dernières années, avec l’essor d’ « IP economy » (l’économie de la propriété intellectuelle), les plateformes de commerce électronique sont nombreuses et les produits de la province ont gagné en popularité, notamment dans les échanges culturels avec l’étranger.

« Le Guizhou compte 18 groupes ethniques traditionnels qui y échangent, coexistent et prospèrent ensemble, pour lui donner une grande diversité », déclare Mme Zhang. La province a appris de l’expérience étrangère en matière de transmission et de protection du patrimoine culturel immatériel. « Par exemple, à Taos, un village deux fois millénaire dans les collines du Nouveau-Mexique, les Amérindiens conservent encore leur savoir-faire raffiné en matière de fabrication et de cuisson de poterie… Les saris que les femmes indiennes aiment sont inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et il y a un slogan qui dit : ‘‘Que chaque femme du monde ait un foulard en soie indien’’. Cela nous a inspirés pour développer le secteur du patrimoine culturel immatériel. »

« La toile, le couteau en cuivre, la cire, l’indigo, le séchage et la chaleur… Chaque technique artisanale témoigne de la sagesse la plus simple des ancêtres, et chaque matière est un cadeau des plus généreux de la nature », souligne Mme Zhang. Tout comme le batik de Zhijin, de nombreux produits de l’artisanat appartiennent non seulement au passé, mais doivent aussi « entrer dans nos vies à l’avenir ».

« Sur la base de nombreuses visites et de bonnes expériences, nous avons mieux compris l’importance du rayonnement de chacune des cultures et de leur coexistence enrichissante », dit-elle. Dans le Guizhou, qu’il s’agisse des accessoires en argent, de la broderie, du batik, ou des chants de l’ethnie dong, tout cela reflète les spécificités uniques du patrimoine immatériel de la province. Au fil des années, les produits culturels et créatifs dérivés ont pu accéder à un marché plus large selon le principe de transformation créative et de développement innovant.

Atlier de batik de Ninghang, le 7 avril 2022.

La source vive de la transmission du patrimoine

Qu’il s’agisse du patrimoine culturel immatériel ou des créations du patrimoine culturel immatériel moderne, l’expérience montre que l’innovation et la formation sont impératives pour pouvoir trouver des débouchés et s’intégrer dans la vie des gens.

De 2016 à 2020, le service de la culture et du tourisme du Guizhou, en collaboration avec notamment la Fédération des femmes du Guizhou, a organisé et mis en œuvre le projet de formation « 10, 100, 1 000, 10 000 » pour la transmission des techniques traditionnelles d’artisanat et formé plus de 70 000 personnes. On compte actuellement plus de 500 000 personnes travaillant directement ou indirectement dans ce secteur, et 1,5 million de personnes en bénéficient financièrement, la valeur de la production annuelle dépassant quelque 6 milliards de yuans.

Lai Lei, qui a créé une entreprise d’art du tissu au Guizhou, a passé plus de 20 ans à visiter tous les villages du district de Rongjiang, à collecter d’innombrables échantillons de tissu de l’ethnie dong, et à créer des dossiers détaillés pour chaque type de matériaux tissés à la main pour en préserver le savoir-faire traditionnel. Pour que les métiers anciens créent de nouveau de la valeur, elle a formé gratuitement des dizaines de milliers de tisserandes dans la région. Les teintures à l’indigo des 24 termes solaires qu’elles ont tissées ont été présentées à la Fashion Week de Paris et le nombre d’apprentis ne cesse de croître. « Ces œuvres répondent aux goûts des jeunes et ne sont pas conventionnels. Nous avons donc trouvé la meilleure adéquation entre le patrimoine, l’innovation et la demande du marché », note Mme Zhang. « Derrière cet attrait des jeunes se cache un énorme marché. »

Yang Chenglan est la première étudiante à rentrer dans son village pour démarrer une entreprise à Rongjiang. Le tissu qu’elle fabrique est teint avec plus de 10 types de colorants végétaux de la famille de l’indigo. Son savoir-faire et ses méthodes de teinture simples et uniques lui ont permis de pénétrer des marchés en Chine et à l’étranger. Le prix de son tissu fait maison peut atteindre 400 yuans le mètre, et ses produits sont vendus au Japon et en Australie notamment. Elle a permis à 400 femmes du village d’augmenter leurs revenus. Ainsi, le tissu a soutenu 400 familles et développé et renforcé l’économie de son village natal.

Une ouvrière dessine des motifs sur un batik de Ninghang, le 7 avril 2022.

Les techniques du patrimoine culturel immatériel étant relativement compliquées et nécessitant du temps et de la main-d’œuvre, la plupart sont transmises oralement. Il faut donc trouver des modalités adéquates pour que les jeunes les apprennent et les transmettent, mais aussi qu’ils fassent prospérer ce secteur. Liu Zhi a fondé une plateforme de commerce électronique qui développe l’ensemble de la chaîne industrielle de l’indigo. En établissant des bases de plantation et de production d’indigo dans les campagnes, son entreprise a créé des centres culturels et créatifs ainsi que des ateliers de lutte contre la pauvreté et en faveur des mères de retour au village. Toute la chaîne industrielle est concernée et son action combine la revitalisation rurale et le tourisme culturel, faisant de l’indigo un nouveau moteur pour le développement économique local.

Mme Zhang remarque que pour stimuler et mobiliser l’enthousiasme des jeunes et leur permettre d’élargir le marché du patrimoine culturel immatériel, la diffusion en direct, le commerce électronique et les vidéos courtes peuvent faire d’eux des leaders et des créateurs pour des produits spécifiques, plutôt que de simplement les vendre. Elle estime qu’avec la participation des jeunes, le patrimoine culturel immatériel séduit immédiatement les gens. Les carnets, les tapis de souris, les câbles de données sur le thème de la broderie sont devenus des biens de consommation rapides que la jeune génération se précipite d’acheter.

Cet engouement des jeunes prouve que le patrimoine culturel immatériel est en phase avec son époque et qu’il ne s’agit pas d’un ensemble de techniques bonnes pour le musée et obsolètes. Les modalités d’expression sont très diverses et répondent à la demande du marché. Avec plus de jeunes qui prennent le relais et une créativité plus forte, le patrimoine culturel immatériel, c’est la vie. La source vive de la transmission et de l’innovation du patrimoine culturel immatériel du Guizhou est ainsi préservée.

 

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