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Un mode de vie zéro déchet dans un hutong de Beijing

DENG DI  ·  2022-06-08  ·   Source: La Chine au présent
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Yu Yuan

 

Savez-vous combien de produits en plastique jetables vous utilisez et abandonnez chaque année ? C’est un calcul qui peut prendre du temps. Mais pour Yu Yuan, la réponse est rapide et définitive : zéro.

Chaque matin, Yu Yuan se réveille dans sa chambre meublée avec sobriété : un lit, un placard, un bureau pour son ordinateur portable et plusieurs plantes en pot. Il ne lui faut que quelques secondes pour décider comment elle va se vêtir, puisque sa garde-robe ne compte pas plus de 50 articles. Elle s’habille rapidement et entame une toute nouvelle journée.

Yu Yuan loue un petit logement dans le hutong Beiluoguxiang, dans le centre-ville de Beijing. L’intérieur de son habitation est dépouillé, ce qui donne une impression de légèreté et de grandeur. Chaque objet a une histoire : la couverture en tissu gaufré blanc posée sur les draps a été achetée sur un marché de seconde main que la jeune femme et son petit ami ont organisé en octobre dernier, tandis que le support en bois du lavabo de la salle de bain a été déniché dans une poubelle, dans l’allée du hutong.

Lorsqu’elle cuisine, Yu Yuan ne prépare que la quantité dont elle a besoin. Les déchets alimentaires, tels que les épluchures de fruits et les racines de légumes, seront d’abord mis au réfrigérateur avant d’être jetés dans un bac à compost sur le balcon. Après un mois ou deux, ils deviendront du terreau naturel, une source de nutriment pour ses plantes.

La devise de Yu Yuan est de « tirer le maximum de chaque chose ». Mais elle admet que son mode de vie écologique actuel a été le résultat d’une évolution. Aujourd’hui encore, elle doit se rappeler constamment d’être vigilante contre les achats excessifs, et de ne pas laisser des objets et des informations externes empiéter sur son espace et son temps personnels.

Affronter l’anxiété

Quand elle était dans le début de la vingtaine, Yu Yuan s’adonnait au shopping à cœur joie. À l’époque, elle travaillait dans une multinationale et avait un beau revenu. Elle visitait fréquemment les centres commerciaux et achetait beaucoup de vêtements à la mode chaque mois. Mais peu à peu, elle a découvert que le bonheur apporté par la satisfaction matérielle n’était que temporaire, et que la plupart de ses besoins de consommation étaient en fait « créés » par les entreprises. Son temps était perdu en achats et en thésaurisation constants, et son espace de vie devenait de plus en plus encombré. Elle a commencé à être très anxieuse.

Le changement est survenu en 2016, lorsqu’elle a emménagé dans un nouveau logement. L’expérience du déménagement l’a presque fait s’effondrer. En emballant ses affaires, Yu Yuan a trouvé des centaines d’articles qu’elle utilisait à peine. Elle s'est mise à réfléchir sur son style de vie matérialiste.

« J’ai commencé en n’achetant plus le même genre de choses que j’avais déjà et en donnant des vêtements inutiles à des amis. Après que ma maison a été dégagée de tout encombrement, je me suis sentie plus détendue et plus libre », se souvient-elle. Plus important encore, son train de vie était beaucoup plus bas et elle était plus heureuse.

Cette grande joie intérieure l’a poussée à faire de plus grands changements, en s’inspirant de nombreux écologistes du pays et étrangers. Elle a commencé à sortir préparée : une tasse, un sac et des articles d’usage courant réutilisables dans son sac à main tous les jours. Elle n’a pas acheté d’eau en bouteille depuis près de six ans et elle refuse d’utiliser des produits en plastique jetables. Pour tous les autres besoins, son premier choix est de trouver des articles réutilisables plutôt que des articles jetables. Même pour ses règles, elle a remplacé les serviettes et les tampons menstruels par une coupe menstruelle qui peut être utilisée régulièrement pendant douze ans.

« Je me souviens que lorsque j’ai refusé pour la première fois les sacs en plastique des marchands de légumes au marché alimentaire, les gens étaient un peu surpris. Ils se demandaient comment j’allais pouvoir transporter des légumes et d’autres aliments à la maison sans sacs en plastique. Puis, petit à petit, en me voyant utiliser des sacs filets ou en tissu, ils ont compris que je ne voulais pas créer de déchets plastiques. Ils se sont montrés reconnaissants et solidaires. »

Au cours du processus, le point de vue de Yu Yuan sur la consommation a également évolué. Elle achète toujours des biens, mais seulement ce dont elle a vraiment besoin. Elle va dépenser des milliers de yuans pour se procurer un manteau confortable et durable, et chercher de vieux meubles sur le marché local de l’occasion. Elle maximise la valeur des choses en prolongeant leur durée de vie.

« Mon style de vie minimaliste m’a changée d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer », confie-t-elle. À présent, la salle de bain, la cuisine et la chambre de son logement sont très propres et bien rangées. « Avant, j’avais près de 300 vêtements, mais j’hésitais toujours quoi mettre. Maintenant, tous mes habits pour toutes les saisons tiennent dans une petite armoire, et il ne me faut que quelques secondes pour décider ma tenue de la journée. Posséder moins de choses facilite mes choix, ce qui me libère du temps. »

Consommation verte

Yu Yuan est maintenant une jeune entrepreneuse. Après avoir bénéficié émotionnellement de sa vie respectueuse de l’environnement, elle a quitté son emploi et s’est consacrée à la promotion de ce mode de vie auprès d’un plus grand nombre de personnes. Elle a ouvert un magasin près de chez elle, « The Bulk House (La Maison du vrac) », où elle vend des sacs en toile, des sacs filets, de la vaisselle en acier inoxydable, des ustensiles de cuisine en bois et d’autres produits zéro déchet. Dans un coin de la boutique, à laquelle on accède par une porte vert vif qui attire l’œil du visiteur, se dresse une petite étagère de livres d’occasion que les clients peuvent emporter.

The Bulk House promeut les règles d’or 6 R’s pour un mode de vie zéro déchet : refuser, réduire, réutiliser, réparer, recycler et composter (en anglais : Refuse, Reduce, Reuse, Repair, Recycle and Rot). Yu Yuan pense que la priorité absolue est désormais de lutter contre la surutilisation du plastique.

« Dans le monde, moins de 9 % des produits en plastique sont recyclés. Le reste est abandonné, et se retrouve soit dans l’air, soit dans la chaîne alimentaire, soit dans notre corps. Nous devons réduire l’usage des plastiques au niveau le plus fondamental et chercher des alternatives », insiste-t-elle.

The Bulk House traduit le concept zéro déchet en actions. Pour les marchandises achetées sur les plateformes en ligne du magasin, Yu Yuan ne choisit que des cartons biodégradables et du ruban de papier hydrosoluble à base de maïs pour l’emballage. Les cartons d’expédition sont recyclés. Elle évite également la mousse ou les sacs en plastique comme rembourrage dans les boîtes. Chaque colis est 100 % écologique. Le coût est plus élevé, mais selon Yu Yuan, « maximiser les ressources environnantes est ce qui compte vraiment ».

Pendant la pandémie de COVID-19, elle a lancé une marque indépendante appelée Lagom Planet, spécialisée dans la fabrication de tissus en pulpe de bambou respectueux de la forêt, d’huiles d’aromathérapie eco-friendly et de produits de soin de la peau. Lagom est un mot suédois qu’on peut traduire approximativement par « ni trop ni trop peu, juste ce qu’il faut ». Yu Yuan l’a découvert dans un livre suédois.

« Ce concept a quelque chose en commun avec ‘‘la doctrine de l’invariable milieu (Zhongyong)’’ en laquelle nous, Chinois, croyons depuis des milliers d’années. Cette marque représente mon attitude, qui est d’encourager tous ceux qui se soucient de l’environnement à trouver la meilleure solution qui soit à la fois bénéfique à leur vie quotidienne et à la nature. »

Aux yeux de Yu Yuan, la consommation favorise la production, le progrès technologique et le développement économique. Cependant, les problèmes urgents causés par une consommation excessive ne peuvent être ignorés. « Les habitudes de consommation irresponsables sont comme une bombe à retardement qui pourrait nuire à notre santé et à celle de notre planète à tout moment », s’inquiète-t-elle.

Elle estime que les consommateurs ont le droit d’exiger des producteurs qu’ils fabriquent des produits respectueux de l’environnement et utilisent des emballages recyclables. « Chaque choix que nous posons en tant que consommateurs est une voix en faveur d’un monde durable. »

Imitée par de nombreuses personnes

Ces dernières années, de nombreux jeunes Chinois, déçus par le consumérisme, adoptent un style de vie minimaliste, s’efforçant de n’employer que des objets ayant une vraie utilité. Sur les médias sociaux, beaucoup interviennent sur ce sujet.

Sur Douban, une communauté en ligne chinoise de type Reddit, où les utilisateurs rejoignent ou créent de nouveaux groupes pour discuter entre autres de littérature, de cinéma, de musique et de styles de vie, le « groupe minimaliste » est très actif et compte 367 000 membres. Ceux-ci préconisent un mode de vie dans lequel les gens n’achètent que les choses absolument nécessaires et font le meilleur usage de leurs achats. Alors que les citadins se sentent de plus en plus stressés, beaucoup se sont rendu compte que l’excès de biens matériels ne peut apaiser leur anxiété intérieure dans une vie bien remplie.

Yu Yuan participe souvent à de telles discussions en ligne et partage son expérience. L’année dernière, elle a organisé plusieurs activités où les visiteurs ont échangé des produits de seconde main. Elle pense que les déchets des uns sont susceptibles d’être le trésor des autres. Ces événements ont attiré des passionnés de différentes tranches d’âge.

« Beaucoup de mes amis ont commencé à réduire leurs déchets en suivant mon histoire. Ils apportent leurs propres sacs en tissu et contenants de nourriture lors de leurs achats et compostent les déchets de cuisine. Je crois qu’un grand nombre de personnes adoptant de petits changements ont un impact énorme. »

Aujourd’hui, Yu Yuan et son petit ami ne produisent qu’environ un litre de déchets par an. Et elle a des objectifs plus ambitieux : pour le rouge à lèvres vendu à The Bulk House, elle souhaite permettre aux consommateurs de remplir le récipient chaque fois qu’il est vide. Mais pour l'instant, elle n’a pas trouvé de support technique adapté. « Il reste encore pas mal de défis à relever », prévient-elle.

 

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