A la veille des congés de la Fête du Printemps, un mois avant la tenue de l’Assemblé populaire nationale (APN), Zhou Hongyu avait déjà bien classé ses propositions relatives à la motion de cette année. Sur une feuille de format A4, elles étaient numérotées sous forme de liste. Telle est la méthode de travail de ce député de l’APN depuis déjà 16 ans.

Sur cette liste, plus de la moitié concerne l'éducation. Sur ce sujet, comme sur son mandat à l’APN, Zhou Hongyu s’exprime de manière concise et claire, comme s'il s’adressait à ses étudiants de l'Université normale de la Chine centrale. La soixantaine passée, il a en effet plusieurs casquettes : membres du Comité permanent de la XIIIe APN, directeur adjoint du Comité permanent de l’Assemblée populaire de la province du Hubei, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université normale de la Chine centrale et doyen de l'Institut de recherche sur l’éducation du Fleuve Yangtsé.

En 2003, Zhou Hongyu, élu pour la première fois à l’APN, proposa la gratuité de l’instruction obligatoire de neuf ans dans les zones rurales, puis la gratuité des manuels scolaires. Vint ensuite le tour de la gratuité de l’enseignement professionnel dans le secondaire… Ces suggestions sont devenues des réalités en Chine aujourd'hui. « Cette année, je proposerai la gratuité de l'instruction pour les handicapés sur une durée de 15 ans. La réglementation entrera en vigueur en 2022. Certaines provinces le font déjà. J'espère accélérer ce processus dans le pays. Pourquoi toujours la gratuité ? Je dirais que c’est rationnel, que des conditions le permettent et que c’est pour le bien public. L'instruction obligatoire et l'enseignement professionnel secondaire sont déjà gratuits. Le droit à l’éducation des personnes handicapées est un problème d’équité, et c’est aussi notre maillon faible à l’heure actuelle. Il y a peu d'écoles, et dans la mesure où les deniers de l’Etat le permettent, il faut promouvoir une telle mesure », estime celui qui est aussi connu sous le pseudonyme de « Zhou la gratuité ».

Nombre de ses propositions sont étroitement liées au processus de réforme de l'éducation et coïncident avec des thèmes qui recueillent l’intérêt du grand public. Lors des « Deux sessions » de cette année dans la province du Hubei, Zhou Hongyu a ainsi proposé de donner aux enseignants un certain pouvoir disciplinaire, ce qui a mis la toile en ébullition. En fait, cette idée avait déjà été soulevée lors de la session de l’APN il y a deux ans. « Cela avait été mentionné pour figurer dans la Loi sur les établissements scolaires. J'avais demandé aux départements de l'éducation, et ils m’avaient dit que la Loi sur les écoles était assez difficile à élaborer. Ils préconisaient de voir si on pouvait l’appliquer au niveau local pour créer les conditions d'une législation nationale. Il me semble que c’est un problème national. Les enseignants n'osent pas critiquer certains comportements des élèves. Nous avons assisté à de très nombreux esclandres dans les écoles, ainsi que dans les hôpitaux. Ne pourrait-on pas défendre par la loi l’autorité légale des enseignants tout en les empêchant d’imposer des châtiments corporels aux élèves, de les frapper ou de les insulter. Je vais énumérer le contenu du pouvoir disciplinaire, à savoir ce qui en relève et ce qui n’en relève pas. Cela sera précisé dans la motion d’amendement à la Loi sur les enseignants. »

Les propositions de Zhou Hongyu sont basées sur une réflexion profonde, de nombreuses recherches, et des années de persistance et de retouches. Malgré les contraintes de temps, il avait prévu de se rendre dans des jardins d'enfants ruraux pour mener une série d'enquêtes spécifiques afin d’étayer la Loi sur l’éducation préscolaire qu’il appelle de ses vœux depuis sept ans. « Si vous êtes certain de quelque chose, vous lancez sans cesse des appels pour que cela se réalise. Plus vous êtes à ce poste, plus vous avez l'impression qu'il y a beaucoup à apprendre. C’est d’autant plus vrai qu’en tant que député expérimenté, il faut vraiment se montrer circonspect. »