Un goût pour la philosophie    

Thibaut a montré lors de ce voyage un grand intérêt envers l’histoire et la philosophie chinoises. Ce sont d’ailleurs les sujets qui ont été l’élément déclencheur de ses affinités avec la Chine.   

Après avoir fini son baccalauréat, Thibaut est arrivé à Clermont-Ferrand pour étudier les humanités. Parmi ses voisins, il fait la rencontre d’une étudiante chinoise de la province du Hubei, avec qui il partage la cuisine. Il échange quelques phrases en français contre le droit de goûter à l’appétissante nourriture chinoise qu’elle cuisine, et une amitié est née. Un soir où il était resté à jouer de la guitare dans la cuisine, il la voit lire un roman chinois, dont les pages couvertes de milliers de caractères le fascinent. C’est sa première initiation à la culture chinoise.   

Un an plus tard, Thibaut commence ses études à Sciences Po Lyon, où il rencontre et échange avec des étudiants venus de Macao et de Taiwan. Ces discussions le poussent à se demander si l’image de la Chine présentée par les médias français est juste : des villes immenses et polluées, un régime politique parfois caricaturé, une population timide et soumise… « Ces étudiants chinois ont vraiment été le déclencheur de mon orientation future vers la Chine », se souvient-il.   

À travers ses lectures, Thibaut découvre que dans la Chine antique, de nombreux courants de pensées interagissent, ce qui est à l’origine des débats intellectuels marquant l’histoire des idées, en particulier les querelles très intenses entre taoïstes et confucianistes. Plonger dans la philosophie, c’est sa manière à lui de comprendre le pays. « Je cherche à éviter à tout prix les descriptions de la Chine comme d’un bloc éternel, parlant d’une seule voix, ayant toujours été dans une même tradition. »   

Il s’intéresse aussi à la condition paysanne en Chine, une question d’actualité alors que les villes absorbent chaque jour plus de travailleurs migrants. « La Chine arrivera-t-elle à trouver une articulation entre ville et campagne ? Ce genre de débat est intéressant, et pas seulement pour la Chine », se demande-t-il.  

À ses yeux, il y a des trésors à découvrir pour un jeune étudiant en sciences politiques dans l’histoire et la philosophie chinoises.  

Des projets d’avenir   

Thibaut travaille dans une association d’accueil des étudiants internationaux à Sciences Po Lyon, où il s’occupe particulièrement de ses pairs chinois. Selon lui, le programme d’échange des étudiants franco-chinois est très important, entre autres parce que les étudiants chinois forment la deuxième population étrangère intégrée dans un parcours universitaire en France.   

Or, les échanges ne sont pas sans problème. Parmi les accrocs majeurs, il relève la difficulté d’accès aux services et le manque de contact avec les étudiants français. En effet, la plupart des universités françaises accueillent mal les étudiants chinois. D’abord, Elles négligent d’encourager des étudiants français à parrainer les nouveaux arrivants. De plus, le mandarin est peu ou pas employé, sans parler des informations en anglais qui sont peu présentes. Tout cela cause des maux de têtes aux étudiants chinois qui souhaitent ouvrir un compte de banque, louer un appartement, ou prendre un abonnement téléphonique.  

C’est sur cet enjeu que Thibaut décide d’intervenir, en lançant son propre projet de parrainage. Sitôt arrivé en France, il entame des démarches pour organiser des rencontres entre les parties prenantes et ouvrir des négociations sur de potentiels partenariats. 

« J’espère dans le futur pouvoir sensibiliser les différents acteurs français et chinois, universités et institutions, pour mieux prévenir l’isolement des étudiants chinois en France et encourager à la découverte mutuelle des jeunes franco-chinois, dit-il. Pour ma part, je vais essayer de créer des contacts avec des universités chinoises et montrer aux étudiants chinois comment avoir plus d’échanges avec les Français. C’est simple en fait, mais il faut faire le premier pas. Et pour les Français, il faut essayer de susciter leur intérêt envers les étudiants chinois. » 

Dans les années à venir, Thibaut prévoit mettre l’accent sur le sud-ouest de la Chine, particulièrement la province du Yunnan. Il compte d’ailleurs y trouver un emploi dans le milieu universitaire après l’obtention de son master à Lyon et espère pouvoir attirer plus de Français vers cette région frontalière d’importance stratégique pour la Chine.