Avec un environnement de plus en plus favorable aux films d'art en Chine, les jeunes réalisateurs disposent de plus de moyens de financement et de cannaux de distribution, a déclaré le réalisateur chinois Li Ruijun lors d'une interview accordée récemment à Xinhua en marge du 70e festival de Cannes. Son nouveau film "Walking Past the Future" est entré dans la compétition de la section "Un certain regard" du festival.

C'est la première fois que Li Ruijun participe au Festival de Cannes, mais ses oeuvres avaient déjà été sélectionnées par d'autres festivals internationaux. Son film "Fly with the Crane" avait été retenu dans la catégorie Horizons de la Mostra de Venise en 2012 et il avait présenté "River Road" au Festival international de Tokyo en 2014. Son cinquième long métrage, "Walking Past the Future", est le seul film chinois retenu dans la sélection officielle de la 70e édition du Festival de Cannes.

Le film, qui dépeint la vie d'une famille issue de la première génération de travailleurs migrants en Chine, a été largement salué par la critique samedi lors de sa projection.

Le réalisateur chinois s'est dit très "honoré et surpris" d'être sélectionné par le festival. Pour lui, "Walking Past the Future" reflète l'envers du développement social chinois en racontant une "histoire de famille et d'amour" qui pourrait toucher les spectateurs du monde entier.

Au sujet de l'absence des films chinois dans la compétition pour la Palme d'or, tout en soulignant qu'il s'agit possiblement d'un hasard, il a déploré que nombre de cinéastes chinois des films d'art se réorientent vers les films commerciaux face au marché en plein développement.

Ce sont les films commerciaux qui prédominent le marché du film chinois, ce qui est lié au système de distribution et l'"écosystème du marché", a analysé le réalisateur qui se classe du côté du film d'art.

Pour lui, le film commercial a pour but d'attirer les spectateurs, il est donc indispensable de faire des recherches de marché, repérer les spectateurs et leurs vedettes avant la production, alors que le film d'art est le fruit de la volonté de l'expression du réalisateur.

Depuis une décennie, l'environnement du marché est de plus en plus favorable aux films d'art, reconnaît Li Ruijun, notant que les moyens de financement et de distributuion ne cessent de se multiplier et se diversifier pour les films d'art, notamment avec la mise en réseau de salles "d'Art et Essai" en Chine.

Le réseau des salles "d'Art et Essai" répond aux attentes des spectateurs. Le réalisateur a confié à Xinhua que ces dernières années, le nombre de spectateurs connaît une forte augmentation, ce qui appelle à une offre diversifiée du marché. Les salles "d'Art et Essai" permettent d'attirer et de développer une audience fidèle aux films d'art. En outre, avec un réseau important de projection, les réalisateurs dits des films d'art ont davantage de possibilité de trouver les investissements.

Aux premières années de sa carrière, Li Ruijun, affronté aux manques de financement, ne pouvait que faire recours à la dotation des festivals du films et réduire les dépenses de production. La situation s'est beaucoup améliorée aujourd'hui, a-t-il fait savoir, ajoutant que les grands producteurs commencent à montrer l'intérêt aux films d'art.

Ce n'est pas facile pour les films d'art d'avoir un environnement favorable en continu, qui dépend non seulement du soutien des salles de cinéma, mais également de la subvention d'Etat, a-t-il conclu, "avec tout ce qu'il faut, le film d'art connaîtra un avenir prometteur en Chine".