La Chine face au nouveau paradigme de l'économie bas carbone |
Xu Bei L'annonce très remarquée des objectifs de réduction des émissions de la Chine et des Etats-Unis réchauffe l'atmosphère à la veille de l'ouverture du sommet de Copenhague. Depuis ces dernières années, le changement climatique, question étroitement liée au développement de nos sociétés, occupe une place de premier rang sur l'agenda politique international, et l'économie à faible teneur en carbone est devenue peu à peu la nouvelle tendance de l'économie internationale. « Avec ce nouveau paradigme de développement, la charge s'alourdit sur les épaules chinoises », a constaté Zou Ji, directeur adjoint du département Environnement à l'Université du Peuple de Chine, premier représentant en Chine de l'Institut des Ressources mondiales (IRM). Différents pays, intérêts divergents L'économie bas carbone est un modèle basé sur la faible consommation énergétique, un niveau de pollution et des émissions peu élevés, susceptible d'opérer une mutation radicale du concept de développement des sociétés humaines, et requérant des technologies innovantes, et nécessitant une réforme structurelle de l'industrie. Malgré la crise financière en arrière-fond, certains y voient le nouveau point de croissance tant espéré. Mais selon le professeur Zou, cette perspective reste quelque peu subjective. « A différents pays, différentes situations. Si ce nouveau modèle économique peut permettre de gagner un point de croissance dans les pays occidentaux, cela ne sera pas possible pour la Chine dans les dix ans à venir », a-t-il indiqué. « Depuis des décennies, nous copions les réussites de la Révolution industrielle occidentale. Bien que l'écart technologique entre la Chine et les pays développés se réduise progressivement, l'économie à faible teneur en carbone requiert beaucoup plus d'efforts et de temps pour une Chine partie plus tard que les pays développés », a ajouté Zou.
Un défi bien spécifique La houille représente actuellement près de 70 % de la consommation énergétique totale de la Chine. Au regard des perspectives économiques à long terme, la Chine est encore en phase de construction de ses infrastructures, cette étape exigeant un grand besoin en énergie, et engendrant les émissions qui s'y rapportent. Les pays développés ont quant à eux réalisé cette phase il y a des dizaines d'années. Par ailleurs, la Chine affronte encore des difficultés financières et accuse un retard technologique dans le développement des énergies solaire, nucléaire et des nouvelles énergies, sans compter les problèmes sociaux qu'engendre la mutation vers l'économie à faible teneur en carbone. « Si l'on ferme les entreprises les plus énergivores et les plus polluantes sur-le-champ, des problèmes sociaux surgiront, le chômage en premier. Les Chinois ne sont pas encore bien préparés pour entrer dans l'ère du bas carbone », a dit Zou. Indispensable transfert technologique Selon Zou Ji, la Chine doit impérativement surmonter les obstacles technologiques, et rechercher une nouvelle voie de développement vers l'économie verte. « L'établissement du système et des politiques régulant le marché jouera un rôle important dans le développement de ce nouveau modèle économique », a remarqué Zou. « En ce qui concerne les technologies de réduction des émissions, nous avons besoin de la coopération internationale et du transfert des technologies des pays développés. Cela accéléra notre entrée dans l'ère de l'économie à faible teneur en carbone. Nous espérons donc que les pays développés adoptent des mesures concrètes en la matière ». « Le changement climatique n'est pas un simple problème environnemental. Nous devons mener une réflexion de fond sur la stratégie nationale en terme de technologies et de développement économique, ainsi que sur notre stratégie de relations internationales », a conclut Zou. Beijing Information |