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Une double dynamique |
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JIANG XIAOJUAN* · 2024-08-04 · Source: La Chine au présent | |
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Le 20e Comité central du Parti communiste chinois tient sa troisième session plénière à Beijing du 15 au 18 juillet 2024, en présence de Xi Jinping, Li Qiang, Zhao Leji, Wang Huning, Cai Qi, Ding Xuexiang et Li Xi.
Depuis 1978, la politique de réforme et d’ouverture de la Chine joue un rôle essentiel en propulsant le pays vers de grandes réalisations. Sa voie de développement distincte et unique a prospéré grâce à un système et à des mécanismes qui ont été continuellement affinés et renforcés par des réformes permanentes. Aujourd’hui, le pays entre dans une phase de modernisation aux caractéristiques chinoises.
Les réformes institutionnelles de la Chine peuvent être classées en deux types : les réformes axées sur le développement et celles axées sur la gouvernance. La phase initiale des réformes axées sur le développement a débuté avec la troisième session plénière du 11e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) en 1978 et la transition vers un équilibre entre les deux types de réformes a débuté lors de la troisième session plénière du 18e Comité central du PCC en 2013.
Cette transition est essentielle pour l’objectif de renouveau national de la Chine, qui vise à promouvoir le développement et à garantir la stabilité sociale dans un contexte de changements mondiaux d’une ampleur sans précédent. De plus, elle joue un rôle central dans la réalisation de la vision chinoise de la modernisation.
Deux orientations
Au début de la réforme et de l’ouverture, les forces productives de la Chine étaient sous-développées. L’accent a donc été mis sur les réformes axées sur le développement pour libérer et renforcer ces forces. Il s’agissait de dynamiser les acteurs du marché, d’accélérer la croissance économique et d’améliorer le niveau de vie de la population ainsi que la puissance économique nationale.
Des réformes clés de cette phase comprenaient les réformes rurales de la fin des années 1970, la restructuration des entreprises publiques et les ajustements du système de tarification au début des années 1980. Ces réformes visaient à faciliter la transition d’une économie principalement contrôlée par l’État vers une économie intégrant davantage de mécanismes de marché.
La troisième session plénière du 14e Comité central du PCC en 1993 a proposé la mise en place d’une économie de marché socialiste, dans laquelle le marché jouerait un rôle fondamental dans l’allocation des ressources, sous le contrôle macroéconomique national. Cette approche a été renforcée lors de la troisième session plénière du 16e Comité central du PCC en 2003, qui a proposé d’étendre le rôle fondamental du marché dans la distribution des ressources.
Durant cette période, les initiatives de réforme se sont principalement concentrées sur l’établissement et le perfectionnement de l’économie de marché socialiste. L’objectif était de stimuler la motivation des personnes, des entreprises et des gouvernements locaux, de libérer et de développer les forces productives, et de favoriser une croissance économique durable et solide.
Dans la poursuite des réformes axées sur le développement, l’accent a été mis sur la modernisation du système de gouvernance nationale et l’amélioration de ses capacités. Ce changement avait pour but de fournir des cadres institutionnels solides pour construire un pays socialiste moderne.
En 2013, lors de la troisième session plénière 18e Comité central du PCC, un texte de décision sur les principales questions relatives à la réforme globale a été adopté, faisant des réformes axées sur la gouvernance l’objectif primordial de la réforme du pays.
Ce document a élargi le champ d’application des réformes axées sur la gouvernance pour améliorer et développer le socialisme aux caractéristiques chinoises et moderniser le système de gouvernance nationale de la Chine. Il a ciblé de nombreux secteurs, notamment l’économie, la politique, la culture, la société, l’écologie, la défense nationale, l’armée et la gouvernance du Parti, soulignant que la réforme du système économique devait être au cœur de cette réforme globale. La tâche principale était d’équilibrer les rôles du gouvernement et du marché dans l’allocation des ressources.
Après plus de 30 ans de réformes axées sur le développement, la résolution des problèmes apparus est devenue une priorité, nécessitant une attention urgente à des questions telles que l’éradication de la pauvreté, l’instauration d’un État de droit, et la réalisation d’une prospérité commune et d’un environnement durable. Franchir ces obstacles était nécessaire pour atteindre l’objectif d’une société de moyenne aisance dont la réalisation était cruciale pour la modernisation de la Chine.
Le maintien d’une croissance économique régulière et la création d’emplois demeurent des objectifs essentiels. La nécessité de réformes axées sur le développement pour libérer et renforcer les forces productives est toujours d’actualité. Un développement de haute qualité nécessite à la fois des réformes axées sur le développement et sur la gouvernance pour soutenir la croissance et améliorer l’efficacité de la réglementation.
Lancement de la fusée porteuse Longue Marche-5 Y8 avec à son bord la sonde Chang’e-6 depuis le site de lancement spatial de Wenchang, à Hainan, le 3 mai 2024
La réforme dans sa nouvelle phase
L’objectif de la réforme dans la nouvelle phase est de fournir des garanties institutionnelles pour la voie chinoise vers la modernisation. La libération et le développement des forces productives, ainsi que la mise en place de capacités de gouvernance adaptées à l’État moderne, restent les deux fils conducteurs de la réforme.
Le pays s’engage sur la voie de la modernisation en deux phases, visant à atteindre, d’ici à 2035, un PIB par habitant aligné sur celui des pays moyennement développés. Actuellement, l’environnement mondial est caractérisé par une complexité et une incertitude croissantes, exacerbées par les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 et par les ajustements structurels à long terme en cours.
Pour relever ces défis, la Conférence centrale 2023 sur le travail économique a mis en exergue l’importance de dynamiser les moteurs de croissance internes de la Chine. Il est impératif pour le pays de favoriser une réforme plus approfondie et une ouverture de haut niveau pour améliorer la productivité et la vitalité économique.
Le gouvernement central a introduit le concept de « nouvelles forces productives de qualité », mettant l’accent sur la haute technologie, l’efficacité et la qualité, conformément aux principes de la philosophie chinoise de développement de haute qualité.
En parallèle aux réformes économiques, des réformes dans l’éducation, la science et la technologie sont nécessaires pour générer de nouveaux moteurs de croissance pour un développement de haute qualité.
Il convient de noter que les réformes orientées sur la gouvernance visent à résoudre la contradiction entre un développement déséquilibré et insuffisant et l’aspiration croissante de la population à une vie meilleure. Dans ce processus, l’amélioration institutionnelle pour l’harmonie sociale, la prospérité commune et la protection de l’environnement ne peut et ne doit pas être interrompue. À mesure que le niveau de vie s’améliore, il devient nécessaire de mettre en place des réformes qui améliorent la qualité des produits et des services, et renforcent les réglementations en matière de qualité et de sécurité.
Les tâches à accomplir
Après plus de 40 ans de progrès, l’accent est mis sur l’avancement des réformes et de l’innovation, avec une priorité donnée à l’augmentation de la productivité totale des facteurs.
Cela comprend des initiatives telles que la fixation des prix des facteurs en fonction de l’offre et la demande, l’uniformisation des conditions de concurrence pour tous les types d’entreprises, la promotion d’une réforme de la propriété mixte dans les entreprises publiques et l’instauration d’un système de supervision des actifs de l’État. Il est également nécessaire d’accélérer les mouvements de populations entre les zones urbaines et rurales, et de renforcer le rôle du marché dans l’allocation transfrontalière des ressources.
Les réformes axées sur la gouvernance doivent quant à elles se concentrer sur la résolution des conflits sociaux et le renforcement de l’harmonie sociale. Cela implique de définir clairement les rôles et les responsabilités financières des gouvernements central et locaux, afin de déléguer davantage de pouvoir décisionnaire aux gouvernements locaux.
Une réforme fiscale doit être encouragée pour garantir que les prestations sociales coïncident avec les recettes fiscales afin de maintenir la viabilité budgétaire des gouvernements locaux. Les recettes provenant du transfert des ressources rurales doivent être utilisées en priorité pour renforcer la sécurité sociale de la population rurale.
Il est essentiel de protéger les intérêts du secteur privé et d’éviter toute pratique discriminatoire. Des efforts doivent être déployés pour favoriser le développement vert par l’amélioration des mécanismes institutionnels, notamment par l’adoption de lois, de plans et de normes, la diffusion d’informations, l’instauration de mesures financières et la création de marchés du carbone, afin d’intégrer la protection écologique et environnementale au développement économique.
En outre, le renforcement de la gouvernance sociale au sein des communautés est essentiel, notamment par le transfert de la gouvernance et des services vers les niveaux communautaires et la réponse à la demande croissante du public pour plus de transparence et de participation dans la gestion sociale.
*JIANG XIAOJUAN est présidente de la Société chinoise d’économie industrielle et professeure d’économie à l’Université de l’Académie des sciences sociales de Chine.
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