Un technicien de China National Biotec Group teste un vaccin contre le COVID-19, le 11 avril 2020. (Photo : Xinhua)

La Chine a commencé la vaccination des groupes prioritaires contre le COVID-19 au début de l’hiver. Le Guangdong a vacciné 180 000 personnes au 22 décembre 2020, a déclaré Duan Yufei, directeur de la Commission de la santé de la province, précisant qu’il n’y avait pas eu d’effets indésirables. Même chose à Wuhan, deux jours plus tard.

« Les vaccins seront administrés aux groupes prioritaires, à savoir à ceux qui manipulent les produits importés de la chaîne du froid et à ceux travaillant dans des secteurs très exposés comme l’inspection portuaire et la quarantaine, l’aviation, les transports publics, les marchés de produits frais, les soins médicaux et le contrôle de la maladies », a déclaré Cui Gang, un responsable de la Commission nationale de la santé (CNS), lors d’une conférence de presse le 19 décembre 2020. Seront également vaccinés ceux qui prévoient de travailler ou d’étudier dans des pays et des régions à risque moyen ou élevé d’exposition au virus, a-t-il ajouté, précisant qu’avec l’accroissement de la production et de l’offre, la vaccination sera étendue. « Cela va progressivement ériger une barrière immunitaire pour stopper la propagation du COVID-19 en Chine. »

Une course contre le virus

Des vaccins sûrs et efficaces sont considérés comme la meilleure arme pour remporter la bataille contre la pandémie.

Après que des scientifiques chinois aient partagé la séquence génétique du nouveau coronavirus avec le monde en janvier 2020, des scientifiques de nombreux pays se sont joints à la course au vaccin. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au 16 décembre 2020, 222 vaccins candidats étaient développés dans le monde, dont 56 en cours d’essais cliniques.

Les vaccins contre le COVID-19 ont été classés comme la percée scientifique la plus importante en 2020 par le magazine américain Science. « Les vaccins contre le COVID-19, dont on a désespérément besoin, qui sont développés et testés à une vitesse record, sont la percée de 2020 », affirme la revue dans un article le 17 décembre 2020.

La Chine a été un pionnier. En mars 2020, le vaccin vecteur adénovirus développé par une équipe dirigée par Chen Wei, expert biomédical à l’Académie des sciences médicales militaires, est devenu le premier vaccin à entrer dans un essai clinique de phase un dans le pays. En avril 2020, un essai clinique de phase deux a commencé à Wuhan, une première. Deux articles publiés par l’équipe dans la revue médicale britannique The Lancet en mai et juillet 2020 ont montré que le vaccin est sûr et peut induire une réponse immunitaire.

L’épidémie ayant été efficacement contenue en Chine, le pays n’avait plus les conditions lui permettant d’effectuer des essais cliniques de phase trois. C’est donc à l’étranger qu’ils se sont déroulés. A l’heure actuelle, les cinq vaccins actuellement en phase trois comprennent deux vaccins inactivés développés par China National Biotec Group (CNBG), une filiale du géant pharmaceutique chinois Sinopharm ; un vaccin inactivé fabriqué par Sinovac Biotech ; un vaccin vecteur adénovirus développé par l’Académie des sciences militaires et CanSino Biologics, basée à Tianjin ; et un vaccin sous-unitaire recombinant conjointement mis au point par Anhui Zhifei Longcom Biopharmaceutical et l’Institut de microbiologie de l’Académie des sciences de Chine.

Une campagne de vaccination d’envergure

Le mécanisme conjoint de prévention et de contrôle contre le COVID-19 du Conseil des affaires d’Etat a ordonné une inspection stricte de la qualité des vaccins, son transport dans le respect de la chaîne du froid, ainsi que la livraison rapide et ciblée des vaccins, a déclaré Zeng Yixin, vice-ministre de la CNS. Et de souligner l’importance de fournir un soutien et des services médicaux, en particulier un traitement en temps opportun, et la notification de tout effet indésirable pendant le processus de vaccination.

La Chine a autorisé l’utilisation d’urgence des vaccins contre le COVID-19 en juin 2020. Plus d’un million de doses ont été injectées en urgence depuis juillet, a fait savoir M. Zeng le 19 décembre 2020. Parlant de l’innocuité et de l’efficacité des vaccins, il a précisé qu’aucune réaction indésirable grave n’avait été signalée, et parmi les vaccinés, 60 000 se sont rendus dans des zones à haut risque à l’étranger et aucun n’a contracté d’infection grave. Deux vaccins inactivés développés l’un par CNBG, et l’autre par Sinovac Biotech, qui sont tous en phase trois d’essais cliniques à l’étranger, ont été utilisés. Au total, 150 000 doses ont été administrées à 75 000 personnes à l’étranger au cours des essais cliniques de phase trois et aucune menace sérieuse pour la sécurité n’est survenue, a déclaré M. Zeng. C’est sur cette base que la Chine a décidé d’entamer l’inoculation à grande échelle parmi les groupes prioritaires, a-t-il précisé.

M. Zeng a néanmoins estimé que bien que les vaccins soient sûrs et efficaces, les gens doivent continuer à prendre des mesures de protection après avoir été vaccinés, comme le port de masques, le respect de la distanciation sociale et le lavage fréquent des mains, car aucun vaccin ne peut assurer une protection à 100 %.

La situation à l’étranger

D’autres pays ont également commencé une vaccination à grande échelle contre le COVID-19. Le Royaume-Uni l’a débutée le 8 décembre 2020. L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a autorisé un vaccin pour une utilisation d’urgence aux Etats-Unis le 10 décembre, la première personne vaccinée étant une infirmière d’une unité de soins intensifs, le 14 décembre.

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis utilisent le vaccin à ARN messager développé par la société pharmaceutique américaine Pfizer en partenariat avec l’allemand BioNTech. Le vaccin à ARN messager est un nouveau type de vaccin qui informe les cellules pour qu’elles produisent une protéine, ou juste un fragment de celle-ci, pour déclencher une réponse immunitaire. Le vaccin est devenu le premier au monde à révéler ses résultats des trois phases d’essais cliniques, avec un taux d’efficacité de 95 %.

A la mi-décembre 2020, un vaccin développé par la société de biotechnologie américaine Moderna a également été autorisé pour une utilisation d’urgence par la FDA.

Les sociétés pharmaceutiques du monde entier intensifient leur production. BioNTech coopérera avec le groupe Shanghai Fosun Pharmaceutical pour livrer un million de doses de vaccins à Hong Kong au premier trimestre 2021. Les deux sociétés ont annoncé le 16 décembre 2020 qu’une fois que le vaccin à ARN messager développé par Pfizer et BioNTech recevra le feu vert pour entrer sur le marché chinois, elles fourniront au moins 100 millions de doses à la Chine en 2021.

Yang Xiaoming, président de CNBG, a fait savoir que la société pourra produire un milliard de doses en 2021. Par ailleurs, la capacité de production de Sinovac Biotech devrait atteindre annuellement 300 millions de doses en 2021. Il y aura néanmoins, selon les initiés, un grand écart dans la capacité de production de vaccins et l’approvisionnement sera soumis à de fortes pressions à court terme.