Zhao Qianqing range le dressing dans l’appartement d’un client. (Photo fournie gracieusement)

Zhao Qianqing – un nom d’emprunt car elle a souhaité conserver l’anonymat – a fait de l’organisation d’intérieur son métier, et depuis qu’elle a repris son activité en mai, elle ne sait plus où donner de la tête.

Mme Zhao nous décrit une de ses clientes typiques. La quarantaine, elle vit dans un grand appartement encombré, mais le dressing est trop petit et les vêtements sont empilés pêle-mêle. Elle a du mal à s’y retrouver. Elle a donc fait appel aux services de Mme Zhao et à son équipe. Il leur aura fallu trois jours pour tout ranger, du dressing au cellier, le tout conçu et organisé avec soin. Encore une cliente satisfaite ! Le mari de cette cliente était pourtant dubitatif : une organisatrice d’intérieur ? Pourquoi payer autant pour ranger son appartement ? Un stéréotype qui colle à la peau de Mme Zhao et de ses collègues.

Organiser l’intérieur, un défi

La tendance est née aux Etats-Unis et a prospéré au Japon. Elle débarque juste en Chine. Beaucoup pensent qu’il s’agit simplement de faire le ménage, mais Mme Zhao précise que le ménage, c’est pour nettoyer, alors que l’organisation d’intérieur a pour objet de ranger, à savoir de planifier de manière rationnelle la relation entre l’espace, les objets et les personnes. « Le but est de mettre tout le monde à l’aise et de créer un environnement familial harmonieux. » Une véritable gageure !

Tout commence par un diagnostic. Il s’agit dans un premier temps de connaître les habitudes du client, la structure familiale du foyer, mais aussi de recenser les objets avant de s’intéresser ensuite à l’agencement de l’espace, de mesurer les espaces de stockage et de rangement. Tout est photographié et enregistré. L’entreprise élabore ensuite un plan qu’elle soumet à l’approbation du client, avant de mettre la dernière touche. « Ce n’est pas un travail répétitif et standardisé. Si la configuration et les objets sont similaires, les modes et habitudes de vie sont différents, et il faut s’y adapter. »

Selon Mme Zhao, un bon organisateur d’intérieur doit non seulement faire du rangement, mais également s’occuper des relations interpersonnelles. Prenant pour exemple trois générations sous le même toit, elle explique que chacune a ses propres habitudes et qu’il faut en tenir compte.

Avant de se lancer dans ce métier, Mme Zhao vendait des logiciels. Il y a trois ans, elle a débuté son activité d’organisatrice d’intérieur à temps partiel, préparant les plans le soir et se rendant chez ses clients le weekend. Ne pouvant plus concilier les deux emplois, elle a alors décidé de se consacrer à 100 % à sa passion. Une décision qui a été motivée par les perspectives d’avenir prometteuses en Chine.

Un métier émergent

L’épidémie de COVID-19 étant progressivement sous contrôle, Mme Zhao a vu son activité redémarrer sur les chapeaux de roue. « J’ai eu deux commandes quand j’ai repris le travail en mai, quatre ou cinq en juin. En juillet, mon carnet de commande était plein, et il est déjà rempli pour tout le mois d’août », dit-elle, en précisant qu’elle travaille parfois jusqu’à deux heures du matin.

Durant l’épidémie, les gens sont restés chez eux et beaucoup postait des photos sur les réseaux sociaux de leur intérieur et du stockage qu’ils effectuaient. Certains ont alors commencé à réfléchir sur la façon de ranger rationnellement leur domicile. De plus, beaucoup d’entreprises ont été touchées pendant l’épidémie et les gens ont commencé à prendre conscience de la nécessité d’avoir un métier de rechange. L’épidémie a également incité les gens à chérir la vie de famille et acquérir des compétences dans la vie quotidienne.

Zhao Qianqing se réjouit du succès et de la reconnaissance de sa profession. Selon elle, la demande pour un meilleur cadre de vie et une meilleure qualité de vie a généré ce secteur d’activité, et la demande ira croissante.

Il y a quelques jours, une enquête menée par le Centre d’études sociales du Quotidien de la jeunesse de Chine auprès de 2 000 personnes âgées de 18 à 35 ans a montré que la quasi-totalité des jeunes interrogés déclaraient qu’ils seraient prêts à s’orienter vers une nouvelle carrière si l’occasion se présentait. Mme Zhao constate que la plupart des jeunes qui ont rejoint son équipe récemment sont nés après 1995 et beaucoup d’entre eux sont des jeunes diplômés à la recherche d’un emploi.