Mentougou est un arrondissement rural et majoritairement montagneux situé à l’ouest de Beijing, un véritable casse-tête pour les transports en commun. Les zones les plus reculées sont désormais depuis quelques mois désenclavées, pour le plus grand bonheur des habitants, principalement des personnes âgées.

Le trajet de 73 kilomètres entre l’arrêt Zhaitang de la ligne de bus 892 à Mentougou et le terminus de Pingguoyuan sur la ligne 1 du métro, pour accéder directement au centre de Beijing, prend trois bonnes heures. Un bus en part toutes les demi-heures. Cet arrêt est devenu une véritable plateforme routière permettant de desservir des villages reculés via le réseau Intervillage 892.

Zhang Dehui conduit un bus de l’Intervillage 892 à Mentougou (Photo : Liang Xiao/Beijing Information)

Zhang Dehui est originaire du village de Xiaolongmen, à Mentougou. Ce chauffeur a travaillé 10 années durant pour les transports publics de Beijing avant de revenir dans ses montagnes natales en 2015. Il ne le regrette pas. « Quand vous allez dans les montagnes, vous constatez que les villageois sont particulièrement dépendants de l’Intervillage », dit-il avec fierté.

Yin Junhui est vice-directeur d’exploitation de la société de transports en commun de Beijing. La société collabore avec les autorités de Mentougou et les services des transports locaux. Il y a désormais 37 liaisons Intervillage qui couvrent tout l’arrondissement depuis fin 2018. « Aujourd'hui, les jeunes travaillent essentiellement en ville. La plupart de ceux qui restent sont des personnes âgées qui ne conduisent pas, et la demande de transports en commun est particulièrement importante », explique-t-il. Il a participé à toutes les étapes du projet et le défi était substantiel : la plupart des villages concernés étaient très éloignés, peu peuplés et difficiles d’accès. Il a donc fallu établir une gare routière de transit à Zhaitang et ouvrir plusieurs lignes secondaires avec des véhicules adaptés. Il a par ailleurs été nécessaire de négocier avec les autorités locales pour financer l’élargissement des routes et les mettre aux normes. « Beaucoup de gens pensent que le 892 est une ligne de bus, ce qui est en réalité inexact. Après avoir emprunté la ligne principale M22 en direction de Zhaitang, les passagers qui veulent se rendre dans un village éloigné doivent changer. »

Yin Junhui se rappelle qu’avant la mise en service de l’embranchement M34 de la ligne 892, un panneau avait été installé à l’arrêt de Xidamo. Le chef de ce village s’en était particulièrement réjoui pour ses administrés, une quarantaine de personnes âgées principalement. La ville la plus proche étant à 10 kilomètres, c’est en effet lui qui s’y rendait en voiture pour les emplettes. Maintenant, avec la gratuité pour les plus de 60 ans, les villageois sont autonomes.

La ligne permet aussi le développement de ces villages car de plus en plus de ruraux veulent vendre leurs produits sur le marché de Zhaitang. Par ailleurs, la zone possède un fort potentiel touristique, comme en témoigne la popularité du village typique de Cuandixiacun.

L’Intervillage 892 compte 58 véhicules, 50 équipes composée d’un chauffeur et d’un préposé, avec 164 départs quotidiens couvrant 7 123 kilomètres de parcours et transportant 3 600 passagers. Le prix des billets ne couvre évidemment pas les charges. « Cette ligne ne peut pas être bénéficiaire », précise Jian Jianbo, un secrétaire d’une branche du Parti de la société. Les autorités locales contribuent au financement. « Les fonds investis par le gouvernement ne permettent pas de couvrir entièrement les charges d’exploitation, et nous finançons le reste. En tant qu'entreprise d’Etat nous sommes en phase avec l'objectif des autorités locales visant à répondre aux besoins de la population. Notre ligne a pour objectif de servir la population. »