Le 1^er novembre 2018 a marqué le 60^e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et la Chine. À cette occasion, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec l’ambassadeur du Royaume du Maroc en République populaire de Chine, M. Aziz Mekouar, sur des sujets aussi variés que les échanges commerciaux entre les deux pays et la place du Maroc au sein de l’initiative « la Ceinture et la Route ». 

CHINAFRIQUE : Cette année marque le 60^e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Maroc. Le Maroc figure parmi les premiers pays africains à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine. À l’heure actuelle, quels sont les points saillants des relations entre les deux pays ?    

Durant les 60 dernières années, nos deux pays et nos deux peuples ont eu l’occasion de se découvrir, de se connaitre et de s’apprécier. Cependant, le Maroc et la Chine entretiennent des relations millénaires depuis le voyage d’Ibn Battuta en Chine et celui de Wang Dayuan au Maroc. Nos deux pays ont cultivé des relations commerciales et les échanges de biens à travers la Route de la soie.   

Les acquis de ces relations sont très nombreux et les deux pays ont patiemment construit une coopération qui englobe tous les domaines. L’apogée de cette amitié basée sur le principe du gagnant-gagnant fût la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Chine, au cours de laquelle 15 accords et mémorandums d’entente ont été signés dont l’Accord de partenariat stratégique global. Au cours de cette visite, Sa Majesté et le Président Xi Jinping ont développé des liens personnels solides et cette amitié entre nos deux chefs d’État nous ouvre des perspectives prometteuses pour le futur de nos relations bilatérales. 

L’année dernière, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente sur « la Ceinture et la Route », marquant une étape importante dans le développement des relations bilatérales. Quelles sont les opportunités apportées au Maroc par cette initiative ?  

« La Ceinture et la route », née de la grande vision du Président Xi Jinping, est une initiative qui va permettre de développer le commerce et les échanges dans tous les secteurs d’une manière considérable. Le Maroc, dont la position géographique est unique, y trouve naturellement sa place. Situé au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient, disposant d’infrastructures de niveau mondial, comme le port de Tanger-Med, de très nombreuses autoroutes et lignes de chemin de fer, dont une ligne à très grande vitesse, il présente de nombreux atouts. La signature de ce mémorandum d’entente est donc parfaitement dans l’ordre des choses.    

Bien sûr, nous espérons que cette étape nouvelle dans nos relations soit importante et qu’elle permettra à nos deux pays d’en profiter mutuellement. Elle est conforme à la volonté de nos dirigeants d’instaurer une coopération Sud-Sud qui soit une nouvelle voie pour le développement de nos deux pays et de nos deux peuples. Le Maroc compte étoffer davantage ses infrastructures et mettre à niveau l’ensemble de son territoire. « La Ceinture et la Route » est un excellent moyen pour y parvenir.  

La Chine est actuellement le troisième partenaire commercial du Maroc. Depuis la mise en œuvre de la politique d’exemption de visa pour les citoyens chinois en juin 2016, le tourisme est devenu un nouveau moteur de croissance commerciale entre les deux pays. Dans quels autres domaines les deux pays peuvent-ils renforcer encore leur coopération commerciale ?    

La coopération commerciale entre nos deux pays est déjà excellente, mais en deçà de nos attentes. Dans le domaine du tourisme, la décision de Sa Majesté d’exempter de la formalité de visas l’ensemble de nos amis chinois a donné un nouvel élan au secteur. Le marché des touristes chinois a progressé de 240 % en 2017 et les six premiers mois de l’année 2018 ont confirmé cette tendance.    

Mais d’autres domaines peuvent être mieux développés. En fait, on peut considérer que l’ensemble des domaines commerciaux est concerné, car les potentialités de nos deux pays sont immenses. Nous comptons beaucoup sur la Foire internationale des importations de Shanghai pour insuffler une nouvelle dynamique à cette coopération commerciale et offrir aux opérateurs marocains de nouveaux marchés. Dans le domaine de l’agroalimentaire, notamment, de nombreuses opportunités se présentent, car ce secteur est très performant au Maroc. 

Le Maroc est le premier pays arabe à avoir trois Instituts Confucius. Quel est votre avis sur le rôle des échanges culturels et de l’Institut Confucius ?   

C’est une fierté pour le Maroc d’abriter 3 Instituts Confucius. Cela permet aux Marocains de découvrir la culture et la civilisation de Chine, qui sont très riches. Ces instituts permettent aussi aux étudiants désireux d’étudier en Chine d’apprendre la langue chinoise et de connaitre la culture d’un pays où ils vont passer plusieurs années. La très riche littérature chinoise regorge de chefs-d'œuvre qui fascinent les Marocains et les incitent à découvrir votre beau pays qui, malgré l’éloignement géographique, nous est devenu familier.  

Cette année marque le 40^e anniversaire de la réforme et de l’ouverture de la Chine. Comment voyez-vous les réalisations de la Chine ces 40 dernières années ?  

Ce qui frappe le plus les visiteurs qui débarquent en Chine, c’est le niveau de développement atteint en si peu de temps par votre pays. En un laps de temps très court, les dirigeants et le peuple chinois ont mené des réalisations énormes et fourni des efforts gigantesques qui ont fait de la Chine la deuxième puissance économique du monde. Aucun pays n’a réussi une telle transition, qui suscite le respect et l’admiration de tous.    

Même si la Chine est encore un pays en voie de développement, elle est devenue un acteur incontournable de l’économie mondiale. Des centaines de millions de Chinois sont sortis de la pauvreté et l’émergence d’une classe moyenne importante permet à la consommation intérieure d’être un des leviers de la croissance du pays. Ce qui marque les esprits, c’est de voir les travaux en cours dans l’ensemble de la Chine pour améliorer constamment les infrastructures et plus particulièrement le maillage ferroviaire des lignes à très grande vitesse. Il est important de signaler que tout cela ne porte nullement atteinte à l’immense patrimoine culturel du pays qui impressionne tant les touristes.  

À l’avenir, quelles actions le Maroc peut-il mettre en place pour continuer de s’engager dans l’initiative « la Ceinture et la Route » ?   

Le Maroc n’épargnera aucun effort pour renforcer le partenariat stratégique avec la Chine et prendra toutes les actions nécessaires pour continuer de s’engager dans l’initiative « la Ceinture et la Route ». Les échanges de visites à haut niveau sont permanents et permettent de mettre en place les mécanismes idoines et d’identifier les mesures à prendre pour renforcer les relations bilatérales entre nos deux pays. Nous entretenons avec nos amis chinois un dialogue permanent et fructueux et la coopération se renforce chaque jour, dans tous les domaines. Alors que nous célébrons le 60^e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques, jamais les liens entre nos deux pays et nos deux peuples n’ont été si forts, et je suis persuadé qu’ils se renforceront encore davantage dans le futur.