Il faut quatre heures pour un train à grande vitesse pour faire le trajet de Beijing, capitale chinoise, à Luoyang, capitale de la dynastie Xia (2070-1600 av.-J.C), la première dynastie du pays, dans la province centrale du Henan.

Mais il a fallu six ans et demi pour que Luoyang réalise ce que Beijing a accompli l'année dernière en termes de PIB.

Dans les documents et fictions historiques, Luoyang est représenté comme un centre politique puissant tout comme Beijing. Avant le milieu du 10e siècle, Luoyang était déjà une métropole trépidante, la ville ayant été la capitale de 13 dynasties pendant la moitié de son histoire d'alors de 3 000 ans.

Aujourd'hui, les visiteurs peuvent à peine remarquer au premier regard les traces expressives de la gloire révolue de Luoyang, qui ressemble aujourd'hui aux nombreuses autres villes chinoises.

L'une des raisons de cette banalité est que la plupart des anciens bâtiments en bois de la ville ont été détruits pendant les guerres au cours du temps.

La grandeur de Luoyang a dormi sous terre pendant des siècles.

L'EVEIL

Luoyang a atteint son apogée durant la dynastie Tang (618-907), lorsque la seule impératrice chinoise, Wu Zetian, a déplacé la capitale de Chang'an (Xi'an aujourd'hui) à Luoyang, durant son règne (690-705).

Au fur et à mesure des hauts et des bas des dynasties, Luoyang a perdu progressivement son éclat en tant que centre de la Chine et même du monde.

La ville est assez sous-estimée par rapport à d'autres anciennes capitales de la Chine, comme par exemple, Xi'an, connue à l'échelle mondiale pour ses guerriers en terre cuite.

Déchue mais pas oubliée, la ville de Luoyang a été choisie comme l'une des bases de l'industrie lourde de la Chine nouvelle dans les années 1950, lorsque le Parti communiste chinois (PCC) cherchait à reconstruire le pays après des années de guerre.

Berceau des industries telles que la machinerie minière, les tracteurs, les paliers, les matériaux non ferreux et les moteurs diesel à grande vitesse, Luoyang a accueilli tellement de migrants venant d'autres régions du pays qu'elle est devenue l'une des villes chinoises les plus peuplées de l'époque.

Aujourd'hui, Luoyang compte plus de sept millions d'habitants, soit à peu près la population de la Bulgarie. Son PIB en 2016 a atteint 379,5 milliards de yuans (environ 57,5 milliards de dollars), se situant au deuxième rang dans la province du Henan, et au 51e parmi toutes les villes en Chine.

La production économique globale de la Chine a dépassé l'an dernier 74 000 milliards de yuans (environ 11 200 milliards de dollars), avec un taux de croissance de 6,7%, soit l'une des croissances les plus rapides du monde.

Le miracle économique a duré pendant près de 40 ans depuis que le pays a adopté la stratégie de la réforme et de l'ouverture en 1978, et Luoyang a bénéficié de ce processus.

Pour insuffler davantage de vigueur dans son économie et maintenir une croissance durable, la Chine a introduit une réforme structurelle du côté de l'offre fin 2015, qui devrait être réaffirmée lors du 19e Congrès national du PCC à la mi-octobre.

"En tant qu'ancienne base industrielle, Luoyang n'a pas d'autres chances que d'appliquer la réforme afin de renaître", a indiqué Li Ya, secrétaire du Comité du PCC pour Luoyang.

Et la province du Henan attend beaucoup de Luoyang, espérant que la ville deviendra une locomotive de l'économie provinciale.

Presque tous les responsables de la province, secrétaires du Comité du PCC et gouverneurs, sont des députés au congrès du PCC, la réunion la plus importante qui décidera des plans pour les cinq prochaines années ou plus longtemps de la Chine. Le futur développement du pays repose sur la croissance des centaines de villes comme Luoyang, en plus des milliers de districts.

"Si nous pouvons faire bon usage des politiques, l'effet ne sera pas inférieur à celui des années 1950", a souligné M. Li.