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Chine et ASEAN : la coopération est à la base de la stabilité et la prospérité régionale |
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Shi Yongming · 2017-02-23 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: Chine; ASEAN |
Le 12 janvier 2017, le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois Xi Jinping a rencontré son homologue viét-namien Nguyễn Phú Trọng.
Début 2017, l’investiture du président américain Donald Trump aura été un événement d’importance mondiale. A la différence d’autres politiciens hypocrites trahissant souvent ce qu’ils avaient promis lors de leur campagne électorale, M. Trump a rapidement matérialisé ses promesses, comme le retrait du TPP, un accord de partenariat transpacifique signé par Barack Obama. Des observateurs estiment que la stratégie du rééquilibrage des Etats-Unis en Asie-Pacifique ne fonctionne plus que sur une jambe, ce qui va pousser l’ASEAN à se rapprocher de la Chine au détriment des Etats-Unis. La coopération régionale en Asie de l’Est qui représente l’orientation correcte de la globalisation va de fait se poursuivre quoi qu’il en soit.
Pierre angulaire du « siècle de l’Asie »
« Le 21e siècle sera le siècle de l’Asie ». C’est le consensus mondial auquel on est parvenu à la fin du 20e siècle. Il y a deux arguments à cela : primo, l’Asie de l’est a maintenu une croissance rapide à partir des années 1980 ; secundo, cette région possède un tiers de la population mondiale et un haut niveau d’instruction de la main–d’œuvre. En apparence, la croissance rapide de l’Asie de l’Est est principalement due au transfert massif des capitaux américains et japonais et à l’ouverture du marché américain. Mais c’est grâce à la stabilité politique de cette région que l’argent aura pu y affluer en toute sécurité. Cette stabilité s’appuie sur quatre facteurs : primo, la Chine pratique la réforme et l’ouverture ; secondo, les relations stratégiques entre Beijing et Washington sont assez stables ; tertio, la coopération l’emporte sur le conflit dans les relations politiques de la Chine avec le Japon, la Corée du sud et l’ASEAN ; quarto, la majorité des pays d’Asie de l’Est jouissent d’un système politique stable et d’une gouvernance nationale efficace. En un mot, les relations entre la Chine et l’ASEAN qui se développent dans tous les domaines jouent un rôle de pierre angulaire pour la stablité politique et la prospérité économique en Asie de l’Est.
Dans les années 1980 et 1990, l’économie de l’Asie de l’Est centrée sur les exportations a généré une structure économique de la bordure Pacifique caractérisée par la production régionale s’appuyant sur l’usage des capitaux américains et japonais et le marché américain. Cependant, de peur de la hausse de la compétitivité de l’Asie de l’Est, les Etats-Unis ont lancé au début des années 1990 l’ALENA pour diviser l’Asie-Pacifique, profitant de la crise financière en 1997 pour manipuler la finance en Asie de l’Est. Ces deux facteurs ont poussé les pays de l’Asie de l’Est à fonder leur propre zone de libre-échange, avec comme résultat la genèse du Sommet de l’Asie de l’Est et la zone de libre-échange Chine et ASEAN au début du 21e siècle. La coopération entre la Chine et l’ASEAN devient alors une pierre angulaire pour le développement de l’Asie de l’Est.
Le néo–impérialisme américain cherche à diviser l’Asie de l’Est
Contrairement aux souhaits américains, la Chine a réussi son émergence économique lors de la crise financière en 1997, au lieu de dévaluer sa monnaie comme le Japon. Face à la montée en puissance de la Chine et au développement de la zone de libre-échange entre la Chine et l’ASEAN, les Etats-Unis ont commencé à être inquiéts. Les milieux académiques américains ont sucessivement lancé deux théories qui ne font qu’une : à savoir le néo-impérialisme et le transfert du pouvoir. Autant dire les choses brutalement, l’ordre international dominé par les Etats-Unis s’appuie sur le leadership américain et le système de gouvernance mondiale qui est assuré par les pays occidentaux et les alliés de l’Oncle Sam. L’émergence de la Chine et notamment le développement de la coopération entre la Chine et l’ASEAN auront pour conséquence le transfert du pouvoir et la disparition du leadership américain.
Lors du mandat de George W. Bush, la puissance américaine était à son sommet, le néo-impérialisme a été lancé sous le couvert du néo-conservatisme. Depuis l’investiture de M. Obama, les Etats-Unis considérablement affaiblis par la crise financière étaient angoissés par le soi-disant tranfert du pouvoir vers la Chine en Asie de l’Est. En réponse à l’émergence de la Chine, M. Obama a lancé la stratégie du rééquilibrage des Etats-Unis en Asie-Pacifique, stratégie visant à détruire la coopération en Asie de l’est et à poursuivre le néo-impérialisme basé sur le système des alliés assurant la gouvernance mondiale.
La fragmentation politique à l’égard de l’Asie de l’Est avait déjà commencé à partir de George W. Bush, qui a forcé le Japon à faire augmenter le nombre des pays impliquées dans la coopération en Asie de l’Est de 13 à 16, afin que l’Inde puisse y jouer un rôle négatif. M. Obama a participé au Sommet de l’Asie de l’Est sous prétexte du soi-disant retour en Asie du Sud-Est, afin d’influencer le processus de coopération en Asie de l’Est à travers l’intervention directe. Dans le domaine sécuritaire, les Etats-Unis ont profité du problème de la Mer de Chine méridionale pour semer la discorde dans les relations entre la Chine et l’ASEAN, et faire de l’ASEAN une organisation régionale hostile à la Chine. Agissant de concert avec M. Obama, les milieux académiques américains ont lancé la théorie de la « structure duale » visant à séparer la sécurité et l’économie en Asie de l’Est. Autrement dit, les pays de cette région comptent sur les Etats-Unis au niveau sécuritaire tout en dépendant de la Chine sur le plan économique. De plus, M. Obama a signé le TPP qui vise à séparer la Chine et l’Asie de l’Est même au niveau économique.
L’échec de M. Obama et les nouvelles perspectives de l’Asie de l’Est
Depuis l’apparition de l’ordre international dominé par les Etats-Unis, l’Occident a transformé théoriquement et pratiquement les relations internationales en relations d’intérêts totalement dépourvues de principe moral. Il semble que tout soit permis pour défendre les intérêts. La politique diplomatique de M. Obama est vicieuse parce qu’elle vise à rechercher son intérêt au détriment des autres. Que ce soit au Moyen-Orient ou en Asie-Pacifique, cette politique ne sert qu’à encourager les conflits régionaux. Mais une chose est sûre : « Souvent la perfidie se retourne sur son auteur ». Le président des Philippines M. Duterte s’est rapproché de Beijing en se brouillant avec M. Obama, et le Viêt-Nam a aussi réajusté sa politique sur la Mer de Chine méridionale en insistant sur la résolution des différends par le dialogue.
Depuis l’investiture de M. Trump, la politique américaine en Asie-Pacifique est plus commerciale que militaire. Il ne faut pas donner à M. Trump une étiquette antimondialiste à cause du retrait du TPP. En fait, ce qu’a fait M. Obama n’est absolument pas la globalisation, mais une division régionale et de l’antimondialisation pure et simple. Pour des fins politiques, le TPP a fait des concessions considérables au Japon, un pays extrêmement développé dont le degré de libre-échange est le plus bas (95%) dans l’accord. C’est pourquoi le premier ministre japonais M. Abe tenait à défendre le Partenariat transpacifique à tout prix.
En tant qu’homme d’affaires, M. Trump est extrêmement sensible aux intérêts commerciaux. Il s’est retiré du TPP en prônant « les Etats-Unis d’abord », ouvrant en contrepartie la porte à la construction d’un ordre de libre-échange plus sain et harmonieux en Asie-Pacifique. Le Partenariat économique intégral régional (RCEP en anglais) actuellement en cours de négociation est une piste menant à la création d’une vaste Zone de libre-échange Asie-Pacifique, au lieu de séparer l’Asie de l’Est et l’Amérique du Nord. Le principal obstacle pour les pays de l’Asie de l’est est le déséquilibre du niveau de développement. Pour résoudre ce problème, il est tout à fait possible de recourir à des approches progressives déjà utilisées dans la construction de la zone de libre-échange Chine et ASEAN.
(L'auteur est chercheur adjoint de l’Institut d’études internationales de Chine)
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