L’année 2015 aura revêtu une signification particulière dans l’histoire du développement des relations sino-africaines. Début janvier, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi s’est rendu, comme la tradition le veut, en visite officielle au Kenya, au Soudan, au Cameroun, en Guinée équatoriale et en République démocratique du Congo. Lors de sa visite au Soudan, et pour rompre avec l’usage, il a participé à Khartoum aux « consultations spéciales pour le soutien au processus de paix au Soudan du Sud sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) », organisées à l’initiative de la Chine, formulant les propositions chinoises destinées à accélérer le processus de réconciliation au Soudan du Sud et mettant ainsi en avant la participation de la Chine au règlement du conflit africain et à l’établissement de la paix. Début décembre, le Président chinois Xi Jinping a effectué des visites d’État au Zimbabwe et en Afrique du Sud. À Johannesburg, il a présidé le deuxième Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et discuté de l’avenir de la stratégie de développement de la coopération Chine-Afrique avec plus d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement africains.   

Le Sommet de Johannesburg est le deuxième du genre, après le Sommet de Beijing du FCSA tenu en novembre 2006, et le premier organisé sur le continent africain. Le Sommet a adopté deux documents qui vont régir la coopération sino-africaine pour les trois années à venir, à savoir la Déclaration de Johannesburg et le Plan d’Action de Johannesburg (2016-2018), et ouvert une nouvelle page pour les relations sino-africaines, qui s’engagent d’ores et déjà dans une voie de développement rapide grâce aux décisions prises au terme de cette réunion. 

Parmi les décisions figure tout d’abord l’élévation des relations sino-africaines au niveau du partenariat de coopération stratégique global. L’Afrique et la Chine sont devenues des points d’appui réciproques dans leurs stratégies diplomatiques et resteront côte à côte sur le chemin du développement, quelles que soient les situations internationales et économiques à l’avenir. Deuxièmement, il s’agit de renforcer et de consolider les « cinq piliers », à savoir l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique, les échanges et l’inspiration mutuelle entre les civilisations, la solidarité et l’entraide sur le plan sécuritaire, ainsi que la coopération et la coordination dans les affaires internationales. Enfin, dix grands projets dans la coopération sino-africaine, financés à hauteur de 60 milliards de dollars, ont retenu l’attention. Ils couvrent l’industrialisation, la modernisation agricole, les infrastructures, les services financiers, le développement vert, le commerce et la facilitation des investissements, la réduction de la pauvreté, la santé publique, les échanges de personne à personne ainsi que la paix et la sécurité. Proposés et élaborés au regard des nouvelles conditions et dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui oriente le développement de l’Afrique dans les cinquante années à venir, les dix grands projets de coopération suivent le principe dit « l’Afrique a des besoins, l’Afrique consent, et l’Afrique en bénéficie » et entendent résoudre les trois goulots d’étranglement entravant depuis longtemps le développement africain, à savoir les carences en infrastructures, le manque de personnel qualifié et la pénurie de fonds. En outre, les dix grands projets sont dotés concrètement de volets financiers, techniques ou matériels dans chaque domaine de coopération, donnant un nouvel élan à la future coopération sino-africaine.   

Les relations Chine-Afrique s’engageront dans une nouvelle ère de développement sous l’égide de cette nouvelle feuille de route baptisée « 1+5+10 ».  

(L’auteure de cet article est chercheuse à l’Institut Charhar et à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique relevant de l’Académie chinoise des sciences sociales) 

Les dix grands événements marquant les relations sino-africaines en 2015  

1) Du 8 au 16 janvier 2015, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a effectué sa première tournée officielle de cette année au Kenya, au Soudan, au Cameroun, en Guinée équatoriale et en République démocratique du Congo. Il a ainsi respecté une tradition de 25 ans qui veut que le ministre chinois des Affaires étrangères consacre sa première visite officielle de l’année au continent africain. En outre, et pour rompre avec l’usage, il a participé à Khartoum, lors de sa visite au Soudan, aux « consultations spéciales pour le soutien au processus de paix au Soudan du Sud sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) », organisées à l’initiative de la Chine, formulant les propositions chinoises destinées à accélérer le processus de réconciliation au Soudan du Sud, mettant en avant la participation de la Chine au règlement du conflit africain et à l’établissement de la paix, et démontrant ainsi la responsabilité de grand pays de la Chine dans « l’intervention constructive » et la promotion des négociations de paix avec le Soudan du Sud  

2）Du 28 au 30 mars 2015, le Forum des jeunes dirigeants Chine-Afrique, organisé conjointement par le Parti communiste chinois et le Parti révolutionnaire de Tanzanie, a eu lieu à Arusha, en Tanzanie. Une centaine de jeunes représentants et entrepreneurs chinois et africains ont discuté au thème du développement des relations sino-africaines. Le Président tanzanien Jakaya Kikwete, le Président zimbabwéen Robert Mugabe, qui occupe la présidence tournante de l’Union africaine, et le vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois Wang Jiarui ont assisté à la cérémonie d’ouverture du Forum.  

3）Du 19 au 24 avril 2015, des activités de commémoration à l’occasion du 60^ème anniversaire de la Conférence de Bandung ont eu lieu à Jakarta et Bandung, en Indonésie. Parmi les événements organisés, il y a eu la conférence des hauts fonctionnaires, la conférence ministérielle et la conférence des dirigeants afro-asiatiques à Jakarta, ainsi que le Sommet d’affaires Asie-Afrique et le carnaval afro-asiatique. Le point d’orgue a été « la promenade historique » : « les dirigeants asiatiques et africains ont marché sur les pas de la Conférence de 1955 », à Bandung le 24 avril. Le Président Xi Jinping a eu des discussions approfondies avec les Présidents d’Égypte, d’Éthiopie, du Ghana, du Liberia, de Libye ainsi qu’avec d’autres dirigeants africains pour promouvoir le développement de la solidarité afro-asiatique.   

4）Le 26 juillet 2015, l’hôtel Jazeera de Mogadiscio, capitale de la Somalie, a fait l’objet d’un attentat-suicide à la voiture piégée, tuant de nombreuses personnes de différentes nationalités. L’hôtel abrite l’ambassade de Chine en Somalie. Un garde de sécurité chinois a été tué et trois autres employés de l’ambassade ont été blessés. Le mouvement Al-Shabaab a revendiqué l’attentat. L’ambassade de Chine en Somalie avait dû quitter le pays en janvier 1991 en raison de la guerre civile. Le 12 octobre 2014, après 23 ans d’absence, le retour officiel de l’ambassade avait démontré que la Chine soutient fermement le processus de paix et accorde une grande attention au développement des relations entre les deux pays. 

5）Du 8 au 10 août 2015, le ministre des Affaires étrangère de Chine Wang Yi a effectué sa sixième visite en Afrique, dans trois pays d’Afrique de l’Ouest fortement touchés par le virus Ebola : la Sierra Leone, le Libéria et la Guinée. Wang Yi est ainsi devenu le premier ministre étranger à effectuer une visite officielle dans ces trois pays. Il a précisé que l’objectif principal de cette visite avait été « d’observer les progrès de ces trois pays dans la lutte contre Ebola ; d’écouter les demandes et les désirs des trois pays pour la reconstruction de leur économie et de leur société post-Ebola ; de discuter des moyens de renforcer la coopération réciproquement avantageuse sino-africaine pour que la Chine joue un rôle dans le développement socio-économique des trois pays ».  

6）Le 3 septembre 2015, pour commémorer le 70^e anniversaire du victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et la guerre mondiale contre le fascisme, le gouvernement chinois a organisé un grand défilé militaire et d’autres activités de commémoration sur la place Tian’anmen à Beijing. L’Égypte a envoyé un contingent militaire pour participer à la revue. Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Président sud-africain Jacob Zuma, le Président du Soudan Omar al-Bashir, le Président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, le Premier ministre d’Éthiopie Haile Mariam Dessalegn et les représentants du président ou de gouvernement d’Algérie, de Libye et de Tunisie ont participé à la cérémonie, reflétant le respect des pays africains pour l’histoire, leur désir de paix et leur soutien et leur reconnaissance vis-à-vis de la contribution de la Chine dans la guerre mondiale contre le fascisme. 

7）Le 20 septembre 2015, le système de métro léger à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, est entré en service. Il a été construit par la société China Railway Group Ltd et l’exploitation et la gestion sont assurées par la société Shenzhen Metro Group (SZMC). Avec l’ouverture de l’axe nord-sud du métro léger d’Addis-Abeba, l’Éthiopie est le premier pays africain à être doté de ce mode de transport moderne. Adoptant dans sa totalité les normes chinoises, c’est le premier projet de chaîne industrielle complet de la Chine en Afrique. Les travaux ont nécessité un investissement de plus de 475 millions de dollars américains. Le métro léger améliore non seulement l’image d’Addis-Abeba et la qualité de vie de ses habitants, mais est aussi aux côtés du siège de l'Union Africaine une autre construction symbolique et un jalon historique dans l’amitié sino-africaine. 

8）Du 4 au 6 octobre 2015, la seconde édition de la Conférence ministérielle sino-africaine sur la Coopération et le Développement dans la santé s’est tenue au Cap en Afrique du Sud. Son thème a été « Augmenter l’accessibilité des services médicaux et sanitaires, promouvoir la coopération sino-africaine dans la santé pour la période post-Ebola ». Les ministres de la Santé et des Affaires sanitaires de Chine et de quelque 40 pays africains, ainsi que les représentants de l’Union Africaine, de l’Organisation mondiale de la santé, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida et d’autres organisations internationales, soit au total plus de 200 participants, étaient présents. La conférence a passé la Déclaration du Cap et son cadre d’application visant à promouvoir l’approfondissement de la coopération et du développement dans le domaine de la santé entre la Chine et l’Afrique, et a élaboré une feuille de route dans le but de résoudre les difficultés sanitaires importantes sur le continent africain.   

9) Le 21 novembre 2015, l’Hôtel Radisson, situé au centre de Bamako, la capitale du Mali, a été attaqué par un groupe armé et 27 personnes de nationalité différente ont été tuées. Trois cadres supérieurs de la Compagnie de Construction de Chemin de fer de Chine (CRCC) qui devaient discuter avec le ministère malien des Transport d’un projet de coopération, se trouvaient parmi les victimes. Le groupe terroriste Al-Mourabitoune a revendiqué l’attaque sur twitter. Ce groupe est basé dans le nord de Mali et est lié à Al-Qaïda. Il a lancé à plusieurs reprises des attaques terroristes au Mali. La Chine a exprimé son indignation et sa condamnation vigoureuse. Le gouvernement chinois va continuer à renforcer la coopération avec la communauté internationale pour sauvegarder avec efficacité la sécurité et le droit légitime des ressortissants et des organismes chinois à l’étranger.    

10）Du 1er au 6 décembre 2015, le Président chinois Xi Jinping a effectué des visites d’État au Zimbabwe et en Afrique du Sud, et présidé le Sommet de Johannesburg du FSCA en Afrique du Sud. C’est la deuxième fois que le Président Xi se rendait en Afrique, deux ans et demie après les visites en Tanzanie, en Afrique du Sud et en République du Congo en mars 2013. C’est aussi la première fois que le Sommet du FSCA se tient sur le continent africain. Sa première édition avait eu lieu à Beijing en novembre 2006. Les relations sino-africaines ont été relevées pour passer de « nouveau partenariat stratégique » à « partenariat stratégique global ». Ce Sommet a lancé dix grands projets de coopération d’un montant total de 60 milliards de dollars américains, portant notamment sur l’industrialisation, la modernisation de l'agriculture, la réduction de la pauvreté, le bien-être de la population, la santé publique, qui vont fournir une impulsion à la coopération sino-africaine à l’avenir. 

Beijing Information