La Chine joue un rôle de plus en plus important dans la robotique mondiale, comme le montrent depuis quelques années la passion croissante des scientifiques et des entrepreneurs du pays pour les androïdes, l'intervention de magnats de l'immbilier dans la recherche et le développement dans ce domaine.
Lors de l'édition 2015 Sommet d'été de Yabuli du Forum des entrepreneurs qui s'est déroulé du 28 au 30 août à Chongqing, Wang Shi, président du conseil d'administration de Vanke, une des plus grandes sociétés de promotion immobilière de Chine, a déclaré que l'entreprise allait collaborer avec des centres de recherche de premier plan mondial dans la fabrication de robots afin de s'adapter à la conjoncture nationale et de se tourner vers l'avenir. « 30% des administrateurs immobiliers de Vanke seront remplacés par des robots », confie Wang Shi. Et d'ajouter que certaines « cantines N°5 » de l'entreprise ont déjà confié à quelques robots la tâche de faire la cuisine. Ces « cantines N°5 » sont le 5e espace où les résidents peuvent manger, hormis le domicile, l'entreprise, l'école et le restaurant. Tous les quartiers nouvellement développés par Vanke sont et seront dotés de ce genre d'installations de services annexes aux normes, dont la gestion et le recrutement des cuisiniers sont confiés aux syndics de copropriété.
Dans les milieux de l'immobilier, Vanke est connu pour sa clairvoyance. C'est pourquoi sa passion pour la robotique attire l'attention. En fait, Vanke n'est pas la seule société de promotion immobilière qui s'intéresse aux androïdes ; un certain nombre d'autres sociétés partagent sa vision dans ce domaine.
Ces dernières années, l'intelligence artificielle et la robotique ont connu un développement exponentiel en Chine. Selon le ministère chinois de l'Industrie et de Technologies de l'information, le 13e plan quinquenal concernant le secteur des robots va être établi pour la période 2016-2020.
Remplacer la main d'oeuvre humaine
Situé dans le sud de la Chine, le delta de la Rivière des Perles est l'une des régions du pays qui rassemblent le plus grand nombre de travailleurs. En raison de l'augmentation du coût de la main d'oeuvre, bon nombre de robots ont fait leur entrée dans les usines pour remplacer les humains, sous l'impulsion notamment du lancement de politiques de soutien dans diverses villes de cette région.
Le dividende démographique disparaît peu à peu en Chine. Dans les années 1970 et 1980, quand le pays se trouvait à l'étape initiale de la réforme et de l'ouverture, la main d'oeuvre chinoise augmentait de 10 millions de personnes par an, alors qu'à l'avenir, le pays aura tendance à perdre trois à cinq millions de travailleurs par an si la population totale demeure inchangée. Il est certain que les robots industriels vont effectuer des tâches manuelles dans des secteurs trop gourmands en main d'oeuvre. C'est aussi en raison des coûts élevés du travail que Vanke et Midea s'activent dans cette direction.
Des provinces côtières comme le Zhejiang ont pris l'initiative de lancer le projet de « remplacement de l'humain par l'androïde ». A Hangzhou, chef-lieu du Zhejiang, on encourage l'utilisation des engins automatisés et l'intelligence artificielle dans les travaux manuels répétitifs. Entre 2013 et 2014, Hangzhou a validé 67 entreprises-pilotes dans le cadre de ce projet, dont le montant global des investissements dépasse 81,8 milliards de yuans. Le projet couvre divers secteurs comme la fabrication d'équipement général et d'appareils électro-mécaniques, la transformation et les emballages alimentaires, ainsi que l'habillement et le textile.
« Remplacer l'homme par les robots est déjà monnaie courante dans les régions côtières comme le delta du Yangtsé et le delta de la Rivière des Perles. Avec la politique de soutien des autorités locales, l'engouement pour les automates est devenu la nouvelle normalité ces dernières années », explique Shi Jinhao, directeur de l'Institut des recherches N°21 relevant du Groupe des technologies électroniques de Chine. Selon lui, de plus en plus de robots sont utilisés dans un large panel d'ateliers de production, tant dans les grandes entreprises que dans les PME. Ce phénomène va indubitablement se poursuivre.
Il y a bien sûr des effets négatifs. Le progrès technique contribue à la croissance économique tout en diminuant le nombre des embauches. Le projet du remplacement de l'homme par les robots apporte des nouvelles opportunités aux entreprises mais pose le problème de la stagnation de l'emploi. Selon certains spécialistes, il est difficile de résoudre dans un bref délai la contradiction entre d'un côté l'accès difficile à l'emploi et de l'autre, le recrutement difficile des travailleurs qualifiés.
