Les réserves de production de la Chine ont été suffisantes pour assurer la sécurité alimentaire malgré l’impact du coronavirus

L’expert agricole Yuan Longping, connu comme étant « le père du riz hybride », inspecte un champ dans le canton de Hekou, dans la province du Hunan (centre), le 29 septembre 2017.

Il y a peu, Su Ying, pékinoise de 27 ans, est entrée en désaccord avec ses parents qui souhaitaient thésauriser des sacs de riz et de la farine.

« En apprenant que certains pays restreignent leurs exportations de riz en raison de la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), mes parents voulaient stocker plus de nourriture qu’à l’ordinaire en cas de flambée des prix », a fait part Ying à CHINAFRIQUE. « Je leur ai dit que la Chine avait suffisamment de nourriture, mais cela ne les a pas rassuré. »

En effet, avec un nombre croissant de personnes dans le monde contraints au confinement afin de ralentir la propagation du virus, l’on pourrait craindre une crise alimentaire.

Le 31 mars, les directeurs Roberto Azevedo, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Tedros Adhanom Ghebreyesus, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Qu Dongyu, de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (ONUAA) ont exhorté les nations à minimiser l’impact du COVID-19 sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale.

« Alors que les pays prennent des mesures pour enrayer la pandémie, il faut veiller à minimiser les impacts potentiels sur l’approvisionnement alimentaire ou les conséquences imprévues sur le commerce mondial et la sécurité alimentaire », ont-ils recommandé, dans une déclaration conjointe.

En réponse, le gouvernement chinois a annoncé que le pays dispose de vastes réserves de céréales pour assurer un approvisionnement stable. « Malgré l’impact de l’épidémie, il n’est pas nécessaire de stocker », a indiqué Wei Baigang, responsable du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales.

Nul besoin de craindre

« La Chine est un grand pays agricole dont les politiques soutiennent l’agriculture et les agriculteurs. J’ai confiance en notre sécurité alimentaire », a soutenu à CHINAFRIQUE Tan Xiao, un agriculteur de 45 ans de la province du Hebei.

L’expert en agriculture Yuan Longping, connu comme étant le père du riz hybride, a également enjoint les gens à ne pas céder à la panique. « La Chine est autosuffisante en production alimentaire et ne fera pas face à une pénurie. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter », a-t-il rapporté à l’agence de presse Xinhua le 5 avril.

Selon M. Wei, la production de riz de la Chine est abondante et ses réserves sont adéquates. Il a ajouté que le pays a pris des mesures globales pour stabiliser les prix du riz et qu’il n’est pas nécessaire de faire du stockage.

Les propos de M. Wei sont bien fondés. La Chine a enregistré une longue série de récoltes exceptionnelles. Depuis 2012, sa production céréalière a dépassé 600 milliards de kg durant sept années consécutives selon le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales.

« La réserve de céréale est de 470 kg par habitant, plus élevée que la moyenne mondiale », a expliqué M. Wei lors d’une conférence de presse à Beijing le 4 avril. Selon lui, les stocks de blé et de riz sont suffisants pour répondre à la demande des consommateurs nationaux pendant un an.

La réponse du gouvernement a soulagé une grande partie des consommateurs concernant une éventuelle pénurie alimentaire, y compris les parents de Ying.

« Aujourd’hui, ils comprennent que ce n’est pas un choix judicieux de stocker des aliments car le gouvernement assure un approvisionnement suffisant », a-t-elle observé.

Autosuffisance

Il existe une autre raison pour laquelle il ne faut pas s’inquiéter. Selon M. Wei, les importations annuelles de céréales représentent environ 2 % de la consommation chinoise. Bien que certains pays aient imposé des interdictions ou autres restrictions quant aux exportations de céréales, cela n’aura aucun impact sur la sécurité alimentaire de la Chine. Les stocks du pays des trois principaux aliments de base que sont le blé, le maïs et le riz sont suffisamment importants pour répondre à la demande intérieure malgré une baisse des importations.

Le 15 octobre 2019, le Bureau d’information du Conseil des affaires d’État a publié un livre blanc intitulé « La sécurité alimentaire en Chine ». Il y est souligné que, ces dernières années, la Chine est parvenue à l’autosuffisance en assurant ses propres approvisionnements alimentaires ; ses habitants ont désormais non seulement assez à manger, mais aussi un large éventail de choix.

En 2018, la production céréalière de la Chine était de 610 milliards de kg, représentant plus de 90 % de la production alimentaire totale et augmentant de 160 milliards de kg par rapport à 1996.

Actuellement, la Chine fournit 98 % de ses propres besoins en céréales, consolidant une base solide pour maintenir la sécurité alimentaire nationale.

Bien que la Chine importe des céréales, la principale raison est de satisfaire le besoin de variété. Par conséquent, les fluctuations des prix internationaux ne présenteront pas de risque pour les prix des produits alimentaires en Chine.

Plantation scientifique

Comme la nourriture est étroitement liée au développement économique et au bien-être des populations, la Chine a toujours accordé la priorité à la sécurité alimentaire dans la gouvernance nationale. Elle a mis en œuvre un certain nombre de politiques et de mesures pour accroître la production céréalière, en mettant l’accent sur le renforcement de l’appui scientifique et technologique.

En 2018, la contribution du progrès scientifique et technologique à l’agriculture a atteint 58,3 %, soit une augmentation de 42,8 points de pourcentage par rapport aux 15,5 % de 1996, selon le livre blanc.

Par exemple, développé par l’équipe de M. Yuan, le riz super hybride a généré un rendement de près de 18 100 kg par hectare, établissant un nouveau record mondial. Une technologie très efficace est appliquée à la culture de blé nain mâle stérile, de maïs hybride et d’autres variétés de cultures de haute qualité.

En outre, la fertilisation scientifique, l’irrigation à faible consommation d’eau ainsi que la prévention et le contrôle écologiques ont été popularisés sur de vastes zones. La Chine a également surmonté une série de problèmes technologiques clés dans le stockage et la conservation des céréales, améliorant la lutte contre les ravageurs et le mildiou, réduisant les pertes et garantissant la fraîcheur et la qualité.

« La vulgarisation et l’application des résultats de la recherche avancée ont joué un rôle positif dans l’augmentation de la production céréalière et la sécurité sanitaire des aliments », a assuré Zhang Hongyu, vice-président de l’Institut chinois des études rurales de l’Université Tsinghua.

En ce qui concerne la nouvelle épidémie de coronavirus, la Chine a dévoilé une série de mesures pour stabiliser la production céréalière, comprenant des objectifs de plantation de céréales spécifiques à la région, l’octroi de subventions aux agriculteurs et l’augmentation des prix minimaux pour les achats publics de riz, ce qui garantirait une production céréalière stable pour toute l’année, selon Pan Wenbo, un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales.

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