La base de fabrication automobile FAW-Toyota dans la Zone de développement de Tianjin le 4 avril (Photo : Xinhua)

Même si les médias évoquent le nouveau plan de relance économique du Japon pour aider les entreprises japonaises à relocaliser, et même si le conseiller économique en chef du président américain Donald Trump, Larry Kudlow, veut faire pareillement pour les entreprises américaines, il n’y a pas eu de retrait massif des investissements étrangers en Chine. « Les investisseurs étrangers demeurent optimistes quant à la Chine et restent confiants et déterminés à poursuivre leur activité et un développement à long terme en Chine », a déclaré Gao Feng, porte-parole du ministère du Commerce (MOFCOM), lors d’une conférence de presse de routine en ligne le 16 avril.

La Chine reste la poule aux œufs d’or

Une enquête portant sur plus de 8 700 entreprises clés à capitaux étrangers montre qu’au 14 avril, 72,8 % d’entre elles avaient repris plus de 70 % de leur activité, soit 0,9 point de pourcentage de plus que la semaine précédente.

Par ailleurs, 98 % des entreprises à capitaux japonais dans le sud de la Chine ont repris la production, 41,4 % d’entre elles étant pleinement opérationnelles et 42,3 % ayant retrouvé plus de 80 % de leur capacité de production. Les entreprises japonaises dans d’autres régions ont également progressé dans ce domaine. Cela montre la stabilité de leur activité et de leur développement. Beaucoup d’entre elles ont exprimé leur confiance à l’égard du marché chinois et leur volonté d’augmenter leurs investissements en Chine, a déclaré M. Gao.

Le rapport 2020 sur le climat des affaires publié par la Chambre de commerce américaine en Chine indique que la Chine reste une priorité à long terme pour la plupart des entreprises américaines, malgré le ralentissement de la croissance, la recrudescence des tensions entre les deux pays, certains défis commerciaux qui perdurent dans le pays et le Covid-19. Selon le rapport spécial sur l’impact de l’épidémie établi par la Chambre de commerce américaine en Chine du Sud, 75 % des entreprises affichent une confiance élevée dans l’avenir de l’économie chinoise et ne changeront pas leurs projets de réinvestissement.

« Ces faits montrent que la Chine reste la destination préférée des investisseurs étrangers », a affirmé M. Gao lors de la conférence de presse, qui remarque que la configuration mondiale actuelle en termes de chaîne industrielle et d’approvisionnement est le fruit des efforts conjugués et des choix partagés des entreprises de tous les pays. Cette configuration, qui n’a pas été établie du jour au lendemain et qui ne sera pas facilement modifié au gré d’un individu ou d’un pays, est façonnée par de nombreux facteurs, allant du coût des facteurs aux systèmes et infrastructures industriels.

La société Apple reste optimiste quant au marché chinois. « J’ai le sentiment que la Chine contrôle le Covid-19 et je suis donc très optimiste », a déclaré son PDG Tim Cook, dans une interview accordée à Fox Business le 27 février, ajoutant que la société avait rouvert ses usines en Chine.

Selon un communiqué de presse du MOFCOM du 15 avril, au cours du premier trimestre 2020, les investissements directs étrangers (IDE) sur la partie continentale se sont élevés à 216,19 milliards de yuans (30,54 milliards de dollars), en baisse de 10,8 % sur un an. Mais en mars, ils ont atteint 81,78 milliards de yuans (11,55 milliards de dollars), une baisse de 14,1 %, mais de 11,5 points de pourcentage de moins que le mois précédent.

Les IDE dans le secteur des hautes technologies ont progressé au cours du premier trimestre de 15,5 % sur un an pour représenter 29,9 % du secteur des services. A noter que les IDE dans l’information, les services de commerce électronique ainsi que dans les services professionnels et techniques ont augmenté respectivement de 28,5 %, 62,4 % et 95 %, selon le communiqué de presse.

Deux changements majeurs sont intervenus dans la structure des IDE. D’abord, d’un modèle axé sur les coûts, on est passé à un modèle axé sur le marché. Ensuite, le secteur des services recueille plus de 70 % des IDE, et les services de haute technologie sont devenus des cibles favorites pour les investissements des entreprises étrangères, selon Zhang Yansheng, chercheur en chef au Centre chinois des échanges économiques internationaux. « Ces deux changements indiquent que les investisseurs étrangers pourraient retarder leurs plans d’investissement en Chine en raison des perturbations dans les voyages et la logistique causées par l’épidémie, mais les investissements ne seront pas annulés », a-t-il affirmé.

Le PDG de Tesla, Elon Musk, annonce la production du modèle Y fabriqué en Chine dans son usine de Shanghai le 7 janvier (Photo : Xinhua)

Davantage de mesures de stimulus

« L’épidémie ayant été rapidement contenue en Chine et l’activité économique reprenant, les IDE restent essentiellement stables en Chine. Les entreprises à capitaux étrangers reprennent une activité et une production normales et honorent davantage de commandes, les investisseurs étrangers [deviennent] de plus en plus confiants vis-à-vis du marché chinois, et un certain nombre de nouveaux projets seront bientôt approuvés et mis en œuvre. Tous ces éléments démontrent pleinement la stabilité et la résilience de l’environnement des investissements en Chine », a déclaré Yuan Da, porte-parole de la Commission nationale de développement et de réforme (CNDR),

Selon M. Yuan, la CNDR prendra des mesures pour garantir la stabilité des investissements étrangers et soutenir davantage les entreprises étrangères pour qu’elles investissent en Chine.

La CNDR fera progresser la mise en œuvre de projets à capitaux étrangers et la reprise du travail des entreprises à capitaux étrangers. Une assistance sera offerte pour coordonner la reprise de la production de l’ensemble de la chaîne industrielle, et diverses politiques de soutien seront également proposées aux entreprises nationales et étrangères.

La CNDR va par ailleurs élaborer la version 2020 de la liste négative pour l’accès aux marchés des IDE. La Chine a révisé la liste négative de 2017 à 2019, le nombre d’articles passant de 93 à 40. La révision de cette année assouplira davantage l’accès au marché, ouvrira davantage les secteurs productifs et poursuivra le programme d’essai des zones pilotes de libre-échange.

La version 2020 visera aussi à faciliter le développement de haute qualité des industries manufacturières, à mieux exploiter les potentiels des régions du centre et de l’ouest ainsi que du nord-est de la Chine en matière de transfert industriel, et à permettre aux investisseurs étrangers dans davantage de secteurs de bénéficier de politiques fiscales et autres politiques favorables.

Le gouvernement facilitera la mise en œuvre des principaux projets à capitaux étrangers. Des groupes de travail spéciaux seront mis en place pour coordonner les services des principaux projets à capitaux étrangers dans l’industrie et les services. En outre, le gouvernement veillera à l’application de la Loi sur les investissements étrangers afin d’améliorer l’environnement des affaires ainsi que la promotion et la protection des investissements.

« L’accélération de l’ouverture, en particulier dans le secteur des services tels que la santé et la finance, sera propice à l’établissement de nouveaux pôles de croissance des IDE et compensera l’impact négatif de l’épidémie », a estimé Gao Lingyun, chercheur à l’Institut de politique et d’économie mondiales de l’Académie chinoise des sciences sociales. « Pour les entreprises à capitaux étrangers gravement touchées par l’épidémie, le gouvernement pourrait envisager des mesures plus ciblées telles que des réductions d’impôts, afin de renforcer la confiance des investisseurs. »