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La reprise de l'activité en Chine, une lueur d'espoir pour l'Europe |
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· 2020-03-18 · Source: Beijing Information | |
Mots-clés: reprise de l'activité; Chine; Europe |
Les économies européennes subissent de plein fouet l’impact du COVID-19 et les perspectives en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Italie s’assombrissent, laissant craindre des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et une forte volatilité sur les marchés. La reprise de l’activité en Chine dans de nombreuses entreprises – notamment les entreprises étrangères – laisse néanmoins entrevoir une lueur d’espoir.
Levage d’un conteneur du Train Express Chine-Europe en gare de fret de Xinzhu à Xi’an, dans la province du Shaanxi (nord-ouest), le 11 mars 2020 (photo : Tang Zhenjiang/Xinhua)
Des perspectives économiques moroses
On comptait samedi 14 mars plus de 40 000 cas confirmés de COVID-19 dans 42 pays européens, dont 3 795 en Allemagne.
L’industrie allemande, qui a déjà montré les premiers signes de faiblesse en raison de cette épidémie, est désormais « menacée par la plus longue récession depuis la réunification », a averti dans un rapport la Fédération des industries allemandes, soulignant un lien direct entre la tendance baissière de l’économie et la propagation du virus. « Le coronavirus et sa propagation dans le monde ont actuellement un grand impact négatif considérable sur le développement économique de l’Allemagne », ce qui montre à quel point l’économie allemande tournée vers l’exportation est « vulnérable », selon le rapport.
En Italie, le pays le plus touché d’Europe avec 17 750 cas confirmé samedi, les économistes estiment que la maladie portera un coup dur à l’économie cette année, l’objectif de croissance de 0,6 % étant hors de portée. « Compte tenu du contexte, les données pour l’année 2019 montrent une évolution positive. Mais cela ne suffira pas pour que l’économie survive à l’assaut du coronavirus », a déclaré Massimo Baldini, professeur de sciences économiques à l’Université de Modène et Reggio Emilia. « Nous ne savons pas encore à quel degré les problèmes économiques seront importants, mais ils le seront. »
Samedi, 4 500 cas d’infection étaient signalés en France. La Banque de France a déjà abaissé ses prévisions pour le taux de croissance du PIB au premier trimestre de 0,3 % à 0,1 %. L’épidémie a un « impact sérieux » sur l’économie française, a remarqué le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, ajoutant que la croissance pourrait tomber sous la barre de 1 % cette année. Le chiffre d’affaires dans l’hôtellerie-restauration a fortement chuté, et les secteurs de l’automobile et de l’aviation ont également été structurellement affectés, a-t-il déclaré.
Le Musée du Louvre fermé à Paris le 14 mars 2020. (Photo : Jack Chan / Xinhua)
Mercredi, la Banque d’Angleterre (BoE) a abaissé son principal taux d’intérêt de 0,75 % à 0,25 % dans le cadre de mesures visant à amortir l’impact du COVID-19. Bien que l’ampleur du choc économique soit très incertaine, l’activité devrait faiblir sensiblement au Royaume-Uni au cours des prochains mois, selon la BoE. Des perturbations temporaires mais importantes des chaînes d’approvisionnement et une activité plus faible pourraient secouer les flux de trésorerie et augmenter aussi bien la demande de crédit à court terme des ménages que celle de fonds de roulement des entreprises, surtout les plus petites, a précisé la BoE.
Reprise de l’activité en Chine
Situation différente en Chine où l’épidémie est pratiquement sous contrôle et où de plus en plus d’entreprises – y compris des entreprises européennes – reprennent la production. Pour soutenir davantage cette reprise et les projets financés par les entreprises à capitaux étrangers et stabiliser les investissements étrangers, la Commission nationale du développement et de la réforme a publié une circulaire demandant aux régulateurs économiques à tous les niveaux de fournir une aide ciblée et de tout mettre en œuvre pour une reprise coordonnée de l’activité dans les chaînes industrielles.
Un employé de la chaîne Tiexi de BMW Brilliance Automotive à Shenyang, chef-lieu de la province du Liaoning (nord-est) le 17 février 2020. (Photo : Xinhua /Pan Yulong)
Jochen Goller, PDG de BMW Chine, s’est réjoui de la réouverture des bureaux le 3 février et de la reprise de la production le 17 février. « Nous pensons que la crise sera surmontée. Nous observons déjà des tendances positives : environ 85 % de nos concessionnaires sont ouverts et il y a plus de trafic. Nous constatons également une certaine reprise sur le marché… Nous sommes certains qu’au cours des prochains trimestres, cette reprise va s’accélérer. Et nous espérons qu’au deuxième semestre, nous reviendrons à une activité plus régulière. Désormais, à moyen-long terme, nous restons très positifs…Nous investirons continuellement et nos perspectives en termes d’opportunités en Chine n’ont pas changé. »
Un employé dispose des masques dans une entreprise de matériel médical à Suining, dans la province du Sichuan (sud-ouest), le 6 mars 2020. (Photo : Liu Changsong / Xinhua)
Fabrice Megarbane, PDG de L’Oréal Chine, a déclaré que depuis le 10 février, la société avait progressivement rouvert ses succursales dans le pays en prenant toutes les précautions nécessaires. Environ 80 % des points de vente au détail sont rouverts, et l’activité devrait commencer à revenir progressivement à la normale en mars, a déclaré M. Megarbane. « Notre usine de Yichang, dans la province du Hubei, n’est jusqu’à présent pas pleinement opérationnelle, mais nous avons travaillé avec les autorités pour pouvoir préparer le redémarrage... Nous espérons que les choses reviendront comme avant d’ici la mi-mars. »
Une lueur d’espoir
Pour de nombreuses entreprises et experts européens, la reprise progressive de la production en Chine a été comme une lueur d’espoir.
Achim Haug, spécialisé dans les questions chinoises auprès de l’agence de développement économique Germany Trade & Invest, a souligné que le redémarrage de l’économie chinoise était « une très bonne nouvelle » pour les entreprises allemandes. La Chine est le marché le plus important d’Asie pour les entreprises allemandes, a-t-il noté, ajoutant que le pays est le troisième marché d’exportation pour l’Allemagne. « Quelque 5 000 entreprises allemandes ont été établies en Chine et beaucoup ont des activités de fabrication », a-t-il précisé.
L’économie britannique, qui nourrit des relations commerciales étroites avec la Chine, en particulier son industrie manufacturière, devrait bénéficier de la reprise de l’économie chinoise, a affirmé Mao Xuxin, économiste principal du National Institute of Economic and Social Research, un groupe de réflexion économique basé à Londres. Les principaux constructeurs automobiles britanniques, notamment Jaguar et Land Rover, peuvent poursuivre leur production sans se soucier de l’approvisionnement en pièces détachées, dont la plupart proviennent de Chine, selon M. Mao. AstraZeneca, une société biopharmaceutique de Cambridge, devrait également afficher une meilleure situation financière qu’elle ne l’avait prédit il y a un mois, la croissance en Chine étant en effet est la plus rapide pour les médicaments britanniques. La marque de luxe Burberry devrait rouvrir ses magasins en Chine, et HSBC, qui réalise la majeure partie de son activité en Asie, devrait subir moins de perturbations et de coûts indirects.
La reprise progressive de la production en Chine est un bon signe pour le pays, mais c’est également crucial pour la stabilité de la chaîne de valeur et du marché en Europe et dans le monde, a estimé Fu Xiaolan, directeur et fondateur du Centre pour le développement de la technologie et du management à l’Université d’Oxford.
La reprise de l’activité en Chine accélérera les échanges économiques et la circulation des marchandises entre la Chine et l’Europe, a souligné Wang Dezhan, président de la société China Railway Container Transport Europe Logistics, citant le Train Express Chine-Europe à titre d’exemple. Face à COVID-19, les trains joueront un rôle encore plus important, car ils ne présentent aucun risque de propagation de la maladie, a remarqué M. Wang. « C’est particulièrement approprié pour le transport de certaines marchandises dont nous avons un besoin urgent pendant l’épidémie », a-t-il noté.