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Publié le 22/09/2009
Xu Weihong : « esthéticienne » de l'armée de terre cuite de Xi'an

Lu Ling

En entrant dans la fosse Nº 1 de l'armée de terre cuite de l'empereur Shi Huangdi des Qin (221-206 av. J.C), on ne peut s'empêcher d'être ému par cet immense spectacle qui se présente devant les yeux : 2 000 km²de superficie fouillée, 8 chars de combat en bois, 32 chevaux en terre cuite, 1 087 statues de guerriers, 486 armes, parmi lesquelles des épées en bronze, des Ji (lances avec deux pointes) et des hallebardes (munies à leur extrémité d'un crochet en forme de croissant et d'une pièce transversale), 280 pointes de flèche en bronze, 10 895 pointes de flèches de divers matériaux, et une grande quantité d'accessoires de chariot de cheval. C'est dans ce lieu qui fascine tous les architectes que travaille, Xu Weihong, responsable en chef de la troisième fouille de la fosse Nº 1.

Quand on rencontre Xu Weihong pour la première fois, on a du mal à associer cette jolie jeune femme à ces spectaculaires guerriers et chevaux en terre cuite, mais lorsqu'on la connait mieux, on découvre son esprit franc et héroïque.

La troisième fouille de la fosse Nº 1 des guerriers et chevaux de terre cuite de l'empereur Shi Huangdi a débuté le 13 juin 2009. Cette importante mission a été confiée à Xu Weihong, âgée de 43 ans. Au cours de la fouille, les découvertes que l'on s'attendait à faire ne se sont pas présentées. Toutefois, le travail quotidien lié à la fosse n'a pas affaibli l'enthousiasme de cette archéologue pleine de vigueur, dont les yeux sont toujours émerveillés.

Une passionnée d'archéologie

Née à Beijing, Xu Weihong a été diplômée du département d'archéologie de l'université de Jinlin en 1989. Sa passion pour l'archéologie lui vient du célèbre archéologue chinois Xia Nai.

Xia Nai est décédé au mois de juin 1985, à l'époque où Xu Weihong passait la sélection pour la spécialité avant l'examen national d'entrée à l'université. Les nombreux articles sur Xia Nai dans les journaux l'ont profondément touché. C'est ainsi que cette jeune pékinoise a décidé d'étudier l'archéologie. Elle s'imaginait mener, plus tard, des fouilles archéologiques dans les champs, jusqu'au jour où elle aurait la joie de découvrir sous sa bêche une partie de la civilisation antique.

Une fois diplômée, Xu Weihong est arrivée à Lintong, surnommée « la porte de l'est de la ville de Xi'an » (chef-lieu de la province du Shaanxi). A cette époque, on était en train d'agrandir le Musée de l'Armée en terre cuite de l'empereur Shi Huangdi des Qin, et la fouille de la deuxième fosse était sur le point de commencer. Suivant les traces de ses prédécesseurs, tels que Yuan Zhongyi (archéologue de renom, considéré comme le « père de l'armée en terre cuite »), Xu Weihong a participé au travail de fouille de la deuxième fosse.

On aurait pu croire que la troisième fouille de la fosse Nº 1 marquerait l'apogée de la carrière de Xu Weihong. Cependant, Xu considère que ce qui fait l'intérêt de son métier c'est la valeur et le statut des vestiges culturels découverts. En comparaison avec la fouille dans le Musée, la fouille en extérieur est beaucoup plus intéressante pour elle.

« Lors de fouilles en extérieur, on peut découvrir des objets de différentes dynasties et appartenant à différents domaines. Tout ceci permet la lecture d'une histoire générale. Dans le Musée, les vestiges culturels que nous découvrons ont toujours plus ou moins la même utilité et datent de la même dynastie », a déclaré Xu. 

Cela fait désormais vingt ans que Xu Weihong exerce son métier, mais elle est toujours aussi passionnée d'archéologie qui, comme par le passé, reste son activité préférée.

Une « esthéticienne » particulière

Aujourd'hui, les technologies utilisées lors des fouilles et le niveau de protection des vestiges culturels se sont considérablement améliorés par rapport à ce qu'ils étaient il y a 20 ans. « Face aux prochaines exhumations de guerriers et de chevaux en terre cuite, nous n'adoptons plus la même attitude. Auparavant, nous nous serions posé la question : ‘Quels seront les nouveaux objets à déterrer ?'. Ce qui nous intéresse désormais c'est ‘comment protéger efficacement les objets exhumés' », a expliqué Xu.

En 1975, on a appliqué sur les parties colorées des statues des produits chimiques, afin d'éviter leur décoloration. Cependant, par ce traitement, la luminance de la surface des morceaux de couleur a augmenté, changeant l'état d'origine. Dans les années 1980, on a injecté un réactif de renfort entre la laque et le corps de la statue pour empêcher leur séparation. Actuellement, on maîtrise les technologies les plus avancées pour protéger les vestiges culturels. On fixe, par exemple, la couleur des statues par irradiation de faisceaux électroniques.

« Quand on exhume des statues colorées, on laisse sur leur surface une faible couche de poussière, que l'on enlève ensuite délicatement à l'aide d'écouvillons de coton, avant d'effectuer les premières opérations de renfort et de préservation contre l'humidité. Il faut parfois plusieurs jours pour traiter les yeux d'une statue », a expliqué Xu. « Ensuite, on remplit les formalités nécessaires en fonction de la taille des statues, avant de les envoyer dans le laboratoire où elles seront irradiées de faisceaux électroniques ».

Lors de la première fouille, il y a 30 ans, on a eu recours à de la main-d'œuvre venue de plusieurs domaines d'activité, tels que les archéologues et des soldats de l'armée. Pour assurer l'achèvement de la fouille archéologique avant l'ouverture du musée au public en 1979, on a eu recours à la fouille mécanique jusqu'à la couche de terre où se trouvaient les guerriers en terre cuite, avant de commencer la fouille archéologique minutieuse. Beaucoup de vestiges historiques, situés en dessous de cette couche de terre, ont ainsi été détruits.

« Désormais, des professionnels sont spécialement chargés de s'occuper de la protection des vestiges culturels », a déclaré Xu Weihong. Parmi les membres de l'équipe que dirige Xu, on compte 4 archéologues, 4 professionnels chargés de la protection des vestiges culturels et 8 ouvriers qualifiés.

« La poignée des armes est souvent entourée de fils. Avant, on se contentait de noter l'existence de fils sans y accorder plus d'importance. Désormais, on peut analyser et effectuer des recherches sur la nature des fils et sur l'artisanat de la dynastie des Qin, grâce au nombre et aux types de fils utilisés », a-t-elle ajouté.

Savoir gérer la pression

« J'ai une fille âgée de 17 ans. Elle passera, l'année prochaine, l'examen national d'entrée à l'université ». Comme toutes les mères lorsqu'elles évoquent leurs enfants, Xu Weihong paraît très douce.

Avant d'accepter cette mission, Xu avait des horaires de travail souples. Elle effectuait des recherches scientifiques depuis chez elle et s'occupait de sa fille en même temps. « Désormais, je pars travailler à 6 h du matin et je rentre le soir à 19 h, voire plus tard. Si l'on exhume des vestiges culturels, il faut faire des heures supplémentaires. Dans ces cas-là, je me repose dans le bureau », a déclaré Xu Weihong

Même si elle est le plus souvent respectée, Xu doit également faire face, en tant que responsable des fouilles, à de l'incompréhension et à de la récrimination de la part de la société.

Au cours de l'histoire, quantité de statues colorées ont subi des dommages avant leur exhumation, suite à des incendies et des inondations. Cependant, beaucoup de personnes rejettent la faute sur les archéologues. Tous les jours, Xu Weihong entend les guides touristiques expliquer aux voyageurs que la couleur des statues a été détériorée par les fouilles.

Au début de la troisième fouille, des critiques et des questions ont été largement diffusées sur Internet. « Je considère ces critiques comme une force motrice, tout comme ce que nous a dit le directeur du Musée, Cao Wei : tant de personnes vous admirent, c'est ce qui doit vous pousser à mener à bien votre travail », a-t-elle déclaré, en souriant.  (Traduit par Wang Wenjie)

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