C'est une femme courageuse en amour, même si pour elle, il est plus facile de tomber amoureuse artistiquement. Aux yeux de cette artiste sinophile, la Chine est un pays contradictoire, mais étrangement unifié. Sa passion pour le qigong (exercice respiratoire) et la philosophie de Laozi va de pair avec son engouement pour les films réalistes de Jia Zhangke, cinéaste chinois de la sixième génération apprécié, en Europe, mais quasiment inconnu en Chine.

Les personnages qu'interprètent Juliette Binoche ne cessent de s'enrichir sans jamais rien perdre de leur pureté lumineuse : elle est tour à tour cette jeune peintre qui perd la vue et erre sur le Pont-Neuf, cette veuve qui recherche courageusement l'amour après avoir perdu son mari et sa fille dans un accident de voiture, cette infirmière qui côtoie bien des souffrances dans le Sahara pendant la Seconde Guerre mondiale, ou bien encore cette mystérieuse femme qui, grâce à ses délicieux chocolats, envoûtent le cœur des habitants d'un petit village français...

Mais tous ces personnages ne sont que les représentations de Juliette Binoche sur grand écran, il ne s'agit que de quelques facettes de sa personnalité. L'actrice affirme que tout cela ne correspond pas à ce qu'elle est réellement.

Il existe une autre Juliette Binoche sur la toile, sur scène et dans l'écriture.

Par une nuit de printemps à Shanghai, Juliette Binoche agite gaiement sa main et sourit comme un enfant innocent. Son visage souriant, plein de tranquillité et de douceur, ne fait pas penser aux rôles qu'elle a incarnés au cinéma, mais rappellent plutôt la statue de pierre qui ensorcèle « Jules et Jim », un véritable hymne à la vie et à la mort réalisé par François Truffaut.

« Une fois entrée au Conservatoire, j'ai eu envie d'en sortir »

Juliette Binoche est née en 1964 à Paris, dans une famille d'artistes. Sa mère est comédienne et professeur de lettres. Son père est metteur en scène et sculpteur. Grâce à sa mère, elle s'initie très tôt aux cours d'art dramatique. Dès son enfance, elle rêve de se lancer un jour dans le cinéma. Une fois son baccalauréat décroché, Juliette Binoche est admise au Conservatoire National d'Art dramatique.

« D'une manière générale, il est très difficile d'intégrer le Conservatoire, mais une fois entrée, j'ai très vite eu envie d'en sortir. Je n'ai passé que quelques mois dans cette école, car j'en ai eu marre d'être étudiante », dit-elle. Dès lors, la fuite a été monnaie courante dans la vie de l'actrice.

C'est à l'âge de 18 ans que Juliette Binoche apparaît pour la première fois sur le grand écran, en interprétant un second rôle dans « Liberty Belle ». Dès le début de sa carrière, l'occasion qu'envient tous les acteurs se présente à elle. Elle la saisit en 1985 en jouant dans « Je vous salue Marie » de Jean-Luc Godard et dans « Rendez-vous » d'André Téchiné. Deux ans plus tard, elle devient célèbre grâce à sa performance dans « L'insoutenable légèreté de l'être » de Philip Kaufman.

« Pourquoi ai-je voulu devenir actrice ? Incarner un rôle, c'est comme rencontrer quelqu'un d'autre ou se découvrir soi-même. Si un jour, je suis obligée d'abandonner à jamais ce métier, ce ne sera pas un problème. Le sens essentiel de l'art est d'inventer, et non pas de saisir fermement quelque chose ».

Plus d'une fois, Juliette Binoche a avoué que pour elle, son interaction avec les réalisateurs était beaucoup plus intéressante que ses films. « Peu importe que j'aime ou non un film. Le plus important, c'est que je puisse donner le maximum au cours du tournage et être inspirée par les meilleurs réalisateurs ».