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Publié le 25/02/2009
La perle noire du kung-fu chinois: Luc Bendza

D'origine gabonaise, Luc Bendza a posé ses valises en Chine il y a 25 ans. Maintenant, ce fils de la forêt équatoriale s'épanouit complètement en Chine grâce à son rêve d'enfance : rivaliser avec la force de son modèle, Bruce Lee. Conseiller technique à la Fédération internationale des arts martiaux (FIAM) à Beijing, ce jeune Africain enseigne le Wushu sur tout le territoire chinois et fait régulièrement apparition dans des films d'action de Hongkong.

 

 
 Photo: KOWE INTERNATIONAL FILM & TV BUSINESS NETWORK

Du haut de son 1m73, et de ses 70 kilos, associé à un pourcentage de graisse inférieur à 8%, vous aurez sans doute du mal, au premier regard, à détourner vos yeux du visage de M. Bendza, qui affiche un air humble, serein mais malicieux, et vous donne toute l'étendue de son impressionnante maîtrise du Wushu, l'ensemble des arts martiaux chinois.

Jeune à Libreville, ses idoles étaient les grands acteurs du kung-fu, notamment Bruce Lee et Jacky Chang. Leur adroites voltiges et acrobaties sur les toits et murs l'ont fortement envoûté, le poussant jusqu'à à se rendre en Chine en 1983, à l'âge de 14 ans. Avec l'aide de son oncle qui était alors Premier conseiller à l'ambassade du Gabon à Beijing, il s'inscrivit au temple Shaolin, situé dans le centre du pays.

 

Posture du pas de cheval (semi-accroupissement)

C'est en Chine qu'il prit conscience que les sauts de 10 m de haut et le fait de marcher sur l'eau n'étaient rien d'autre que des effets spéciaux du septième art, et que les maîtres du kung-fu étaient seulement plus forts et habiles que le commun des mortels. A la vue du terrain cahoteux résultant de l'entraînement intensif des moines dans le temple Shaolin, l'adolescent africain se débarrassa de toutes ses idées préconçues, décida de s'initier à l'apprentissage des arts martiaux, en commençant par la « posture du pas de cheval ».

« Qui s'entraîne à l'art sans entraîner la taille n'atteindra jamais un haut niveau ». La posture du pas de cheval est un exercice élémentaire par lequel l'apprenant cherche essentiellement à assouplir et rendre plus mobile sa taille, et à accroître son endurance et sa vitalité. Rien qu'à maintenir cette position quelques minutes, un débutant sera à bout de force et de souffle, tandis qu'une ceinture noire pourra rester immobile pendant plusieurs heures. Dans un combat réel, celui qui a des jambes bien musclées est difficilement renversé par l'adversaire.

La discipline du temple Shaolin est connue pour sa sévérité. Tous les pratiquants de la position de semi-accroupissement ont une longue pointe sous leur postérieur, pour qu'ils n'aient aucune occasion de se livrer à la paresse. « Ayant travaillé sur cette posture pendant quelques années, aucune chose ne m'a fait reculer désormais », confie le maître gabonais. « Bien sûr, j'ai aussi connu bien des passages à vide après mon séjour à Shaolin. Mais à chaque fois que j'étais découragé, je me rappelais toujours une phrase de mon maître Deshui : il vous faut tenir d'autant plus jusqu'à la dernière minute que vous souhaitez plus que tout de succomber à la fatigue ».

Pour le jeune africain, à l'entraînement monotone et fatiguant s'ajoutait le problème de communication avec ses confrères, car il savait pas alors parler le chinois. « L'intérêt est le meilleur professeur. L'apprentissage des arts martiaux me permet d'être sain de corps et d'esprit mais encore d'accumuler suffisamment d'énergies mentales et physiques pour faire ce que j'ai envie de faire », explique-t-il.

Pour arriver à saisir la quintessence du Wushu, franchir l'obstacle linguistique est indispensable. En l'absence de professeurs de chinois au temple Shaolin, Luc Bendza décida de mettre momentanément un terme à sa vie de reclus et d'étudier le mandarin à l'Université des langues et cultures de Beijing.

 

Un étudiant assidu et brillant

 
 Photo: KOWE INTERNATIONAL FILM & TV BUSINESS NETWORK

A l'université, M. Ma Yuming, professeur rompu à la didactique de langue, était chargé d'enseigner aux élèves africains. Son atout majeur était de faire parler les apprenants débutants seulement après trois mois d'initiation. « Il est très consciencieux dans le travail. Si tu séchais le cours, il venait te chercher directement chez toi », affirme Bendza.

Heureusement, le Gabonais fit des progrès très rapides dans l'apprentissage du chinois, que ce soit au niveau de la compréhension orale, écrite et de l'expression orale. Son seul casse-tête restait l'écriture, qui lui paraît jusqu'à aujourd'hui plus épineuse que la chorégraphie des combats. Pour dissimuler ce défaut, il signe souvent directement en français. Avant de venir en Chine, Bendza avait également consacré une grande énergie à l'étude de l'anglais. « Parmi mes camarades, beaucoup d'entre eux ne s'étaient pas attelés sérieusement à l'apprentissage de l'anglais quand ils étaient petits, sans se rendre compte de l'utilité de cette langue universellement parlée. Qui est oisif dans sa jeunesse s'attristera en vain à l'âge mûr », sourit-il. A vrai dire, jongler librement entre trois langues (français maternel, à part le chinois et l'anglais langue étrangère) a beaucoup aidé le maître gabonais dans la promotion des arts martiaux à l'échelle mondiale.

En 1986, suite à sa formation linguistique, M. Bendza fit ses armes à l'Université des sports de Beijing pour approfondir ses connaissances en Wushu et étudier l'acupuncture, la physiothérapie et la médecine traditionnelle chinoise. Il s'apercevait que par rapport à des maîtres initiés aux arts martiaux depuis leur enfance, il lui serait très difficile de faire quelque chose de brillant sans choisir certains arts pragmatiques mais négligés par la plupart des pratiquants.

En plus des exercices à mains nues, certains arts martiaux se servent d'une gamme d'accessoires qui tirent leurs origines d'armes anciennes, connues sous le nom des « dix-huit armes », que l'on peut classifier en armes longues : lances, bâtons, hallebardes ; armes courtes : épées, sabres, dagues ; armes doubles : doubles masses, doubles haches, doubles crochets ; armes flexibles : chaînes à 9 sections, cordes à pointe et marteaux volant.

Une fois, M. Bendza vit le maître Wang Huafeng faire une démonstration du Bâton du domptage de démons. Cet art qui enchaîne une série de mouvements merveilleux et pratiques correspond parfaitement au goût personnel de l'étudiant noir. Celui-ci n'hésita guère à rejoindre les bancs de l'école du maître Wang, devenant ainsi son premier disciple étranger. En moins d'un an, Bendza maîtrisa correctement toutes les techniques de l'arme longue, avant de jeter son dévolu sur une nouvelle discipline : le sabre Miao.

D'une longueur de 1,5 m, le sabre Miao est beaucoup plus long que d'autres armes blanches. Dans les milieux des arts martiaux, en raison de la facilité du maniement, les armes courtes sont plus prisées que les armes longues, qui exigent de la part du pratiquant une habilité extraordinaire permettant de toujours anticiper devant son adversaire. Ainsi les apprenants du sabre Miao ont rarement la chance d'atteindre le niveau avancé. « Dans tout le pays, seules cinq personnes maîtrisent bien cet art », explique M. Bendza, qui remporta en 1990 l'or dans cette discipline lors de la première édition de la Fête des arts martiaux Shaolin.

Hormis les techniques d'assaut, le maître gabonais s'intéresse également à certaines disciplines axées sur la préservation de santé, dont la boxe Taiji. Pour lui, le Wushu est non seulement un sport de combat et d'entraînement, mais aussi en quelque sorte une philosophie, une méthodologie qui observe le monde dans une macro-perspective. En s'entraînant aux arts martiaux, l'homme commence à apprendre à garder la sérénité et la magnanimité devant tout ce qui lui arrive. « La boxe Taiji est une sorte de haute technologie salutaire qui mérite d'être généralisée à chaque individu ».

 

Métissage sino-africain

 
Photo: KOWE INTERNATIONAL FILM & TV BUSINESS NETWORK 

A l'étonnement des maîtres chinois et amateurs étrangers, le Gabonais a raflé pas mal de médailles d'or dans les compétitions internationales, devenant une vedette célèbre dans sa patrie, dont le président l'a un jour sacré « Chinois noir de peau ». Dans le monde d'aujourd'hui, si l'on dit de quelqu'un qu'il joue au foot comme un Brésilien, au basket comme un Américain, maîtrise les techniques du ping-pong ou des arts martiaux comme un Chinois, c'est l'équivalent d'une louange suprême.

Grâce à son niveau suprême de kung-fu lors de son séjour d'études à l'Université des Sports de Beijing, M. Bendza fut chargé par la FIAM d'enseigner les arts martiaux dans divers pays du monde, entre autres la France, l'Espagne, le Danemark, le Congo (Kinshasa) et l'Afrique du Sud. Ces dernières années, il officie à la FIAM comme conseiller technique et arbitre, s'occupe spécifiquement de la zone africaine. Sur l'invitation d'une organisation allemande, le maître d'ébène s'est également rendu en Allemagne en tant qu'entraîneur de Wushu. Lorsqu'il aperçut un Africain sur le tarmac, le responsable allemand resta bouche bée : « C'est inimaginable qu'il ne soit pas Chinois ! ». Bien entendu, l'étonnement et la méfiance firent immédiatement place à l'admiration quand M. Bendza montra l'étendue de son talent.

Evoquant son intégration dans la société chinoise, le Gabonais l'a trouvée assez facile. « Les Chinois et les Africains se ressemblent à biens des égards sur le plan culturel. En Chine comme en Afrique, les valeurs de base sont le respect de l'autre, la simplicité et la modestie. Mais il n'en demeure pas moins qu'un Noir reste une curiosité dans certaines régions chinoises. »

En Chine, à l'instar de Bruce Lee, les meilleurs pratiquants du Wushu se lancent en général dans le cinéma d'action. M. Bendza suit le même chemin. Son premier contact avec le septième art a eu lieu en 1992, lors d'un concours au temple Shaolin. Il eut la grande chance de rencontrer très tôt M. Luo Wei, l'ex-manager de Bruce Lee. Le réalisateur hongkongais le vit combattre et l'apprécia vivement. « Il m'a alors proposé de faire un film avec lui. Malheureusement, le projet n'a jamais abouti car il est mort quelque temps après. Cette rencontre m'a ouvert la voie du cinéma puisque le directeur de Hongkong films et Francky Chang m'ont contacté (un ami de Jackie Chan, ndlr) par la suite. J'ai tourné avec eux : L'extrême challenge, Le dragon est Shaolin, Vivre et mourir à Chicago, Le rêve s'arrête au paradis, L'expert noir du Wushu, La Légende de Bruce Lee », raconta M. Bendza.

Maintenant, l'aventurier africain a fondé sa propre famille, mettant fin à sa vie de célibataire. Sa femme originaire de Chine septentrionale est extravertie, sympathique et dynamique. Elle a ouvert dans la zone où fleurissent les ambassades un magasin de vêtements haut de gamme, tout en taillant l'habit sur mesure. Selon elle, c'est peut-être la personnalité charmante de son mari qui l'a ensorcelée et l'a déterminée à l'épouser. Ses parents ont également accepté avec plaisir ce mariage mixte.

Face aux nombreux clients étrangers qui fréquentent son magasin, l'épouse du maître noir a pris conscience de ses lacunes en anglais et en français. Son mari a donc invité deux professeurs à lui enseigner ces deux langues. « Certes, le français est ma langue maternelle. Mais quand je lui apprends à dire bonjour, elle se met en colère et me soupçonne de l'insulter de « cochon maladroit », (qui, dans la langue chinoise, se prononce de la même manière que la salutation française, ndlr) », se moque gentiment le Gabonais.

L'ambition du Chinois d'ébène est de se servir de sa notoriété pour donner une image positive de l'Afrique, d'enseigner les arts martiaux à travers le monde et de convaincre les membres du Comité International Olympique d'inclure le Wushu sur la liste des sports olympiques au même titre que le judo et le taekwondo. Enfin, il a envie de prouver à ses frères africains que tout est possible en Chine, à condition de travailler, d'être humble et de rester simple. (Rédigé par Yang Jiaqing)

 

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