Consoler les parents qui ont perdu leur enfant unique |
Ils n'avaient qu'un seul enfant, en respect le planning familial. Mais son décès prématuré va les faire sombrer dans la misère et la douleur au soir de leur vie. Ce groupe défavorisé mérite la sollicitude du gouvernement. Zeng Wenhui « Trop âgés pour faire un autre enfant, ces couples évitent les rencontres cordiales lors des fêtes marquant l'union familiale. La raison en est simple : ils ne veulent pas faire ressurgir les mauvais souvenirs. Par contre, le visage souriant de leur enfant décédé apparaît à tout moment, ils ont donc souvent les larmes aux yeux », raconte Mme Huang Xihua, députée de l'APN et directrice de l'Office du tourisme de la ville de Huizhou, province du Guangdong.
Elue députée trois fois de suite, Huang a soumis cette année au Parlement 23 propositions, dont 6 concernent la politique du contrôle des naissances, telles que la mise en place d'hospices destinés aux personnes âgées sans enfant, l'annulation de la politique de l'enfant unique, et la révision de la Loi sur le planning familial. En 2012, la Chine compte au moins un million de familles privées de leur enfant unique, enregistrant une vitesse de croissance de 76 000 par an. Selon Yi Fuxian, démographe et auteur de l'ouvrage « Nids vides du grand pays », actuellement, sur 218 millions d'enfants uniques, 10,09 millions vont partir pour un autre monde avant l'âge de 25 ans. Et autant de familles « solitaires » dans un avenir proche… Ces vielles personnes esseulées ne sont saines ni d'esprit ni de corps. Les émotions négatives, comme la tristesse, le désespoir, le remord, grignotent leur santé et engendrent des cancers, des maladies cardio-vasculaires et des dépressions nerveuses. « Ce groupe souffre à 100 % de troubles corporels et moraux à différents degrés », explique Huang. « La Loi sur le planning familial et les différentes mesures de protection sociale contraignent le gouvernement de prendre soin d'eux », a expliqué à Beijing Information M. Ma Xu, député de l'APN et directeur de l'Institut de recherche scientifique et technique relevant de la Commission nationale de la population et du planning familial.
« Pour se conformer au souhait de l'Etat, ils n'ont fait qu'un seul enfant. Je souhaite que le gouvernement fasse quelque chose de bien pour eux », indique Huang. Selon elle, l'idée de créer des maisons de retraite exclusivement réservées à cette catégorie de seniors est inspirée par le « Foyer des cœurs unis », premier établissement du genre fondé en 2007 à Wuhan, chef-lieu du Hubei. « La plupart d'entre eux ne veulent pas vivre dans les maisons de retraite où ils se sentent tristes et isolées par rapport aux autres pensionnaires », explique Huang. Et d'ajouter : « Qui se ressemble s'assemble. Les gens qui ont la même expérience douloureuse peuvent se consoler et s'entraider facilement ». Une assistance psychologique est aussi nécessaire. « Aucune douleur n'est insurmontable. Les départements des affaires civiles devront fonder des institutions consultatives qui leur viendront en aide », continue Huang. Selon Ma Xu, actuellement, les autorités locales sont unanimes pour augmenter l'indemnité destinée à ces vieillards vivant dans la solitude. Dans la « Loi sur la protection des droits et intérêts des personnes âgées » nouvellement révisée, il est stipulé qu'il appartient à l'Etat d'accorder un soutien financier à ce groupe défavorisé. « Le problème le plus important, c'est de savoir qui s'occupe de subvenir à leurs besoins, qu'elles vivent dans la solitude à deux ou dans le bonheur à trois ou quatre », indique-t-il. De plus, il faut bien coordonner les nombreuses micro-organisations dans les quartiers résidentiels afin qu'elles désignent des professionnels comme aide-ménagère au service de ces gens. Par ailleurs, avoir un deuxième enfant est un bon choix pour éviter la multiplication de ces situations. « La politique de l'enfant unique fragilise la fonction de la parenté », déplore Huang. Pour le moment, les couples dont le mari et la femme sont tous enfants uniques ont le droit de faire un second enfant. Mais à quel moment la Chine va-t-elle généraliser cette politique de l'enfant double ? « Le temps va répondre à cette question », pronostique Wang Peian, vice-directeur de la Commission nationale de la population et du planning familial.
Beijing Information
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