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Publié le 28/02/2011
Travail rural de 2011 : stabiliser la production des céréales

Lan Xinzhen

« La superficie des cultures céréalières doit être supérieure à 107 millions d'hectares, et la production devra progressivement augmenter, sur la base de 500 millions de tonnes. » Voici l'objectif du volume de production de grains pour 2011, fixé par Han Changfu, ministre chinois de l'Agriculture.

S'exprimant à l'occasion de la conférence annuelle sur le travail rural de Chine, tenue les 21 et 22 décembre 2010, le ministre a affirmé que le gouvernement avait fait de la stabilisation de la production de céréales la priorité pour le travail rural en 2011, s'efforçant de stabiliser la superficie semée de grains et d'augmenter le rendement unitaire.

Actuellement, les Chinois ont besoin de 520 millions de tonnes de grains chaque année, et la production a atteint en 2010 les 546 millions de tonnes. Ainsi, 500 millions n'est pas un chiffre utopique.

Chen Xiwen, directeur du groupe chargé du travail rural du Parti communiste chinois, a indiqué que la tendance haussière de la production que nous connaissons depuis sept ans ne durera pas éternellement. Dans son article, publié sur le site de l'Institut de recherches sur le développement des régions rurales de l'Académie des Sciences sociales de Chine, Chen Xiwen rappelle que les régions productrices de céréales tendent à se déplacer vers le nord du pays, où l'eau est rare. Devant cette réalité, on ne peut s'empêcher de se soucier de la sécurité alimentaire nationale.

Depuis 2010, et notamment le second semestre, l'indice des prix à la consommation (IPC) a battu des records en culminant à 5,1% en novembre. Selon des analyses, la hausse des prix des produits alimentaires, surtout ceux des céréales, serait le premier responsable. La hausse des prix de grains a d'une part augmenté les dépenses quotidiennes du peuple, et d'autre part élevé le coût de production des aliments et des boissons pour les entreprises ; la hausse du prix des fourrages a stimulé l'envolée des prix de la viande, des œufs, du lait, des produits aquicoles, ainsi que ceux des fruits et des légumes. Selon Yuan Gangming, chercheur au Centre d'études économiques de l'université Qinghua, l'approvisionnement en produits agricoles, des céréales jusqu'aux légumes, a été le principal problème de l'économie chinoise en 2010.

Les caprices du climat et les catastrophes naturelles ont amené l'incertitude sur l'agriculture chinoise, les terres consacrées à la culture céréalière atteignant presque leurs limites. Ces conditions défavorables nous obligent davantage d'efforts pour remplir l'objectif de « croissance progressive et stable de la production céréalière ».

Que signifie la « croissance progressive et stable »

D'après Shen Zhendong, spécialiste du marché agro à Shihua, site d'informations financières, le gouvernement central a fait de la stabilisation de la production des céréales la tâche prioritaire du travail rural, soulignant en même temps le renforcement du macro-contrôle du marché. Toutes ces initiatives prouvent la volonté du gouvernement de maintenir la stabilité des prix.

« Le soutien du gouvernement central est favorable à l'amélioration de l'environnement de développement de l'agriculture et à l'approvisionnement des produits agroalimentaires. De plus, il permet dans une certaine mesure d'endiguer la tendance haussière des prix due à l'inflation et à la croissance de la demande », a-t-il précisé.

D'après M.Shen, l'incertitude sur la production de grains provoquée par les caprices du climat, l'envolée du coût des plantations et des prix des produits agroalimentaires sur le marché international, la croissance vigoureuse de la demande intérieure et la forte anticipation de l'inflation présagent une nouvelle hausse des prix des produits agroalimentaires à l'intérieur du pays en 2011.

Toujours selon Shen, le gouvernement ne restera pas les bras croisés. On peut s'attendre à la publication de nouvelles mesures pour contenir les prix.

En effet, le gouvernement n'a cessé d'intervenir pour réguler le marché en 2010. Depuis la promulgation du document n°1 au début de l'année, jusqu'à l'achat des céréales et la mise en vente des réserves de grains à la fin de l'année, le gouvernement a montré sa détermination à maintenir la stabilité du marché. La conférence sur le travail rural a proposé d'améliorer en 2011 la circulation des produits agroalimentaires et renforcer le macrocontrôle, s'efforcer de maintenir les prix des produits agroalimentaires à un niveau raisonnable, punir strictement les activités illégales comme la diffusion de fausses informations, la spéculation hostile et la hausse anormale des prix. Le gouvernement va adopter une salve de mesures pour stabiliser le marché agroalimentaire.

Le gouvernement espère stabiliser les prix du marché par la stabilisation des prix des céréales. Si la récolte des céréales est abondante en 2011, la Chine sera plus forte en matière de lutte contre l'inflation.

Un budget agricole plus élevé en 2011

En 2011, le budget du gouvernement central consacré à l'agriculture sera fixé à 900 milliards de yuans, soit une augmentation de 10% sur un an. Mais cette proposition devra d'abord être ratifiée par l'Assemblée populaire nationale qui se tiendra en mars prochain.

La conférence sur le travail rural a précisé les principaux domaines d'investissements en 2011 : allouer davantage de fonds à l'agriculture et aux régions rurales ; le budget destiné aux investissements immobiliers sera essentiellement réservé à la construction d'infrastructures dans des régions rurales ; les profits liés à la location de terres seront investis dans l'exploitation des terres agricoles, les travaux hydrauliques et la construction d'infrastructures dans les régions rurales.

Song Hongyuan, directeur du Centre d'étude de l'économie rurale du ministère de l'Agriculture, propose de renforcer les politiques préférentielles pour les ruraux, d'augmenter considérablement les investissements dans la production, et d'adopter des mesures plus ciblées.

Le montant des investissements dans l'agriculture est bien inférieur à celui consacré aux régions urbaines. En 2009, il ne représentait que 3,1% de la totalité des investissements dans les biens fixes du pays. Peu rentable, avec une croissance économique faible et peu de perspectives d'emplois, l'agriculture est souvent marginalisée.

Après l'éclatement de la crise financière mondiale, le gouvernement chinois a lancé un plan de relance de 4 000 milliards de yuans, mais la proportion des fonds consacrés à l'agriculture est faible. Le taux de croissance des investissements dans l'agriculture est sensiblement inférieur à celui de 2009 (+7,4%).

En septembre 2010, après enquête dans 9 950 villages de douze provinces, le Centre d'étude de l'économie rurale du ministère de l'Agriculture a conclu que la proportion des dépenses fiscales consacrées à l'agriculture, à la sylviculture ainsi qu'aux travaux hydrauliques était très faible. De plus, la proportion des investissements agricoles a baissé, et la ratification des subventions pour certains projets agricoles est difficile à obtenir.

Selon M. Song, la Chine devrait perfectionner son système de croissance des fonds consacrés à l'agriculture, débloquer davantage de fonds pour l'agriculture et les régions rurales, insister sur le développement équilibré des régions urbaines et rurales, continuer à ajuster la structure de la distribution des revenus, et assurer une croissance stable et rapide des fonds destinés à l'agriculture.

Priorité au développement des travaux hydrauliques

Le manque de ressources en eau est le cancer de la production céréalière. Plus de la moitié des terres labourées ne possède pas de système d'irrigation et d'évacuation. A tel point que la conférence sur le travail rural a accordé une importance sans précédent à la construction des travaux hydrauliques, devenant une tâche prioritaire en 2011.

Le ministère des Ressources en eau a ordonné de renforcer la construction des travaux hydrauliques en faveur des champs, l'aménagement des moyennes ou petites rivières, l'élimination des risques et la consolidation des réservoirs en danger d'effondrement, la prévention du débordement des torrents de montagnes, la construction des zones visant à lutter contre les inondations, et la construction de projets contre la sécheresse. Par ailleurs, il faut également renforcer la construction des travaux hydrauliques dans les 850 districts importants, améliorer le système d'irrigation des champs et continuer à approfondir la réforme du système de gestion de la construction des travaux hydrauliques des régions rurales.

L'hiver et le printemps sont les meilleures saisons pour mettre en chantier des travaux hydrauliques. Selon le programme du ministère des Ressources en eau, les investissements affectés à la construction des infrastructures fondamentales des champs lors de l'hiver de 2010 et du printemps de 2011 augmenteront de 10 % en glissement annuel, en dépassant 170 milliards de yuans. Selon des prévisions pour 2011, la superficie des récoltes abondantes malgré les sécheresses et inondations augmentera de 1,06 million d'hectares, la superficie des champs possédant un système d'irrigation, de 5,3 millions d'hectares, la superficie des champs qui peuvent résister aux inondations, de 1,09 million d'hectares, et la superficie des champs irrigués par le système d'économies d'eau, de 2,08 millions d'hectares.

Les effets négatifs du manque d'eau sont déjà manifestes. En 2005, la superficie des terres arides a atteint 3 882 hectares, contre 4 899 en 2007. En 2010, les inondations ont causé des pertes de 374,5 milliards de yuans, et la sécheresse, 76,9 milliards. En 2010, la sécheresse a engendré une réduction de production des céréales de 16,8 milliards de kg, soit plus de 3% de la production annuelle.

En Chine, la plupart des ouvrages hydrauliques date des années 50, 60 et 70. C'est pourquoi le développement et la réforme de ces infrastructures était au cœur des débats lors cette conférence importante.

Améliorer les conditions de vie des ruraux

La conférence sur le travail rural a souligné l'importance d'améliorer les conditions de vie des habitants ruraux. Le gouvernement envisage d'adopter plus de mesures pour perfectionner la qualification des ruraux et multiplier leurs sources de revenus, continuer à rénover le système d'eau potable, les routes, l'approvisionnement en gaz de marais et en immeubles anciens, promouvoir l'éducation, le système des soins médicaux et de l'hygiène, l'établissement et le développement des infrastructures culturels, élargir les régions pilotes de la nouvelle assurance vieillesse.

Ces dernières années, les conditions de vie dans les campagnes se sont beaucoup améliorées. Selon des statistiques du ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, jusqu'à fin septembre 2010, 67,19 millions d'habitants ruraux étaient inscrits à la nouvelle assurance vieillesse, dont 18,28 millions recevaient leur pension de retraite, soit un montant de 11,8 milliards de yuans.

Jusqu'à fin juin 2010, le nombre d'habitants ruraux inscrits à l'assurance médical du nouveau type a atteint les 833 millions. Certaines régions ont cherché par tous les moyens à améliorer l'environnement des soins médicaux.

Les revenus des paysans ont également connu une augmentation. En 2010, les revenus nets des paysans ont dépassé les 5 800 yuans par personne, soit une hausse réelle de 10 %.

Cependant, l'écart entre des habitants ruraux et urbains ne cesse de s'aggraver. De 2004 à 2009, les recettes disponibles des habitants urbains ont annuellement haussé de 9,7 %, contre 7,7 % pour les ruraux.

« Il est nécessaire de prendre des mesures plus efficaces pour élever les revenus des paysans afin de réduire l'écart avec les villes », a affirmé Song Hongyuan.

Des problèmes à surveiller

La Chine accorde depuis toujours une grande attention à la question des céréales. Malgré une croissance consécutive de la production ces dernières années, l'équilibre entre offre et demande est difficile à maintenir.

La production de blé et de riz est capable de satisfaire les besoins du marché domestique, mais celle du maïs et du soja est insuffisante. De janvier à novembre de 2010, la Chine a importé 1,56 millions de tonnes de maïs et 49,4 millions de tonnes de soja.

Le bureau d'information du ministère de l'Agriculture a révélé que l'approvisionnement resterait au cœur de son travail sur les céréales, dont la résolution exigera une coordination générale des outils politiques.

De 2007 à 2009, alors que le coût de production céréalière a augmenté de 11,7 % par an, les prix du riz, du blé et du maïs n'ont augmenté que de 7,1 %. En 2009, la proportion des revenus issue de l'agriculture est tombée à 29,1 %. Les paysans sont de plus en plus nombreux à abandonner leurs champs et partir travailler ailleurs, ce qui augmente l'incertitude sur la production de grains en Chine.

Selon le bureau d'information du ministère de l'Agriculture, la concurrence internationale vigoureuse apporte une grande pression à la Chine. Bien que l'agriculture chinoise soit ouverte depuis longtemps, sa compétitivité à l'international reste faible.

Actuellement, avec un chiffre d'affaires passé de 56,38 milliards de dollars en 2005, à 92,33 milliards en 2009 (+63,8 %), le secteur des produits agricoles chinois se classe au troisième rang mondial. Le déficit du commerce agroalimentaire, qui n'était que de 4,6 milliards de dollars en 2004, a atteint les 18,16 milliards en 2008. Les exportations des produits de jardinage et d'élevage ont chuté alors que celles des marchandises en vrac comme le soja et le coton ont grimpé.

Par ailleurs, les capitaux étrangers se sont infiltrés dans le secteur agricole chinois par le rachat d'entreprises chinoises, le contrôle de la recherche sur les semences.

L'invasion des produits agroalimentaires étrangers, notamment la concurrence à bas prix, a impacté les produits chinois, et a cassé le moral des paysans du pays.

 

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