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Publié le 04/01/2011
Prévisions des économistes sur la Chine de 2011

de notre journaliste Jin Duoyou

Alors que les effets de la crise financière internationale subsistent et que la transition de l'économie mondiale se trouve dans une période cruciale, la Chine va entrer dans la première année de son XIIe plan quinquennal en 2011.

La conférence nationale sur le travail économique qui s'est tenue du 10 à 12 décembre à Beijing a avancé que l'économie chinoise s'axerait en 2011 sur l'accélération du transfert du mode de développement économique avec un ajustement structurel, une stabilisation des prix, la garantie des conditions de vie du peuple et la promotion de la réforme.

Confiants dans l'avenir, nous devons pourtant nous confronter aux incertitudes de l'économie. En 2011, les principaux défis seront d'endiguer l'inflation en maintenant la croissance, accélérer la réforme fiscale et contrôler les prix de l'immobilier. Dans ce dossier spécial, Beijing Information vous invite à découvrir les analyses de dix économistes, afin d'accueillir de manière plus sereine la nouvelle année.

 

Teng Tai, vice-président et économiste en chef de Minsheng Securities Co., Ltd :

L'économie chinoise réalisera un atterrissage en douceur en 2011.

« L'économie de la Chine réalisera un atterrissage en douceur en 2011.» Teng Tai résume la tendance macroéconomique de l'année prochaine : le ralentissement de la croissance, l'atténuation de l'inflation et l'accélération de la transformation du mode de développement.

Teng Tai envisage un affaiblissement du taux de croissance du PIB d'au moins 1 à 1,5 point par rapport aux 10 % de 2010. En 2011, la croissance devrait s'établir entre 8.6 % et 9 %. Ce ralentissement sera principalement dû à trois facteurs :

D'abord, l'augmentation de la capacité de production des entreprises résulte en une accumulation de stocks, ce qui engendrera une baisse du taux de croissance de la valeur ajoutée des productions industrielles.

Ensuite, les investissements immobiliers ralentiront. 4 000 milliards de yuans ont déjà été investis. L'État ne financera l'année prochaine que la construction de logements à faible loyer, mais l'accroissement de l'investissement sur les biens immobiliers sera de 22 % à 23 %, soit 2 points de moins qu'en 2010.

Troisièmement, le taux de croissance de l'exploitation a atteint 30 % en 2010, mais en raison de la stagnation du marché international, ce chiffre pourrait glisser de 10 à 15 % en 2011.

 

Su Buchao, commentateur immobilier et directeur général de Wolong Co. Ltd. :

En 2011, le marché immobilier chinois sera plus rationnel et stable

Su Buchao affirme qu'il ne faut pas s'inquiéter de la tendance du marché immobilier. « En 2011, le marché sera plus rationnel et stable en se distinguant par la transformation de la structure de consommation et le changement des régions les plus dynamiques sur le marché immobilier ».

D'après lui, la taxe foncière et le changement des régions les plus dynamiques constitueront les points clés de 2011. M. Su pense que la taxe foncière qui pourrait être perçue en 2011 devrait provoquer un grand choc dans l'ancien. En raison de la libération d'énormes lots d'appartements sur le marché et la demande de conversion des biens immobiliers en capital liquide, les prix des logements connaitront une forte chute, mais le volume de transaction restera actif.

Par ailleurs, les régions où le secteur est en forte croissance changeront en 2011. « La flambée des prix qui s'est limitée principalement dans les mégalopoles chinoises arrivera dans les villes moyennes, du fait des restrictions sur l'achat et de la planification urbaine. Par exemple, la proposition récente de la construction d'une "ceinture économique de la capitale" a poussé à la hausse les prix dans les villes voisines de Beijing comme Langfang, Chengde et Zhuozhou ».

 

Ding Yuan, professeur de comptabilité à China Europe International Business School :

Dans trois ans, les titres A rapporteront beaucoup aux investisseurs

« L'argent afflue toujours là où il se valorise facilement », souligne Ding Yuan. Selon lui, la répartition des investissements sur le marché des capitaux connaîtra un changement décisif avec l'afflux vers les marchés émergents. Actuellement, la Chine se classe toujours en tête des économies émergentes. Dans ce contexte, le marché boursier chinois, qui n'a pas considérablement augmenté en 2010, pourrait connaître une ascension fulgurante en 2011.

Par rapport aux fluctuations violentes, Ding Yuan prévoit une hausse souple de la bourse chinoise en 2011. « Fondamentalement, il n'y aura pas de flambées rapides comme en 2006 et 2007, lorsque l'indice boursier est passé de 1000 à 6000 points ». Selon lui, ce qui joue un rôle crucial dans la bourse chinoise n'est plus les fonds, mais les actions non négociables qui représentent environ 40 à 50 % des parts de marché.

« Quand les propriétaires d'actions non négociables pensent que leurs titres sont sous-évalués, c'est le moment où les prix plafonnent. » Selon Ding Yuan, en suivant les propriétaires d'actions non négociables pour acheter des titres, on réalisera des gains.

Néanmoins, l'opinion du Livre bleu : analyses et prévisions de l'économie chinoise de 201 publié par l'Académie des Sciences sociales de Chine est moins optimiste. Le document prévoit qu'en raison de la politique restrictive, la bourse chinoise se maintiendra à un bas niveau en 2011.

 

Chen Fengying, directrice de l'Institut d'études de l'économie mondiale de l'Institut des Relations internationales contemporaines de Chine :

La fixation des prix de l'énergie repose sur le marché et non sur les autorités.

Fin 2010, une pénurie de gazole a frappé une nouvelle fois la Chine, et des milliers de camions ont encombré les stations essence. La hausse des prix de la houille a incité les entreprises électriques à demander conjointement au gouvernement d'augmenter le prix de l'électricité. Et le prix de l'essence, qui, selon le nouveau mécanisme de la fixation des prix des produits pétroliers, est déjà conforme aux exigences de l'augmentation des prix, reste stable… En tant que chaînon de production en aval, les fluctuations des prix de l'énergie sont étroitement liées à celles des produits en amont. En raison du haut niveau actuel d'inflation, l'ajustement du prix de l'énergie devrait être mesuré.

Chen Fengying est optimiste sur le marché énergétique de l'année 2011. « Les risques d'approvisionnement ont baissé », précise-t-elle. D'après elle, la reprise des marchés émergents sera moins forte en 2011. De plus, les fournisseurs de pétrole seront abondants. La coopération entre la Chine et des pays comme la Russie, le Brésil, les pays du Moyen Orient et d'Afrique sont en train de s'intensifier, ce qui pourra soulager la demande.

Hormis les énergies traditionnelles, la Chine accordera au cours du XIIe plan quinquennal une grande importance aux énergies nouvelles. Selon le Plan de développement de l'industrie des énergies nouvelles qui devrait être ratifié par le Conseil des Affaires d'Etat, la Chine débloquera des fonds de 5 000 milliards de yuans dans les secteurs de l'énergie nucléaire, l'énergie hydraulique et l'utilisation propre de la houille entre 2011 et 2020.

 

Wang Jianmao, professeur d'économie à la Chinese European International Business School de Shanghai :

L'IPC restera supérieur à 3 %

« L'objectif d'inflation annuelle de 3 % sera difficile à réaliser dans les prochaines années sous le contexte de l'inflation globale », affirme franchement Wang Jianmao.

La conclusion de M.Wang repose principalement sur deux raisons. A l'intérieur du pays, la politique monétaire souple a engendré une fluidité excessive, les investissements énormes du gouvernement ont accaparé l'espace des investisseurs privés. De plus, les capitaux spéculatifs excessifs poussent à la hausse des prix.

En 2009, le prix des logements commerciaux a augmenté en moyenne de 23,5 %, ce qui provoque une hausse des loyers. L'impôt foncier qui sera probablement mis en place en 2011 pourrait dans une certaine mesure endiguer la montée des prix, mais risque aussi d'entraîner une flambée des loyers.

De plus, le communiqué de la 5e session plénière du 17e Comité central du PCC a proposé de réformer de manière profonde les prix des produits de première nécessité et le marché des ressources incluant la hausse des prix de la terre, de la main-d'œuvre, du capital et des matières premières. Actuellement, les prix de ces éléments restent bas en Chine.

Au niveau international, le taux de change du yuan face au dollar va continuer à augmenter. Les Américains tablent sur une dévalorisation le plus vite possible du dollar en profitant de leur position prédominante. Ainsi, la politique monétaire d'assouplissement quantitatif pourrait être une arme visant à provoquer une inflation mondiale afin de forcer les autres pays à revaloriser leurs monnaies.

Par ailleurs, malgré le ralentissement de l'économie chinoise, la vitesse de développement des autres pays émergents devrait s'accélérer, ce qui engendrera certainement un accroissement de la demande des ressources qui alimentera l'inflation.

 

Li Kaifu, PDG et chef exécutif d'Innovation Works :

En 2011, l'Internet mobile sera plus en vogue

Fin juin 2010, on dénombrait en Chine 800 millions d'utilisateurs de téléphones portables, soit 16 % des usagers du monde. Environ 60 % d'entre eux ont accès à Internet sur leur appareil.

« Il n'y a plus d'espace de développement car l'industrie des logiciels est déjà mature. Cependant, l'Internet mobile qui couvrira bientôt 800 millions d'utilisateurs comporte un vaste potentiel de développement dans le futur », estime Li Kaifu.

La popularisation de l'Internet mobile est en train de changer les habitudes des utilisateurs. Selon les statistiques de China Mobile, depuis le mois d'octobre 2010, le volume des SMS et MMS a chuté dans certaines provinces et villes, tandis que celui de l'Internet mobile a notablement augmenté.

D'après Li Kaifu, les défis et obstacles de l'Internet mobile en matière de logiciels et de modèle commercial se dénoueront. « Premièrement, le prix des téléphones intelligents, ou smart phones, va chuter, et ils deviendront le seul accès à Internet dans le futur. Deuxièmement, les moyens de distribution des produits seront enrichis, ce qui favorisera l'enthousiasme des promoteurs. Troisièmement, grâce à la mise en service de nouveaux moyens de paiement sur l'Internet mobile, les promoteurs seront bénéficiaires. »

M. Li envisage qu'en 2011, l'Internet mobile sera plus en vogue. L'accès à l'Internet à travers un portable 3G, l'utilisation de smart phones et le téléchargement de logiciels seront des choses courantes.

 

Su Hainan, directeur de l'Institut de recherche sur le travail et le salaire relevant du ministère du Travail et de la Protection sociale :

Accélérer la réforme de la répartition des revenus en 2011

La flambée des prix pendant toute l'année 2010 a eu un impact sur le coût de la vie du peuple. De plus en plus de gens appellent à accélérer la réforme des revenus. Le projet du XIIe plan quinquennal propose de « promouvoir une augmentation générale des revenus des citadins, stimuler une hausse considérable des faibles revenus et élargir la classe moyenne ».

« Tout en augmentant la puissance économique du pays, il nous faut actuellement bien la distribuer », souligne Su Hainan.

D'après lui, les facteurs décisifs de la répartition des revenus sont respectivement les changements politiques, la croissance du PIB et les relations entre l'offre et la demande de la main-d'œuvre.

L'aggravation des inégalités entre les riches et les pauvres ainsi que le désordre de distribution constituent les principaux problèmes en Chine. « Sans solution efficace, ces problèmes sociaux deviendront des problèmes politiques qui mettront en danger la stabilité de la société. Cela mérite donc une grande attention et des décisions rapides. »

Cet appel pour le lancement de la réforme des revenus n'est pas le premier. En 2005, le plan de réforme est entré dans sa phase de délibération. En 2006, le Comité central du PCC a convoqué une réunion pour discuter du sujet, sans résultat. Pendant six ans, cette initiative qui reste un sujet sensible pour tous les Chinois n'a pas remporté de réels succès. En 2011, on espère voir des avancées tangibles.

 

Yao Jingyuan, économiste en chef du Bureau d'Etat des Statistiques :

La transformation du mode de développement économique est nécessaire et urgente

La 5e session plénière du 17e Comité central du PCC a précisé que l'accélération de la transformation du mode de développement économique constitue une tâche essentielle du XIIe plan quinquennal. Selon des analystes, le terme « accélération » indique qu'il s'agit d'une mission urgente.

« Le plus gros problème de l'économie chinoise n'est pas le taux de croissance, mais la qualité de la croissance », affirme Yao Jingyuan. Pendant les trois dernières décennies depuis l'ère de réforme et d'ouverture, l'économie chinoise a maintenu un taux de croissance annuel moyen de 9,8 %, voire supérieur à 10 % ces dernières années. Malgré la crise financière mondiale, l'économie chinoise a enregistré en 2009 une croissance de 9,1 %.

Ces succès sont principalement attribués au redressement des secteurs à haute intensité de main-d'œuvre et de type extensif. Récemment, ce mode de développement a montré ses défauts, et la croissance économique a touché un plafond. Dans l'optique de maintenir une croissance durable, il nous faut changer le plus vite possible le mode de développement économique.

« Si l'on veut réaliser une transformation, il nous faut abandonner la croissance rapide. Il est acceptable que l'économie chinoise descende à 8 %, et dans ce cas, on peut accorder plus d'efforts à l'optimalisation de la structure industrielle », explique M.Yao.

En Chine, cette réforme en application depuis plusieurs années n'a pas remporté de grands succès. D'après cet économiste en chef, il faut tout d'abord modifier l'esprit des fonctionnaires en leur faisant percevoir l'importance de cette initiative. Ensuite, on pourra stimuler l'enthousiasme des entreprises en les aidant à en retirer des profits.

 

Li Jian, directeur adjoint de la division d'études du commerce extérieur de l'Institut sur la coopération commerciale et économique internationale du ministère du Commerce :

La revalorisation du yuan sera supérieure à 5 ou 6 % en 2011

« La tendance d'appréciation du yuan a déjà été établie à long terme. À tel point que le taux de change réel va probablement augmenter en 2011 », indique Li Jian. La politique monétaire américaine d'assouplissement quantitatif qui a accentué la dévalorisation du dollar aggravera la pression de revalorisation du yuan.

En tant que l'une des trois forces motrices de l'économie chinoise, le commerce extérieur joue un rôle crucial en matière d'emploi, de stabilisation sociale et de développement économique. Néanmoins, la stagnation des exportations depuis la crise financière mondiale et la hausse des prix des matières premières ont mis en difficulté les entreprises exportatrices. Par conséquent, une grande appréciation du yuan pénaliserait l'emploi et la stabilité du pays, voire la chaîne d'approvisionnement au niveau mondial.

Selon Li Jian, sous le prétexte de la stabilisation macroéconomique en 2011, le yuan va graduellement s'apprécier de manière contrôlée. « Je prévois une revalorisation du yuan entre 5 et 6 % l'année prochaine. »

 

Zhang Yansheng, directeur général de l'Institut de recherche économique internationale de la Commission nationale pour le développement et la réforme :

Il y aura probablement en 2011 des conflits commerciaux et monétaires contre la Chine

Au deuxième semestre 2010, dans l'optique d'améliorer l'emploi, la Réserve fédérale américaine a annoncé un second cycle d'assouplissement quantitatif. Cette initiative a d'une part stimulé l'économie américaine et a d'autre part produit des bulles économiques. « Lorsque les bulles éclatent, l'économie et le commerce extérieur de la Chine seront fortement frappés », prévient Zhang Yansheng.

« On prévoit qu'en 2011, il pourrait y avoir des conflits commerciaux et monétaires contre la Chine. » Ces deux dernières années, les conflits commerciaux ne concernaient que les industries à basse valeur ajoutée comme le textile et l'industrie légère, mais ils pourraient s'étendre vers les industries à haute valeur ajoutée comme les énergies nouvelles et les technologies de l'information, se répandant des produits précis vers les domaines macroéconomiques comme les politiques industrielles ou le système du taux de change.

Par ailleurs, en raison de la fluidité excessive mondiale, de la dévalorisation du dollar et des actions spéculatives, les prix de l'énergie et des ressources vont augmenter, ce qui engendrera directement une hausse des matières premières sur le marché chinois. En même temps, du fait de la grande pression environnementale, la réforme des prix des produits énergétiques se fera plus urgente, ce qui poussera également vers une augmentation des prix. « Ces cas diminueront les profits des entreprises chinoises exportatrices », explique M.Zhang.

Selon le Rapport sur le commerce extérieur de la Chine publié récemment par le ministère du Commerce, le commerce extérieur chinois augmentera en 2011, mais avec une vitesse de croissance moindre.

L'institut de recherche économique internationale de la Commission nationale pour le développement et la réforme prévoit que l'excédent de la balance du commerce extérieur chinois, de 180 milliards de dollars en 2010, se réduira en 2011 à 126 milliards de dollars.

 

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