La Chine affiche un optimisme prudent quant à l'avenir de ses exportations |
Le ministre chinois du Commerce Chen Deming a prévu samedi que les exportations chinoises retrouveraient leur niveau de 2008 d'ici deux à trois ans, tout en appelant les Etats-Unis à relâcher leur contrôle sur les exportations de hautes technologies vers la Chine. "Bien que les exportations du pays aient retrouvé leur élan depuis le début de l'année, il faudra deux à trois ans pour qu'elles retrouvent leur niveau de 2008, compte tenu des incertitudes qui planent au-dessus de la reprise économique mondiale", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse en marge de la session annuelle de la 11e Assemblée populaire nationale (APN, parlement chinois). "Il est encore trop tôt pour prédire une croissance des exportations sur toute l'année", a-t-il ajouté. La pire récession économique mondiale depuis 80 ans a réduit la demande des marchandises chinoises. Les exportations de la Chine ont reculé de 16% en 2009 pour s'élever à 1 200 milliards de dollars. Elles ont recommencé à augmenter en décembre dernier après 13 mois de déclin consécutifs. "Il faut comprendre que le redressement mondial est encore très fragile et instable", a-t-il noté. INTERDICTION AMERICAINE SUR L'EXPORTATION DES PRODUITS DE HAUTE TECHNOLOGIE En réponse aux accusations de Washington selon lesquelles la Chine "manipulerait" sa devise, Chen Deming a déclaré ne pas avoir d'informations officielles à ce sujet mais a indiqué que le taux de change était lié aux activités commerciales, à moins que le commerce extérieur ne soit complètement "ouvert". Cependant, ce n'est pas le cas avec les Etats-Unis qui ont imposé des restrictions sur l'exportation des produits de haute technologie, a-t-il fait remarquer. "Si le commerce bilatéral n'est pas basé sur l'ouverture et l'égalité, comment peut-on parler d'excédent ou de déficit commercial?" s'est-il interrogé, citant des importateurs chinois qui se sont plaints des restrictions américaines. Selon Chen Deming, ces restrictions ne sont pas justes pour les exportateurs, producteurs et consommateurs américains et vont à l'encontre de l'engagement du président américain Barack Obama de doubler les exportations américaines d'ici cinq ans pour résoudre le problème du chômage. UN YUAN STABLE La Chine, devenue fin 2009 le plus grand pays exportateur, succédant à l'Allemagne, fait l'objet de critiques croissantes suscitées par la dévaluation du renminbi, qui permettrait à la Chine de relancer ses exportations. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré vendredi que la Chine maintiendrait en 2010 le taux de change de sa monnaie "foncièrement stable", à un niveau "approprié et équilibré" en 2010. Le taux de change fait partie de la politique macroéconomique du pays et cette question ne doit pas être politisée, a indiqué Chen Deming. Selon Su Ning, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, un yuan fort n'a rien à voir avec le déséquilibre commercial sino-américain. Bien que l'excédent commercial de la Chine avec les Etats-Unis et l'Union européenne reste lourd, la Chine affiche un déficit commercial de plus de 120 milliards de dollars avec d'autres pays. Son excédent commercial constitue seulement 11% de son commerce extérieur. La nation ne cherche pas à accumuler des excédents commerciaux, ont réitéré des responsables chinois. Les incitations à l'importation de la Chine ont déjà porté leurs fruits. L'excédent commercial du pays a baissé d'un tiers par rapport aux 190 milliards de dollars enregistrés l'an passé, a indiqué Chen Deming. Pendant les deux premiers mois de l'année, l'excédent a connu une chute de 50% sur base annuelle. En ce qui concerne l'abus de subventions distribuées aux fabricants chinois pour les aider à vendre leurs produits à prix avantageux, Chen Deming a indiqué que ces subventions favorisaient la reprise économique mondiale et la coordination entre les pays. "Les mesures prises par la Chine pour stimuler la consommation intérieure et les exportations respectent les règlements de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et s'opposent au protectionnisme", a affirmé Chen Deming. Le plan de relance de la Chine a non seulement stimulé la demande intérieure mais a aussi profité à la reprise économique mondiale et à la coordination des politiques mondiales, a-t-il indiqué. Chen Deming a noté que les mesures mises en oeuvre l'année dernière pour favoriser la consommation avaient incité les entreprises étrangères à exploiter le marché chinois. "Il y a une douzaine de jours, plus de 20 dirigeants des 500 plus grandes entreprises (classement de Fortune) m'ont dit que leurs affaires en Chine avaient surpassé celles effectuées dans d'autres pays l'année dernière", a-t-il déclaré. Source: Xinhua |