Passé glorieux et confiance en l'avenir |
Yan Wei
Quand, il y a neuf décennies, dans une habitation en brique de deux étages située dans la concession française de Shanghai, une poignée de délégués ont proclamé la fondation du Parti communiste chinois (PCC), ce Parti comptait environ 50 membres à la grandeur du pays. Depuis ce moment, ce que ce petit groupe d'hommes aux opinions semblables a fondé ce jour-là est devenu un moteur du changement en Chine. Aujourd'hui, avec plus de 80 millions de membres, un chiffre supérieur à la population totale de la France, le PCC dirige la deuxième plus importante économie du monde. Après la fondation du PCC, le peuple chinois « s'est engagé dans une voie radieuse de lutte pour l'indépendance nationale et pour la libération du peuple », a déclaré le président Hu Jintao, lors d'un discours prononcé le 1er juillet, pour célébrer le 90e anniversaire de la fondation du Parti. « Les faits prouvent pleinement que, tout au long du magnifique parcours de développement et de progrès de la société chinoise depuis l'époque moderne, l'histoire et le peuple ont choisi le Parti communiste chinois, le marxisme, la voie socialiste, ainsi que la réforme et l'ouverture », a aussi déclaré le président Hu, qui est également secrétaire général du Comité central du PCC. Après avoir essuyé plusieurs revers dans sa quête pour le renouveau de la nation, le peuple chinois s'est tourné vers le PCC pour le leadership, ont commenté les analystes. Le discours du président Hu a non seulement souligné le rôle critique que le PCC a joué en Chine au cours des décennies passées, mais a également tracé la voie du développement du Parti et présenté les programmes économique, politique, culturel et social de la Chine pour les années à venir. Histoire L'adoption par la Chine du système socialiste sous la direction du PCC n'a pas été une coïncidence ; elle est plutôt basée sur la lutte à long terme du peuple chinois pour le redressement de la nation à la suite de la guerre de l'Opium en 1840, selon Wu Yin, vice-présidente de l'Académie des sciences sociales de Chine (CASS). La guerre de l'Opium (1840-1842), qui s'est livrée entre l'empire de la dynastie des Qing (1644-1911) et les colonisateurs britanniques, a marqué le début de l'ère moderne de la Chine, alors que le pays était aux prises avec une série de crises sociales dues à l'agression étrangère, à laquelle s'ajoutait l'agitation politique. Les guerres subséquentes, telles que la deuxième guerre de l'Opium (1856-60), la Guerre sino-française (1883-85) et la Guerre sino-japonaise (1894-95), ont augmenté le risque que la Chine soit divisée par les colonisateurs. Tout en résistant à l'invasion étrangère, le peuple chinois a commencé à chercher une manière de sortir le pays des crises dévastatrices, a affirmé Mme Wu, lors d'une entrevue accordée au site People.com.cn. Par exemple, en 1898, avec l'appui de l'empereur, les réformistes ont lancé des réformes de grande envergure. Cette campagne de courte durée, connue sous le nom de réforme des Cent Jours, a pris fin dans un coup d'État organisé par les puissants adversaires conservateurs. Selon Mme Wu, l'échec de la réforme des Cent Jours ont sensibilisé les Chinois au fait qu'ils devaient chercher à renverser la monarchie par une révolution. Menée par la bourgeoisie, la révolution de 1911 a mis un terme à la dynastie des Qing, le dernier empire féodal de la Chine, mais elle n'y a pas entraîné l'établissement d'une république de type occidental. Après la révolution, les seigneurs de guerre ont saisi le pouvoir de l'État, plongeant le pays dans une période de régime militaire. Du fait que les seigneurs de guerre se faisaient concurrence pour dominer, le conflit armé a continué. Sur le plan diplomatique, lors de la Conférence de paix de Paris, qui s'est tenue en 1919 après la défaite de l'Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale, les puissances occidentales ont décidé que les concessions de l'Allemagne situées dans la province du Shandong allaient être cédées au Japon, plutôt que d'être sous la souveraineté de la Chine. En Chine, l'outrage que cette décision infligeait a engendré des manifestations massives d'étudiants et a donné naissance au Mouvement du 4-Mai, un mouvement contre l'impérialisme et la féodalité. Tous deux professeurs à l'Université de Beijing, Li Dazhao (1889-1927) et Chen Duxiu (1879-1942) ont joué un rôle essentiel au sein de ce mouvement. Ils ont été parmi les premiers à introduire le marxisme en Chine, et ils sont plus tard devenus deux des principaux fondateurs du PCC. « Quand il a été fondé, le PCC représentait les intérêts de la nation chinoise sur la scène internationale, avec l'engagement de combattre l'agression étrangère, déclare Mme Wu. Sur le plan intérieur, le PCC visait alors également à servir les intérêts du peuple et à diriger ce dernier dans ses efforts pour mettre fin à ses misères résultant de l'oppression et de l'exploitation. » Le peuple chinois s'est identifié aux positions et actions du PCC et était disposé à suivre la direction du Parti, assure-t-elle. Percées Dans son discours, le président Hu a résumé les accomplissements du PCC au cours des neuf dernières décennies comme étant « trois événements bouleversants », des percées qui ont permis au peuple chinois de dire adieu à l'humiliation nationale qu'il subissait depuis la guerre de l'Opium et qui ont entraîné de profondes transitions sociales dans le pays, a indiqué Gao Xinmin, professeur à l'École centrale du Parti. Premièrement, le PCC « a accompli la révolution de démocratie nouvelle et réalisé l'indépendance nationale et la libération du peuple », a dit le président Hu. La nouvelle révolution démocratique menée par le PCC a abouti à la fondation de la République populaire de Chine en 1949, après vingt-huit années de combat, dont la guerre de résistance contre l'agression japonaise et celle contre le régime réactionnaire du Guomindang. Deuxièmement, peu après la fondation de la République populaire, le PCC « a réussi la révolution socialiste et fait du socialisme le régime fondamental de la Chine », a exprimé le président Hu. Dans différents secteurs de l'économie, cela a été en grande partie réalisé en changeant la propriété privée en propriété publique. Troisièmement, le PCC « a appliqué la politique de réforme et d'ouverture qui s'inscrit dans une nouvelle et vaste révolution, et a pu inaugurer, maintenir et développer un socialisme à la chinoise », a déclaré le président Hu. Le programme de réforme et d'ouverture a été lancé vers la fin des années 1970 pour donner une impulsion à la campagne de modernisation de la Chine en libérant les forces du marché et en ouvrant le pays au reste du monde. Le miracle économique des dernières décennies en Chine est largement reconnu. Le PIB du pays a grimpé en flèche de 364,5 milliards de yuans (56,35 milliards $ US aux taux de change courants), en 1978, à 39,8 billions de yuans (6,15 billions $ US), en 2010 ; de plus, le total de son import-export est passé de 20,6 milliards $ US, en 1978, à 2,97 billions $ US, en 2010, et des produits fabriqués en Chine peuvent maintenant être trouvés presque partout, soit des prestigieux magasins de New York jusqu'aux bazars animés d'Islamabad. Même selon les normes de l'ONU, la montée de la Chine a été fulgurante. En Chine, plusieurs des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) établis par l'ONU ont été atteints avant l'échéance fixée. De 1990 à 2015, en divisant par deux la proportion des gens dont le revenu est de moins de 1$ US par jour, la Chine est devenue le premier pays en développement à atteindre l'objectif OMD de réduction de la pauvreté. Elle a également atteint plus tôt que prévu l'objectif OMD concernant l'éducation primaire universelle, puisqu'en Chine, le taux net d'inscription à l'école primaire avait atteint 99,4 pour cent à la fin de 2009. Ces réalisations expliquent pourquoi le PCC est demeuré au pouvoir, affirme Huang Weiding, expert dans les études sur le PCC et ancien rédacteur en chef adjoint de la Maison d'édition du drapeau rouge. Le Parti a pu le faire parce qu'il a obtenu l'appui du peuple, tout en le menant à établir la République populaire de Chine. D'ailleurs, depuis qu'il a pris le pouvoir en 1949, le PCC a continué à être en phase avec son temps, et il a toujours représenté les intérêts fondamentaux du peuple. Au cours des neuf dernières décennies, le PCC a accordé une grande importance à l'innovation théorique, a déclaré Xin Xiangyang, chercheur à la CASS. Avant l'introduction du marxisme en Chine, le peuple chinois n'avait pas de cadre théorique moderne pour observer le monde extérieur, explique-t-il. Comme le PCC a appliqué le marxisme d'une manière innovatrice au pays, les Chinois ont obtenu une compréhension plus claire du développement de la Chine et de celui du monde dans son ensemble, a exprimé M. Xin. Avec cette compréhension, le Parti a formulé et appliqué des politiques au bénéfice du peuple. Le PCC a réalisé deux importants accomplissements théoriques en adaptant le marxisme aux conditions de la Chine, a exprimé le président Hu. L'un est la pensée de Mao Zedong – stratégies et principes sur la nouvelle révolution démocratique et sur la révolution socialiste menées par le PCC. L'autre accomplissement théorique est le « système théorique du socialisme à la chinoise ». Ce système inclut la théorie de Deng Xiaoping, la pensée importante de la Triple Représentativité et les idées importantes sur le concept de développement scientifique. Ces théories ont été développées vers la fin des années 1970, soit depuis que la Chine a adopté la politique de réforme et d'ouverture. Par exemple, le concept de développement scientifique, préconisé par le président Hu, fait appel à un développement global, équilibré et viable. Le PCC propose ce concept pour régler les problèmes découlant de la croissance explosive de la Chine des dernières décennies, notamment l'épuisement de ressources, la dégradation de l'environnement et le creusement de l'écart dans la répartition des richesses. Dans le cadre de ses efforts pour promouvoir le développement d'une manière plus durable, le PCC a invité les autorités gouvernementales locales à se concentrer sur la protection de l'environnement et à améliorer encore davantage le niveau de vie des résidants, plutôt que de chercher la croissance à tout prix. Il a également veillé à ce que le filet de sécurité sociale de la Chine, dont l'assurance maladie, l'assurance emploi et la pension de vieillesse, continue de s'élargir et de s'améliorer. Développement Une grande partie du discours du président Hu a été consacrée à clarifier les politiques du PCC qui encouragent le progrès du pays, et sur ce sujet, il a donné la prééminence à la politique de réforme et d'ouverture, selon Lin Shangli, vice-président de l'université Fudan, à Shanghai. En accord avec cette politique, la Chine encouragera le développement tous azimuts dans les domaines économique, social, culturel et politique. « Durant notre marche en avant, nous devons effectuer résolument la tâche centrale du développement économique et rester engagés à poursuivre le développement scientifique », a déclaré le président Hu. D'ailleurs, la Chine continuera à promouvoir le développement de la démocratie socialiste, à faciliter le développement et l'enrichissement de la culture socialiste et à améliorer le bien-être de la population. Les remarques du président Hu ont montré que le PCC a un plan global de développement socioéconomique pour la Chine. Cela donne confiance au peuple concernant l'avenir du pays, explique M. Lin. Parallèlement, le PCC est pleinement conscient des très grands défis qu'il affronte aujourd'hui, alors qu'avec l'approfondissement de sa réforme et de son ouverture, le pays vit une transition sociale importante et doit régler des questions difficiles, notamment des tensions sociales. La manière dont le Parti affronte les difficultés pour accomplir les objectifs de développement est essentielle pour le développement de la Chine dans le futur, a expliqué M. Lin. À ce propos, la construction du Parti – les efforts pour développer et améliorer le PCC lui-même – est d'une importance cruciale. Le PCC relève des défis dans la gouvernance du pays, l'application de la réforme et de l'ouverture et le développement de l'économie de marché, ainsi que dans son environnement extérieur, a déclaré le président Hu. « Et le Parti tout entier est confronté au danger grandissant du manque de direction, de l'incompétence, du divorce d'avec le peuple, du manque d'initiative et de la corruption », a-t-il ajouté. Pour s'améliorer, le PCC accentuera le développement des ressources humaines, allant des cadres dirigeants jusqu'aux intellectuels et aux innovateurs ; il les considère tous comme des atouts stratégiques, a expliqué M. Lin. De plus, le Parti continuera d'optimiser le fonctionnement des organes par lesquels il exerce le pouvoir d'État. « Sous la direction du PCC, la Chine est une démocratie populaire où le peuple est le maître du pays, a déclaré M. Lin. Le pouvoir vient du peuple, et le peuple a confié au Parti la tâche de diriger la société. La mission du Parti est de servir le peuple, de créer pour lui une vie heureuse et de travailler à la réalisation du rajeunissement de la nation. » Puisque le peuple constitue une force décisive dans le développement social et national de la Chine, le PCC doit mettre le peuple en priorité en représentant ses intérêts et en les faisant respecter. Le PCC a depuis longtemps adopté une approche qui met l'accent sur des liens étroits avec le peuple. En tant que parti au pouvoir du pays le plus populeux du monde, le PCC doit respecter cette approche, a déclaré Lin Shangli. L'exercice du pouvoir politique comporte toujours des risques pour un parti au pouvoir, entre autres la corruption, a-t-il dit. Alors que le Parti a mis en place un système de lutte contre la corruption, d'autres organes, y compris le système économique, le système de gouvernance sociale et le système démocratique, sont aussi concernés par ce problème. Mais cela ne devrait pas être une excuse pour tolérer la corruption. Bien qu'il soit irréaliste de s'attendre à ce que le Parti parvienne à court terme à éradiquer le problème, le discours du président Hu a réaffirmé la détermination du PCC à combattre la corruption.
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